ETUDE DU LIVRE DE L’APOCALYPSE
Apocalypse 13 – La Marque de la Bête – Explication
Depuis les temps anciens la marque de la bête et le nombre de son nom (666) sont fruits de toutes les spéculations. On parle aujourd’hui de micro ou de nano puces, de vaccins, de super-ordinateurs ou autres qui pourraient être la marque de la bête. D’autres pensent que la marque de la bête ne concerne que le contexte romain hégémonique de l’époque mais qu’en est-il vraiment? La marque de la bête décrit-elle un événement futur ou passé? Et a-t-elle en vue un marquage physique ou spirituelle?
La marque de la bête est une marque spirituelle qui indique l’appartenance du marqué au système qui est en opposition contre Dieu. Cette marque négative est la contrefaçon du Sceau de Dieu qui est apposé sur les croyants et qui indique l’appartenance au Père et au Christ.
La marque de la bête dans le contexte antique
Les esclaves dans l’Empire Romain étaient parfois marqués au fer rouge pour avoir tenté d’échapper à leur maître. Cette marque pouvait être faite sur le front. Jean a également pu penser aux jeunes recrues de l’armée qu’on marquait sur la main avec les initiales de l’empereur qu’ils servaient tout au long de leur vie. La pratique de marquer des animaux ou des êtres-humains étaient assez fréquente dans l’antiquité.
Cette marque qu’elle fut faite sur le front, la main ou ailleurs était un signe d’appartenance. L’esclave appartenait à son maître, le soldat à l’empereur et c’est en ce sens qu’il faut comprendre la marque de la bête. Ceux qui la reçoivent appartiennent à la puissance représentée par la bête et plus encore à celui qui inspire cette puissance – le dragon, le diable.
Sous l’Empire romain, les empereurs étaient souvent divinisés, et le refus de participer à leur culte pouvait entraîner des sanctions économiques et sociales. Les chrétiens, refusant de rendre un culte à l’empereur, étaient considérés comme subversifs, ce qui pouvait les exclure du commerce et de la vie publique.
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Dans certaines régions de l’Empire romain, des guildes commerciales ou artisanales exigeaient une participation aux rites religieux païens comme condition pour exercer une activité économique. Refuser ces rites revenait à se couper de ces réseaux commerciaux.
Le paiement d’impôts, symbolisé par l’image de César sur les pièces de monnaie, était une marque d’allégeance à l’Empire. La monnaie elle-même, portant des inscriptions comme « Divin César », pouvait être vue par les chrétiens comme associée à l’idolâtrie.
Tout cela nous permet de mettre en contexte la marque de la bête d’Apocalypse 13. Dans le symbolisme de l’Apocalypse, la « bête » peut représenter l’Empire romain ou une autorité oppressive en général. Les empereurs romains, comme Néron ou Domitien, étaient souvent perçus comme des tyrans persécutant les chrétiens. Le refus des chrétiens de participer à ces pratiques était vu comme un acte de fidélité à Dieu. L’Apocalypse peut être lue comme un appel à résister à cette pression, même si cela implique des sacrifices économiques ou sociaux.
Doit-on comprendre cette marque comme une marque physique ou spirituelle?
Le concept de la marque apparait bien avant le livre de l’Apocalypse dans la Bible. On peut voir un passage clé où Paul en parle « C’est Dieu, en effet, qui nous a fermement unis avec vous à Christ et qui nous a consacrés à lui par son onction. Et c’est encore Dieu qui nous a marqués de son sceau, comme sa propriété, et qui a mis dans notre cœur son Esprit comme acompte des biens à venir« (2 Corinthiens 1:22).
La marque de la bête est célèbre pour sa mention dans Apocalypse 13 mais avant ce chapitre, on retrouve l’idée d’une marque dans un chapitre précédent lorsqu’il est question des anges qui doivent marquer le front des élus avant que le jugement ne s’abatte sur la terre « Ne faites pas de mal à la terre, à la mer, ni aux arbres, tant que nous n’avons pas marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu« (Apoc 7:3).
