La Sélection Naturelle est-elle un concept clair et précis?
La « sélection naturelle » est une expression ambigu qui ne correspond probablement à aucune réalité matérielle. Elle est utilisée comme une baguette magique pour expliquer tout et son contraire. De nombreux évolutionnistes ont réfléchi longuement et durement à ce qu’elle pouvait signifier. En lisant leur commentaire, nous découvrons qu’eux-mêmes restent perplexes sur ce qu’elle peut signifier et si elle représente quelque chose de concret.
Michael Hodge: de quoi parle-t-on exactement quand on parle de sélection naturelle?
« Une question générale n’a toujours pas reçu de traitement canonique: de quoi parle-t-on exactement quand on parle de sélection naturelle? Est-ce une loi, un principe, une force, une cause, un agent, ou une combinaison de ces éléments? Certains soutiennent que la sélection naturelle est une loi, d’autres disent que c’est un principe, et cette conclusion est elle-même contestée par ceux qui affirment que ce n’est ni l’un ni l’autre…«
Michael J. S. Hodge, 1992. Natural Selection: Historical Perspectives, dans Keywords in Evolutionary Biology. Cambridge, MA: Harvard University Press.
Hodge, historien des sciences, met en lumière ici l’ambiguïté chronique du concept de sélection naturelle:
- Elle est censée tout expliquer, mais on ne sait même pas ce qu’elle est.
- Il n’existe aucune définition claire et stable: loi, force, principe, agent… ?
- C’est une zone floue, et cela mine sa validité scientifique.
Autrement dit si on ne sait pas de quelle nature est un concept, comment peut-on le tester, le mesurer, ou le falsifier?
Gould: une ambiguïté conceptuelle « persistante »
« L’article d’Emerson nous offre, sans le vouloir, un aperçu éclairant de l’ambiguïté conceptuelle persistante dont a toujours souffert la sélection naturelle — y compris au moment où son influence était la plus forte. »
Gould, Stephen J. 2002. The Structure of Evolutionary Theory. Cambridge, Mass.: Belknap Press of Harvard University Press, p. 544–545.
Même Stephen Jay Gould, grand défenseur de l’évolution, reconnaît que la sélection naturelle est restée vague, mal définie, même à l’apogée de sa domination intellectuelle. Cette absence de clarté n’est pas nouvelle: elle remonte à ses origines et perdure.

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Ce que disent les spécialistes | Ce que croient certains simplistes |
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La sélection naturelle est mal définie depuis Darwin | Elle est un concept “simple” (ex. : “reproduction différentielle”) |
On ne sait même pas ce qu’elle est vraiment: loi ? agent ? force ? | Elle serait un fait incontestable, presque mathématique |
Même les évolutionnistes en débattent encore | Les sceptiques seraient “ignorants” ou “non scientifiques” |
John O. Reiss sur la « trinité » conceptuelle de la biologie moderne
« L’adaptation, la sélection naturelle et la valeur sélective (fitness) constituent la trinité conceptuelle qui forme le cœur du cadre explicatif de la biologie évolutive moderne. Cependant, contrairement aux termes fondamentaux de la physique, comme la masse, l’énergie ou la vitesse, ces termes ne possèdent actuellement aucune définition consensuelle, ni sur le plan empirique, ni sur le plan théorique… C’est évidemment un problème — et ce n’est pas un problème récent. »
Reiss pose ici un diagnostic très fort: les trois piliers de l’évolution moderne sont:
- Adaptation (l’ajustement au milieu),
- Sélection naturelle (le tri des traits),
- Fitness (la capacité à transmettre ses gènes).
Mais contrairement aux concepts bien définis dans les sciences dures (comme “masse” ou “énergie” en physique), ces notions en biologie sont floues, varient d’un auteur à l’autre, et ne sont pas mesurables de façon univoque.
Autrement dit la biologie évolutionniste repose sur des termes centraux dont la définition reste débattue, ce qui affaiblit sa rigueur explicative.
