Les Papes et les Cardinaux à la Lumière du Texte Biblique
Depuis la Réforme protestante (16e siècle), de nombreux réformateurs, et leurs héritiers théologiques, ont contesté une série de doctrines et de pratiques de l’Église catholique qu’ils considéraient comme non fondées sur la Bible, voire contraires à l’Évangile tel qu’il est présenté dans le Nouveau Testament.
Dans ce cadre la papauté n’est pas explicitement décrite dans la Bible, elle repose sur des interprétations de certains passages dans le Nouveau Testament. L’Église catholique considère que la papauté trouve son fondement biblique dans Matthieu 16:18-19, où Jésus dit à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église… Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux… ». Cette déclaration prouverait l’établissement d’un rôle spécial pour Pierre, considéré comme le premier pape. Ce dernier est également considéré comme ayant été évêque de Rome, ce qui justifierait le lien entre la papauté et la ville de Rome.
Les protestants notamment ne reconnaissent pas la papauté comme une institution biblique. Le passage de Matthieu ne fonderait pas un pouvoir suprême universel, mais un rôle particulier parmi les apôtres. Dans les Écritures, il n’est jamais dit explicitement que Pierre aurait un successeur avec autorité sur tous les chrétiens.
Les cardinaux ne sont pas non plus une institution biblique. Le collège des cardinaux est une institution ecclésiastique apparue au Moyen Âge, pour assister le pape et surtout élire son successeur. Le terme vient du latin cardo (charnière), et désignait à l’origine des prêtres principaux (évêques, diacres) de Rome. Ce rôle a évolué pour devenir ce qu’il est aujourd’hui : des hauts dignitaires choisis par le pape, souvent évêques, qui composent le Sacré Collège.

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Ainsi la papauté repose sur une interprétation théologique de certains passages bibliques, mais son développement concret est davantage historique que biblique. Les cardinaux sont aussi une création postérieure de l’Église et ne sont pas mentionnés dans la Bible.
La structure de l’église selon la Bible
La structure de l’Église selon le Nouveau Testament est beaucoup plus simple et souple que ce que l’on voit dans les structures ecclésiastiques postérieures comme la papauté, les cardinaux, ou même certaines hiérarchies modernes. Christ est la tête de l’Église.
- Éphésiens 5:23 : « Christ est le chef de l’Église, qui est son corps. »
- Colossiens 1:18 : « Il est la tête du corps, de l’Église. »
L’autorité suprême, c’est Jésus-Christ, pas un homme ou un collège humain. Le fait d’e substituer d’attribuer le rôle de chef au Pape me fait penser à un problème similaire dans l’Ancien Testament, où les Israélites avaient préféré avoir un roi humain visible plutôt que divin invisible:
« Samuel vit avec déplaisir qu’ils disaient : Donne-nous un roi pour nous juger. Et Samuel pria l’Éternel.
1 Samuel 8:6-7
L’Éternel dit à Samuel : Écoute la voix du peuple dans tout ce qu’ils te diront ; car ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux. »
Les Israélites avaient demandé un roi comme les autres nations (1 Samuel 8:5).Dieu a perçu cette demande comme un rejet de sa propre royauté directe sur son peuple. Jusqu’alors, Israël était une théocratie : Dieu régnait directement par l’intermédiaire de juges et de prophètes. En demandant un roi humain, les Israélites voulaient se conformer au modèle païen des nations environnantes. Mais Dieu n’avait pas aimé cette idée.
Les membres de l’église sont un seul corps. Tous les croyants sont appelés les membres du corps de Christ (1 Corinthiens 12), chacun ayant un rôle selon les dons reçus de Dieu. Deux grandes fonctions locales apparaissent clairement :
Les anciens (ou épiscopes / pasteurs)
Ces termes sont souvent interchangeables dans le NT :
- Presbuteroi (anciens) : terme souvent traduit par « anciens ».
- Episkopoi (surveillants) : traduit parfois par « évêques ».
- Poimen (bergers) : traduit par « pasteurs ».
