Critique de M. Bréon sur le Réchauffement Climatique Anthropique « non questionnable »

Une vidéo publiée le 1er août 2025 sur la chaîne YouTube Ethique et Tac, met en scène Pascal Praud tenant un discours climato-sceptique, face au climatologue François-Marie Bréon, climato-convaincu. Pascal Praud, visiblement impréparé à l’interview, a été surpris par M.Bréon qui lui a assuré que le réchauffement climatique était d’ordre anthropique (à hauteur de 140%). Aucun des journalistes sur le plateau n’a pu rétorquer intelligemment. Il est regrettable que des débats sérieux entre connaisseurs ne soient pas organisés pour représenter dignement les deux positions. Dans cet article je fais une courte analyse des propos de M. Bréon, qui n’a proposé aucune démonstration technique, mais a davantage fait appel à l’argument d’autorité et du consensus, lequel suffit, hélas souvent, a intimidé les gens.

Les 600mm de précipitation en Ardèche

Les 16 et 17 octobre 2024, un épisode cévenol très intense a frappé l’Ardèche. Plusieurs localités ont enregistré des cumuls spectaculaires . Il s’agit de l’épisode le plus intense de ce type depuis le début du 20ème siècle. Certains relevés présentent jusqu’à 600mm en 48h et 700mm en 60h.

Comme souvent ces dernières années, de nombreux événements climatiques sont considérés comme « inédits » ou « sans précédent ». C’est l’argument de M. Bréon qui a déstabilisé Pascal Praud qui visiblement s’attendait à une réponse moins clinquante. Le climatologue reconnait cependant que c’est l’événement le plus intense « depuis les enregistrements modernes », ce qui fait toute la différence.

Par exemple lors des grandes inondations de septembre 1890, l’Ardèche a connu un de ses épisodes les plus extrêmes avec un cumul record sur plusieurs jours dans les Cévennes ardéchoises. Cet événement demeure une référence historique en matière de pluies intenses dans le département. C’est un épisode ancien exceptionnel, marqué par des hauteurs de crue spectaculaires, s’élevant jusqu’à 21 m, attestées, mais sans mesures pluviométriques précises.

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Les points de comparaison entre l’épisode de 2024 et celui de 1890 sont donc limités. On sait qu’il y a eu environ 50 morts durant l’épisode de 18901 contre 1 pour celui de 20242.

Crue du 22 septembre 1890

À Vallon‑Pont‑d’Arc, un repère officiel indique une cote NGF de 94,57 m pour la crue du 22 septembre 18903.

À Vogüé, un autre repère mentionne une cote NGF de 155,99 m, soit une hauteur d’eau d’environ 7,31 m au-dessus du sol4.

D’autres recensions évoquent des niveaux allant jusqu’à 17,3 m ou 21,4 m dans les gorges aux points les plus critiques de la crue5.

Le débit maximal estimé était proche de 7 800 m³/s lors de cet épisode majeur6.

Crue des 16–17 octobre 2024

Lors de l’épisode cévenol, la station Vigicrues de Vallon‑Pont‑d’Arc a relevé un pic d’environ 9,24 m de hauteur d’eau (cote NGF implicite) vers 11 h 50 le 17 octobre, atteignant 8,70 m à 9 h 25, dépassant le niveau de la crue de novembre 2016 (8,65 m), mais restait bien en dessous des 17 m de 18907.

ÉvénementLieuHauteur d’eau maximaleDébit estimé
22 sept. 1890Vallon‑Pont‑d’Arc~17,3 m à ~21 m (selon site)~7 800 m³/s
16–17 oct. 2024Vallon‑Pont‑d’Arc~9,2 mnon précisé

On a observé une crue extrêmement spectaculaire en 1890, atteignant plus du double de la hauteur observée en 2024 à Vallon‑Pont‑d’Arc (jusqu’à 21 m contre ~9 m), avec des débits records (~7 800 m³/s).

Malgré des pluies exceptionnelles en 2024, la crue mesurée n’a pas approché les sommets de 1890. Le niveau d’environ 9 m est resté nettement inférieur aux seuils historiques, bien qu’il ait dépassé des crues récentes comme celle de 2016.