Et ce problème est ancien ce n’est pas une critique nouvelle ou marginale. Reiss rejoint ici Gould, Hodge, Lewontin et bien d’autres, qui ont tous reconnu une crise de clarté terminologique autour du cœur même de la théorie.
En physique | En biologie évolutive |
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Des termes clairs et mesurables: “masse”, “accélération”, “pression” | Des termes vagues, mouvants, subjectifs |
Précision conceptuelle = prédiction reproductible | Flou sémantique = interprétation post-hoc |
Lois mathématisées | Métaphores et récits narratifs |
Reiss alerte sur le fait que ce flou affaiblit la crédibilité scientifique du modèle darwinien, qui repose en apparence sur trois concepts solides mais qui, en réalité, sont très instables.
Jerry Fodor: la question de la définition de la sélection naturelle reste « ouverte »
« Le problème actuel, c’est que l’explication de la sélection naturelle par analogie avec la sélection artificielle est profondément trompeuse, et qu’elle a induit Darwin en erreur de manière radicale. Alors, quelle est l’interprétation correcte lorsqu’on parle de sélection naturelle? La question reste entièrement ouverte à l’heure où j’écris. »
tirée de Why Pigs Don’t Have Wings publié dans la London Review of Books en 2010 (vol. 29, n°20, p. 19–22).
Jerry Fodor (philosophe de la biologie) dénonce ici deux choses fondamentales:
L’analogie avec l’élevage est fausse
Darwin a fondé tout son concept de sélection naturelle sur une analogie avec ce que font les éleveurs (choisir les meilleurs spécimens). Mais la nature n’a pas d’intention, pas de but, pas de volonté.
Personne ne sait ce qu’est réellement la sélection naturelle
Même après plus d’un siècle et demi, il n’existe aucune définition claire, stable et cohérente. “La question est encore entièrement ouverte”: c’est un aveu d’instabilité conceptuelle et cela est en contraste avec de nombreuses conversations qu’on peut avoir avec les évolutionnistes qui ont très fermes et très rigides sur le sujet.
Darwin a été induit en erreur par sa propre analogie. Et aujourd’hui encore, on ne sait pas vraiment ce que veut dire ‘sélection naturelle’.
Doolittle: La sélection naturelle est-elle une force, un principe, un processus?
« Les biologistes praticiens pourraient être surpris d’apprendre qu’il existe encore des débats sur la nature exacte de la « sélection naturelle »: Est-ce une force, un principe, un processus? Sur quels types d’entités agit-elle réellement? Et que signifie exactement le terme de « fitness » (valeur sélective)? Nous invoquons couramment ces notions… mais nous sommes souvent incapables de les expliciter clairement. »
W. Ford Doolittle, 2015, Philosophy, Who Needs It?, Current Biology, 25(1).
Doolittle, lui-même évolutionniste, admet ici trois choses très fortes:
Confusion persistante
Même au sein de la communauté scientifique, la nature exacte de la sélection naturelle reste floue:
- Est-ce une force?
- Un principe d’organisation?
- Un simple effet statistique?
- Il n’y a pas de consensus.
La notion de « fitness » est également obscure
On utilise ce mot tout le temps, mais on ne sait pas clairement ce qu’il désigne :
- Une capacité reproductive?
- Une probabilité?
- Une adaptation contextuelle?
Usage aveugle dans la pratique
En laboratoire ou dans les publications, ces mots sont utilisés comme des évidences, sans qu’on sache vraiment ce qu’ils veulent dire.
Doolittle dit, en substance:
“On construit la biologie évolutive sur des piliers qu’on ne définit pas correctement.”
C’est un aveu majeur de faiblesse théorique, d’autant plus fort qu’il vient de l’intérieur du système. Cela renforce les critiques de Gould, Reiss, Fodor, Lewontin, Dembski : tous pointent un fait fondamental:
La sélection naturelle est un mot magique, mais pas un concept bien défini. On invoque la sélection naturelle comme une incantation, mais personne ne sait exactement ce que c’est.
Charles Pence: comment définir la sélection naturelle?