Ils ont pour rôle d’enseigner, de veiller sur le troupeau, et de guider l’assemblée. Il y avait plusieurs anciens par église locale, pas un seul chef.
- Actes 14:23 : Paul et Barnabas établissent des anciens dans chaque Église.
- Tite 1:5-9, 1 Timothée 3:1-7 : qualifications des anciens.
Les diacres
- Diakonos = serviteur.
- S’occupent des affaires matérielles de l’église (aide aux veuves, aux pauvres, etc.)
Quelques versets nous en parlent:
- Actes 6:1-6 : premiers diacres (même si le mot n’est pas employé ici).
- 1 Timothée 3:8-13 : qualifications pour les diacres.
Les apôtres et prophètes
Il s’agit là des ministères fondateurs pour l’Église (non récurrents). Éphésiens 2:20 : l’Église est « édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes ». Les apôtres étaient des témoins oculaires de la résurrection (Actes 1:21-22).
Les évangélistes, enseignants et autres ministères
Éphésiens 4:11-12 : « Il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et enseignants. »
Ces rôles ont pour but « le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ. »
La structure de l’église est locale, collégiale et centrée sur Christ, sans hiérarchie pyramidale comme on la voit apparaître plus tard dans l’histoire de l’Église.
Évêque, ancien, pasteur : trois mots pour une même fonction
Les trois termes sont utilisés de manière interchangeable :
- Actes 20:17 : Paul convoque les anciens (presbuteroi) de l’Église d’Éphèse.
- Actes 20:28 : en s’adressant à ces mêmes hommes, il dit : « Prenez garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques (episkopoi), pour paître (poimainein, « faire paître » comme un pasteur) l’Église de Dieu… »
Donc les anciens étaient aussi appelés évêques (surveillants). Leur rôle était de paitre, et donc d’être pasteur. Même chose dans Tite 1:5-7 où Paul dit à Tite d’établir des anciens, puis décrit leurs qualifications en les appelant évêques.
Une conduite collégiale, locale
Les églises avaient souvent plusieurs anciens (pasteurs/évêques) dans chaque assemblée locale (Actes 14:23, Philippiens 1:1). Il n’y avait pas de « chef suprême » ou de structure pyramidale au-dessus des assemblées locales. L’autorité était partagée entre les anciens.
Le modèle apostolique n’institue pas de hiérarchie ascendante
Même l’apôtre Pierre se présente simplement comme un ancien parmi d’autres : « Moi, ancien comme eux […] je vous exhorte… » (1 Pierre 5:1-3). Et il ajoute :
« Ne dominez pas sur ceux qui vous sont échus en partage… »
Selon le Nouveau Testament il n’y a pas de différence hiérarchique entre un évêque et un pasteur. Le ministère est collégial, local, et soumis à Christ. Les titres comme « évêque » ou « pasteur » ne désignent pas des grades différents, mais des responsabilités complémentaires.
La hiérarchie pyramidale (évêque > prêtre > diacre, puis archevêque, cardinal, pape…) est une construction postérieure, apparue progressivement à partir du IIe siècle, surtout avec l’Église de Rome prenant de plus en plus de poids.
Dans le Nouveau Testament, tous les croyants sont prêtres (eh oui!)
Le Nouveau Testament enseigne le sacerdoce universel des croyants. C’est un point fondamental.
- 1 Pierre 2:5 « Vous aussi, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un sacerdoce saint, afin d’offrir des sacrifices spirituels… »
- 1 Pierre 2:9 « Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte… »
- Apocalypse 1:6 « Il a fait de nous un royaume, des prêtres pour Dieu son Père… »
Cela signifie que chaque chrétien a un accès direct à Dieu par Jésus-Christ, sans avoir besoin d’un intermédiaire humain (comme un prêtre dans l’Ancien Testament).
Le Sacerdoce : rappel
Dans l’Ancien Testament, le sacerdoce (ou prêtrise) est réservé à une tribu : les Lévites. Les prêtres offraient des sacrifices d’animaux pour le pardon des péchés. Il y avait un grand prêtre qui entrait une fois par an dans le lieu très saint (Yom Kippour, Lévitique 16).