On a pas de pluviométrie mesurée en 1890 donc il est difficile de comparer avec 2024. Les précipitations de 1890 ont probablement été plus prolongées sur 4 à 5 jours (contre 2 à 3 jours en 2024), mais pas forcément plus intenses à l’heure ou à la journée que celles de 2024. Toujours est-il que le caractère « inédit » ou « sans précédent » de l’épisode de 2024 reste à démontrer. Il y a peu de doutes qu’en remontant les siècles nous pouvons trouver des épisodes dévastateurs dans cette région propice à ce genre d’événements.

Une étude s’appuyant sur des dépôts sédimentaires indique que l’Ardèche connaît des crues majeures depuis au moins 587 après J.-C., avec des archives exploitables dès 15228.

Si donc les crues majeures font partie de l’histoire naturelle de l’Ardèche depuis des siècles voire des millénaires, il est difficile d’attribuer à l’homme la responsabilité de ces inondations (bien que certaines pratiques de déforestation et d’urbanisation peuvent clairement encenser les débits d’eau et perturber les évacuations via l’imperméabilisation du sol).

Quand le climat se réchauffe, il y a généralement plus d’humidité et de précipitations dans certains endroits et plus de sécheresse dans d’autres. La vraie question est donc de savoir qu’est-ce qui cause le réchauffement climatique.

On ne peut pas questionner les causes du réchauffement?

François-Marie Bréon dit à Pascal Praud:

« On ne peut pas s’intéresser sur les causes du réchauffement! Si vous niez la cause du réchauffement vous faites du dénialisme! Il ne fait aucun doute que le réchauffement actuel est dû à l’effet de serre dans l’atmosphère.« 

On peut s’interroger sur la technicité et la véracité d’une telle affirmation. Cela n’est pas l’esprit scientifique. Le ton de M. Bréon est d’ailleurs emporté. Cela est en droite ligne avec l’absence de nuances dans de nombreux débats modernes. La moindre objection ou « virgule » ajoutée à un propos et c’est la condamnation de l’autre. Heureusement que l’inquisition n’existe plus sinon le bûcher fumerait sans cesse avec cet état d’esprit.

Il y a de bonnes raisons de douter du rôle anthropique. Déjà contrairement à ce que dit M. Bréon, le premier réchauffement observé entre 1910 et 1940 de 0.6°C est attribué à des facteurs naturels, même par le GIEC.

Ce réchauffement climatique observé entre 1910 et 1940 est estimé à environ 0,6°C, il est largement attribué à des facteurs naturels (même chez les scientifiques du camp anthropique) en particulier en raison du faible niveau d’émissions de CO₂ anthropiques à cette époque comparé à l’après-1945.91011

Cela veut dire que sur les 1,1°C de réchauffement observé depuis 1850, la moitié ou plus est déjà attribué à l’irradiance solaire et aux oscillations océaniques naturelles. Cela met en cause les « 140% » de responsabilité anthropique martelé par M. Bréon.

Ainsi l’idée de M. Bréon que les variations se feraient sur des « milliers » d’années est complètement fausse. Le réchauffement entre 1910 et 1940 en est la preuve et nous pourrions mentionner l’histoire des Vikings ou de l’Empire Khmer (déjà évoqué ici) qui ont connu des changements climatiques d’ampleur en l’espace de quelques dizaines d’années qui ont provoqué leur chute ou leur déplacement.

Si nous avons pris 0.6°C « naturellement » en 30 ans, il est difficile d’accepter l’argument que les « 0.5°C » de ces 50 dernières années soient obligatoirement « anthropiques ».

Il semble y avoir des cycles climatiques naturels importants, comme en témoignent les optimums climatiques romain (200 av.JC-300 ap.JC) et médiéval (900-1300 ap.JC). Il y a plusieurs cycles solaires, cycles océaniques qui se produisent sur des décennies et des siècles et que nous ne comprenons pas très bien pour certains.