« Comment devrions-nous définir la sélection naturelle et la dérive génétique? Faut-il les considérer comme des processus agissant sur les populations, comme des résultats au niveau des populations, ou comme de simples identités statistiques? Et si ce sont des processus, sont-ils causals? Des forces à la manière newtonienne? Ou bien autre chose? »
Charles H. Pence (2021) The Causal Structure of Natural Selection Cambridge, UK: Cambridge University Press.
Charles H. Pence met ici en évidence un problème de fond rarement admis explicitement: même dans les cercles évolutionnistes, personne ne sait vraiment ce qu’est la sélection naturelle. Il expose les grandes confusions:
- Nature ontologique incertaine
- Est-ce un processus actif, qui agit réellement (comme une force) ?
- Est-ce un résultat statistique, une façon de décrire après coup ce qui s’est passé?
- Est-ce juste un modèle utile, sans réalité physique?
- Statut causal incertain
- Est-ce une vraie cause du changement biologique (comme la gravité cause la chute d’un objet)?
- Ou est-ce un filtre passif, une conséquence indirecte d’autres facteurs?
- Parallèle aux forces physiques
- Peut-on parler de sélection naturelle comme on parle de la force gravitationnelle de Newton?
- Si non, est-ce une métaphore abusive?
Darwinistes et néodarwiniens prétendent que la sélection naturelle est une force motrice explicative majeure de l’évolution. Mais ici, un spécialiste contemporain de haut niveau (publié chez Cambridge University Press) demande:
« En réalité, qu’est-ce que c’est exactement ? »
Il soulève donc un défaut de clarté conceptuelle radical, à la racine même de la biologie évolutive moderne.
Il n’y a pas de définition unifiée de la sélection naturelle
Quand on affirme à un évolutionniste qu’il n’existe pas de définition claire de la sélection naturelle, il réagit souvent en disant : « Si, il y en a une ». Mais ce qu’il faut répondre, c’est qu’il n’y a pas une définition, il y en a des dizaines et aucune ne fait l’objet d’un consensus universel dans la communauté scientifique.
En fait, selon les auteurs, la sélection naturelle est:
- tantôt une force causale réelle, comparable à la gravité ;
- tantôt une description statistique d’effets déjà survenus ;
- tantôt un simple concept classificatoire, sans effet propre ;
- et parfois même, dans la même phrase, elle est à la fois cause et effet !
Ce flou permet à la sélection naturelle d’être utilisée comme une baguette magique explicative: on l’agite pour faire disparaître les questions gênantes, pour « expliquer » n’importe quelle adaptation ou transformation. C’est une publicité trompeuse: elle détourne l’attention des véritables mécanismes internes aux organismes (programmation, systèmes de réponse, plasticité).
Et comme on ne peut pas la définir précisément, on peut lui faire faire tout et son contraire.
Darwin, pour lui donner un vernis scientifique, l’a comparée à la sélection faite par un éleveur humain mais cette analogie cache en réalité l’absence de volonté, de direction, d’intelligence. Elle suggère un « pouvoir décisionnel » que la nature n’a pas.
Ce n’est pas seulement le grand public qui est confus: même des philosophes des sciences, biologistes, historiens de la biologie, dont c’est le métier, reconnaissent que la sélection naturelle est un concept profondément ambigu, mal défini, et utilisé de manière incohérente depuis ses débuts. Pourtant on peut lire sur le site du Muséum national d’Histoire naturelle:
Malgré le bond incroyable fait par les sciences, le principe de la sélection naturelle reste aujourd’hui valide.
Malgré les progrès majeurs en biologie et en génétique, le rôle central accordé à la sélection naturelle dans l’évolution reste controversé. Si certains continuent à le défendre comme pilier du paradigme néo-darwinien, d’autres chercheurs, biologistes, philosophes des sciences et théoriciens de la complexité, remettent en question son pouvoir explicatif et sa portée causale. Ignorer ces débats, c’est réduire la science à un dogme au lieu d’en faire un espace de libre investigation.

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