Dans l’Église catholique (et orthodoxe) le sacerdoce est vu comme un sacrement : seuls certains hommes (ordonnés) deviennent prêtres. Le prêtre agit in persona Christi (au nom du Christ) lors des sacrements, en particulier la messe. Le prêtre est aussi considéré comme médiateur entre Dieu et les fidèles, en particulier pour l’eucharistie et le pardon des péchés (confession).
Selon le Nouveau Testament, Jésus institue le repas du Seigneur lors de la dernière cène : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22:19). Il prend le pain et le vin comme symboles de son corps et de son sang. Les premiers chrétiens pratiquaient ce repas en mémoire de Jésus, souvent dans un contexte de repas communautaire (Actes 2:42, 1 Corinthiens 11). Il n’y a pas de notion de re-sacrifice. Paul dit :
« Vous annoncez la mort du Seigneur », non que vous la répétez (1 Cor 11:26).
Mais dans l’Église catholique, l’eucharistie est un sacrifice réel, renouvelé à chaque messe. Le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang de Christ (doctrine de la transsubstantiation). Le prêtre agit comme sacrificateur, rendant présent le sacrifice du Christ, sans le répéter, mais de manière non sanglante.
Dans les Églises protestantes, il y a plusieurs vues :
- La vue Luthérienne où Christ est réellement présent spirituellement dans le pain et le vin.
- La vue Réformée (Calvin) où la présence est symbolique mais réelle spirituellement.
- La vue Zwinglienne / évangéliques où l’eucharistie est symbolique et est un acte de mémoire et de proclamation.
Pas de « prêtre » comme fonction dans l’Église du Nouveau Testament
Les rôles dans l’Église sont : anciens, diacres, enseignants, évangélistes, pasteurs — mais jamais « prêtre » au sens d’un ministre qui célèbre un sacrifice ou agit en médiateur. Le mot grec hiereus (prêtre) n’est jamais utilisé pour désigner un responsable local de l’Église.
Jésus est le seul grand prêtre
Dans l’épître aux Hébreux, Jésus est présenté comme le grand prêtre unique et éternel, qui a accompli l’unique sacrifice nécessaire :
- Hébreux 4:14 : « Nous avons un grand souverain sacrificateur [= grand prêtre] qui a traversé les cieux, Jésus… »
- Hébreux 10:12 : « Lui, après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. »
Donc plus besoin de prêtre humain pour offrir un sacrifice ou servir de médiateur — Jésus a tout accompli.. Jésus-Christ est le Grand Prêtre unique (Hébreux 4–10). Il a offert un seul sacrifice parfait : lui-même, une fois pour toutes. Tous les croyants deviennent prêtres spirituels : « Vous êtes un sacerdoce royal » (1 Pierre 2:9).
D’où vient le « prêtre » dans les Églises historiques?
Ce rôle s’est développé plus tard, par analogie avec le prêtre de l’Ancien Testament. L’idée qu’un homme consacre l’eucharistie, agit comme médiateur, ou offre un sacrifice a été réintroduite dans l’Église progressivement à partir du IIe siècle. Dans le catholicisme, le prêtre devient celui qui offre le sacrifice de la messe, ce qui est théologiquement étranger au Nouveau Testament.
Ainsi dans le Nouveau Testament, les ministères de l’Église sont fonctionnels, pas sacerdotaux. Tous les croyants sont prêtres et Jésus est le seul Grand Prêtre. Il n’y a pas de classe sacerdotale entre Dieu et les croyants.
Les « sacrifices spirituels » du Nouveau Testament
Quand le Nouveau Testament parle de « sacrifices spirituels », il ne s’agit pas d’un sacrifice sanglant comme dans l’Ancien Testament, mais d’actes de louange, de foi, d’amour, de service et de dévotion à Dieu, rendus possibles par Jésus-Christ.
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