Nom du cycleDurée approximativeCaractéristiques principalesImpact climatique
Cycle de Schwabe~11 ansVariation du nombre de taches solaires et de l’irradiance totale (TSI)Modeste (~0.1°C max), influence le bilan énergétique
Cycle de Hale~22 ansInversion magnétique du champ solaire tous les deux cycles de SchwabeInfluence indirecte possible via rayons cosmiques
Cycle de Gleissberg~80–90 ansVariabilité de l’amplitude des cycles de SchwabeCorrélé à des périodes chaudes ou froides (ex : 1940s)
Cycle de Suess / de Vries~200–220 ansObservé via les isotopes cosmogéniques (¹⁴C, ¹⁰Be)Lié aux grands minima (ex : Maunder), refroidissements
Cycle millénaire~1000 ansHypothétique, basé sur les reconstructions historiques du climat (optimum médiéval, petit âge glaciaire)Modulation possible des grandes tendances climatiques

Nom du cycleDurée approximativeRégion concernéeImpact climatique
ENSO (El Niño / La Niña)~2 à 7 ansPacifique équatorialEffets globaux sur les températures, précipitations, cyclones (phases courtes)
PDO (Pacific Decadal Oscillation)~20–30 ansPacifique NordPhase chaude = réchauffement global modéré ; phase froide = refroidissement relatif
AMO (Atlantic Multidecadal Oscillation)~60–80 ansAtlantique NordInfluence sur climat d’Europe, ouragans, moussons ; phase chaude = période plus chaude
NAO (North Atlantic Oscillation)variable (10–20 ans dominants)Atlantique NordAffecte la pression, les hivers en Europe, la force des tempêtes

On comprend ainsi, compte tenu de la complexité du climat, qu’il ne faut pas absolument pas être dogmatique et rigide. Il faut être ouvert et non partisan. Dans l’histoire des zones sont devenues infertiles, d’autres ont verdi, l’agriculture était possible à certaines altitudes puis cela n’a plus été le cas et ainsi de suite, bref les variations importantes qui impactent la vie de l’homme et des animaux ont été observées à plusieurs reprises dans l’histoire.

Je recommande d’écouter Daniel Husson pour avoir une vue un peu plus technique et concrète du sujet climatique, et notamment de l’impact du CO2:

S’adresser à des climatologues?

François-Marie Bréon dit encore à Pascal Praud:

« Si vous êtes malade, vous n’allez pas poser de question à votre boulanger? Si vous vous intéressez au climat vous vous adressez à des climatologues!« 

M. Bréon simplifie à l’extrême le sujet climatique qui va bien au delà de la discipline de la climatologie. De nombreux types de scientifiques étudient le climat et ont une autorité sur le sujet.

DisciplineRôle principal
ClimatologieVue d’ensemble
Physique atmosphériqueBilan radiatif, rôle du CO₂ et des nuages
OcéanographieCycles naturels, stockage thermique
Physique solaireActivité solaire, forçages naturels
PaléoclimatologieClimat du passé, cycles longs
Statistique / Data scienceFiabilité des données, détection de signaux
Géologie / GéochimieArchives du climat profond, rôle du CO₂ naturel et volcanisme

La World Climate Declaration (WCD), aussi connue sous le slogan “There is no climate emergency”, a été lancée par le Climate Intelligence Foundation (CLINTEL), un groupe sceptique vis-à-vis du consensus climatique du GIEC.

La WCD affirme que :

« Le climat change, comme il l’a toujours fait, mais il n’y a pas d’urgence climatique. »

Elle appelle à une approche plus nuancée, moins de politiques fondées sur la peur et davantage de débats scientifiques ouverts. La WCD regroupe divers profils scientifiques en lien avec la science du climat. Il est donc faux de dire qu’il y a un consensus universel ou que toutes les études confortent l’idée du réchauffement anthropique.