On comprend encore un peu mieux cette notion de marque dans Apocalypse 14 « Alors je vis l’Agneau qui se tenait debout sur le mont Sion, et avec lui, les cent quarante-quatre mille qui portent son nom et le nom de son Père inscrits sur leur front« .
Nous ne devons pas nous imaginer comme portant le Sceau de Dieu ou son nom physiquement. Il s’agit bien évidemment d’une marque spirituelle. Par extension la marque de la bête est également une marque spirituelle.
Le professeur de Nouveau Testament Ranko Stefanovic résume bien la situation
De la même manière que Dieu marque son peuple fidèle avec un sceau sur le front, ainsi Satan marque ceux qui suivent et adorent la bête, et il appose cette marque sur leur main droite ou sur leur front.
La marque de la bête fonctionne clairement ici comme la contrefaçon du sceau de Dieu… La réception de la marque de la bête et du sceau de Dieu, qui dans les deux cas consiste en un nom, celui de la bête ou de Dieu, dénote la conformité du caractère, à l’image de l’un ou à l’image de l’autre.
La marque de la bête est négative, elle désigne des gens qui ne sont pas dirigés par le Saint-Esprit de Dieu mais plutôt par l’esprit du dragon qui a amené l’humanité à rejeter Dieu et à s’affranchir de ces commandements et instructions. Il s’agit ici de suivre la parole des hommes plus que celle de Dieu.
Le Sceau de Dieu ne peut être placé que sur le front alors que la marque de la bête peut être placée sur le front ou la main. On peut voir ici que ceux qui servent Dieu le font avec tout leur cœur et une pleine conviction alors que ceux qui suivent la bête peuvent le faire par conformité ou pour éviter des ennuis. Pour Satan cela n’a pas d’importance, à partir du moment où l’on est rangé de son côté.
Le chiffre de la bête – 666
Depuis l’antiquité on a essayé d’appliquer ce nombre à des personnages précis à l’aide d’une technique appelée la gématrie qui consiste à calculer la valeur numérique d’un nom à partir des lettres qui le composent.
En hébreu, en grec ou en latin, les chiffres sont exprimés par des lettres. En additionnant les lettres d’un nom qui ont une valeur numérique on obtient le nombre du nom. Cette technique rend hélas possible toute sorte de spéculation. Les auteurs anciens avaient trouvé la valeur 666 dans l’un des noms de l’Empire Romain en grec. On a aussi trouvé les 666 dans le nom de l’empereur Néron en hébreu. L’un des titres supposés du Pape (VICARIUS FILII DEI) donne aussi 666.
Beaucoup d’autres spéculations peuvent être trouvées avec des recherches mais la signification de 666 est ailleurs. Quand le texte dit que 666 est un nombre d’homme, il faut comprendre ici « humain » en opposition à « divin ». Tout comme la marque de la bête est en opposition au Sceau de Dieu.
Dans la Bible et particulièrement dans l’Apocalypse, le chiffre 7 est le chiffre relié à Dieu :
- Les 7 esprits de Dieu
- Les 7 lettres aux 7 églises
- Les 7 sceaux
- Les 7 trompettes
- Les 7 coupes
- Le repos de Dieu au 7ème jour après la création
En contraste, 6 est le chiffre de l’homme sans Dieu.
666 est aussi un nombre qui évoque Babylone, laquelle symbolise dans l’Apocalypse un système opposé à Dieu. Dans la Babylone antique, tout le système mathématique reposait sur le chiffre 6. A Babylone on a même retrouvé des amulettes avec 6 lignes horizontales et 6 lignes verticales qui donnent toutes une somme de 111 pour un total de 666.