DisciplinePrésente dans la WCD ?Exemples (signataires notables)
ClimatologuesOuiRichard Lindzen (MIT), Judith Curry (ex-GIT), John Christy (U. Alabama)
Physiciens de l’atmosphèreOuiWilliam Happer (Princeton), Henrik Svensmark (rayons cosmiques)
OcéanographesOuiFritz Vahrenholt (chimiste/énergie/climat), parfois indirectement
Physiciens solairesOuiValentina Zharkova (cycle solaire), Nir Shaviv (activité solaire)
PaléoclimatologuesOuiJan-Erik Solheim (Norvège), Vincent Courtillot (France, géophysicien)
Statisticiens/data scientistsOuiRoss McKitrick (économiste-statisticien, critique du traitement des données climatiques)
Géologues / géochimistesNombreuxIan Plimer (Australie), Gérard Bodifée (Belgique), Samuel Furfari
Autres (ingénieurs, médecins, économistes)NombreuxBeaucoup de signataires sont en sciences appliquées ou énergie

L’article « Le mythe du consensus scientifique«  de Christian Gérondeau (Association des climato-réalistes, 11 juillet 2025) démonte le chiffre emblématique de 97 % de consensus scientifique sur le rôle dominant de l’homme dans le réchauffement climatique, en montrant qu’il est issu d’une lecture biaisée d’une étude australienne ayant analysé 11 944 résumés d’articles scientifiques.

En réalité, seuls 64 résumés (0,5 %) affirment explicitement que l’homme est responsable de plus de 50 % du réchauffement actuel, tandis que 66,7 % des résumés n’expriment aucune opinion sur ce point. Le chiffre de 97 % provient d’un sous-échantillon artificiel (les 33 % qui prenaient position), rendant la généralisation à l’ensemble fallacieuse.

Gérondeau affirme que ce chiffre a été instrumentalisé politiquement, notamment via un tweet de Barack Obama en 2013, et qu’il est devenu une fake news fondatrice, alimentant une vision culpabilisatrice de l’homme et justifiant des dépenses massives dans des politiques climatiques, sans réel fondement scientifique majoritaire. Il appelle à une relecture critique du dossier, soulignant que de nombreux scientifiques reconnaissent une influence humaine, mais bien moindre que ce que prétend ce « consensus ».

Une autre slide de François Gervais montre qu’on est loin d’un consensus aussi net dans les études scientifiques:

Cette slide met en évidence que, contrairement à l’idée d’un consensus affirmé, les estimations scientifiques de la sensibilité climatique au CO₂ sont très dispersées, allant de moins de 1°C à plus de 5°C, montrant ainsi que la science du climat est encore traversée par une importante incertitude sur un paramètre central du réchauffement.

La majorité des études scientifiques récentes sur la sensibilité climatique tendent à donner des estimations plus basses que les 3°C / 4°C »classiques » du GIEC, souvent autour de 1,5–2°C, voire moins. Cela remet en cause l’idée d’un consensus alarmiste sur un réchauffement fort, et suggère que le débat scientifique est bien plus nuancé que ce que la communication politique laisse entendre.

Les médias devraient organiser des débats entre des gens techniques pour renseigner correctement la population et évacuer tout dogmatisme délétère à la science.


Références:

  1. https://www.150ansinondations.com/septembre-1890-lardeche-a-lextreme/.
  2. https://actu.fr/faits-divers/inondations-une-femme-de-58-ans-est-morte-en-tombant-dans-un-trou-forme-par-les-crues-en-ardeche_61762033.html.
  3. https://inondations.ardeche-eau.fr/repere/55.
  4. https://inondations.ardeche-eau.fr/repere/60.
  5. https://rolandvincentaigueze.blogspot.com/2016/04/historique-des-crues-de-lardeche.html.
  6. Voir ref précédente.
  7. https://www.ledauphine.com/environnement/2024/10/17/vigilance-pluie-inondation-l-ardeche-sous-les-eaux-une-centaine-d-interventions-en-cours.
  8. https://www.researchgate.net/publication/313421211_Paleofloods_and_historical_floods_of_the_ardeche_river.
  9. IPCC AR5 – Chapter 10 (p. 883–884).
  10. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0012825221003214.
  11. https://www.aoml.noaa.gov/phod/docs/2020ANYASma.pdf.

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