L’apôtre Jean et ses lecteurs étaient familiers avec cette association entre le 6 et Babylone. Ce nombre humain de 666 est donc aussi une manière d’évoquer la Babylone spirituelle de l’Apocalypse. Il ne faut donc chercher les 666 dans aucun nom de personnages historiques ou à venir, ni dans les codes-barres ou ailleurs. 666 est un nombre symbolique qui désigne un système mondial mis en place par les hommes sans Dieu.
Que Jean ait eu en vue l’empereur Néron n’est pas impossible, que les 666 puissent s’appliquer sur certaines personnes ou systèmes n’est pas impossible non plus, mais nous devons nous rappeler que les prophéties bibliques ont souvent une double portée – une historique et une future. La symbolique des 666 est plus importante que l’attribution a une personne particulière.
Dans l’Apocalypse par ailleurs, nous voyons Satan faire tout son possible pour copier ou singer Dieu. Par exemple, les trois personnes de la Trinité – Père, Fils et Saint-Esprit – trouvent leur contrepartie en Satan, la bête et le faux prophète. Et tout comme Jésus est mort et ressuscité d’entre les morts, de même la bête meure et ressuscite.
Apocalypse et fin du monde
L’apocalypse annonce peut-être une puissance mondiale avec une autorité politique, économique, sociale et morale à la fin des temps et nous pourrions constater en effet dans le monde actuel des jalons qui pourraient amener à cette situation. En ce sens, les technologies diverses pourront jouer un rôle pour exercer ce contrôle mais ils ne constituent pas la marque de la bête en soi.
Il me semble que la bête qui monte de la mer ne représente pas un royaume particulier mais tous les royaumes du monde opposés à Dieu dans l’histoire et jusqu’au retour de Jésus. Un article plus détaillé à ce sujet :
L’histoire est certainement sur le point de prendre fin avec des dernières étapes qui se déroulent sous nos yeux. Dans ce grand conflit final, l’Apocalypse nous révèle ou plutôt réaffirme qu’il n’y a que deux catégories de personnes – ceux qui reçoivent le Sceau de Dieu et ceux qui reçoivent la marque de la bête. Dans les deux cas il s’agit d’une marque spirituelle invisible qui traduit de nos choix et de notre allégeance.
L’interprétation populaire d’une nanopuce ou/et d’un vaccin est largement basée sur une lecture futuriste de l’Apocalypse, de sorte que ce que Jean a décrit ne concernerait principalement ou entièrement que la dernière génération qui vivra juste avant la seconde venue du Christ.
Si, d’un autre côté, le livre de l’Apocalypse dépeint en grande partie des événements qui se produisent tout au long de l’histoire de l’Église, la théorie d’une marque, qui plus est physique, apposée uniquement à la fin des temps s’écroule.
En effet tous les croyants de l’histoire ont reçu le Sceau de Dieu et tous ceux qui ont rejeté Dieu ont reçu la marque de la bête. Il ne s’agit pas d’une marque que l’on reçoit à son insu mais d’une adhérence assumée à un système ou à un autre.
Si cette marque est interprétée comme une allégeance à un pouvoir tyrannique ou idolâtre, cela peut faire référence aux anciennes pratiques imposées par Rome, telles que le culte impérial ou l’usage de symboles romains dans la vie quotidienne.
Le refus des chrétiens de participer à ces pratiques était vu comme un acte de fidélité à Dieu. L’Apocalypse peut être lue comme un appel à résister à cette pression, même si cela implique des sacrifices économiques ou sociaux.
Les communautés chrétiennes sous l’Empire romain faisaient face à des persécutions non seulement violentes mais aussi subtiles, comme l’exclusion économique. Jean, dans l’Apocalypse, avertit que ces défis sont des manifestations du combat spirituel entre les forces de Dieu et celles du mal. En liant ces pressions à des figures symboliques comme la bête et le dragon, il donne un cadre théologique à ces épreuves : les chrétiens sont appelés à rester fidèles à Dieu, même au prix de la souffrance ou de l’ostracisme.
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