|

Comment les Paradigmes influencent la Science?

Thomas Kuhn est aujourd’hui considéré comme l’un des penseurs les plus influents du XXe siècle dans les domaines de la philosophie des sciences, de l’épistémologie et de l’histoire des idées scientifiques. Il a largement parlé de l’effet des paradigmes en science dans son ouvrage majeur La Structure des révolutions scientifiques. Il était un physicien, historien et philosophe des sciences.

Kuhn a traité des paradigmes dans le monde de la science. Un paradigme est un modèle de pensée ou une école de pensée auquel chacun dans un domaine d’étude particulier se réfère. Kuhn montre que les paradigmes influencent ce que les scientifiques observent, la manière dont ils interprètent les données, et même les questions qu’ils se posent. En ce sens, le paradigme façonne toute la pratique scientifique, ce qui va à l’encontre d’une vision purement objective et cumulative du progrès scientifique.

Les paradigmes peuvent nous empêcher de voir la possibilité de quelque chose de nouveau ou de différent. Mais que se passe-t-il si les présupposés sur lesquels reposent ces paradigmes sont erronés?

En fait, Kuhn a déclaré que la science ne progresse pas avec une accumulation graduelle de connaissances, mais qu’elle subit plutôt des révolutions périodiques ou des changements de paradigme lorsqu’une nouvelle idée transforme brusquement les vues de ce domaine particulier.

Inscrivez vous sur QQLV!

Pour soutenir l’effort du ministère et la création de contenus:

1.Le paradigme

Le paradigme désigne un cadre global regroupant:

  • des théories scientifiques acceptées,
  • des méthodes,
  • des valeurs,
  • des exemples de résolution de problèmes (ou « exemples canoniques »).

2.Science normale

C’est la période pendant laquelle les scientifiques travaillent à l’intérieur d’un paradigme dominant. Ils ne cherchent pas à le remettre en cause, mais à résoudre des « énigmes » ou des problèmes selon les règles qu’il impose.

3.Crise et anomalies

Quand un paradigme n’arrive plus à expliquer certaines anomalies, une crise peut émerger. Ces anomalies sont souvent ignorées ou traitées comme des exceptions tant que le paradigme reste solide.

4.Révolution scientifique

Si les anomalies persistent et qu’un nouveau cadre explicatif (un nouveau paradigme) se révèle plus efficace, une révolution scientifique peut survenir. Le passage à un nouveau paradigme n’est pas purement logique ou empirique ; il implique aussi un changement de vision du monde, presque un acte de foi ou de conversion intellectuelle.

Il existe plusieurs exemples de révolutions scientifiques dans l’histoire:

  • La révolution copernicienne
  • La révolution chimique avec Lavoisier
  • La révolution de la physique moderne
  • La révolution de la tectonique des plaques
  • La révolution de l’ère glaciaire
  • La révolution cognitive en psychologie

Ces théories ont été des changements de paradigmes. Elles ont renversé des conceptions profondément ancrées. Tout d’abord elles ont rencontré de fortes résistances puis ont entraîné une restructuration complète des disciplines concernées (géologie, climatologie, paléontologie…).

5.Incommensurabilité

Deux paradigmes successifs ne sont pas directement comparables. Les termes, les méthodes, les critères de vérité changent : ce qui était une évidence dans un paradigme peut être dénué de sens dans un autre.

Exemple 1: Le Réchauffement Climatique

Deux grandes postures s’affrontent :

  • Le paradigme dominant (climatologie mainstream, GIEC) indique que le réchauffement est principalement causé par les activités humaines via l’effet de serre (CO₂, CH₄, etc.), et nécessite une réponse politique globale.
  • Les climato-réalistes (appelé péjorativement « sceptiques ») insistent sur des cycles naturels, l’importance des variables solaires, la déforestation, l’urbanisation, les variations dans l’albédo de la Terre, les bienfaits du CO₂, l’incertitude des modèles, des températures biaisées relevées dans des environnements non conformes et parfois sur des biais dans la construction du consensus.

Dans l’esprit de Kuhn on pourrait analyser que:

  • La communauté scientifique dominante est en science normale.
  • Les climato-réalistes peuvent être vus comme porteurs d’un paradigme alternatif.
  • Tant que les « anomalies » du paradigme dominant ne sont pas massivement « reconnues », il n’y a pas encore de révolution.

Débat sur les origines : évolution vs création/intelligent design

Dans le paradigme actuel de l’évolution darwinienne + génétique moderne (néo-darwinisme), les espèces évoluent par mutations et sélection naturelle sur des millions d’années. Dans le paradigme concurrent, le créationnisme et l’intelligent design on insiste entre autres sur:

  • La complexité irréductible (Behe),
  • L’information dans l’ADN,
  • L’entropie génétique (Sanford),
  • Le registre fossile cohérent avec un déluge,
  • L’absence de formes de transition claires dans le registre fossile,
  • Les caractéristiques mondiales cohérentes du registre géologique.

Dans l’esprit de Kuhn on pourrait dire:

  • Le paradigme de l’évolution est actuellement en science normale, avec ses revues, institutions, programmes de recherche.
  • Le modèle créationniste ou intelligent design est vu comme extra-scientifique par la majorité, il est vu d’un mauvais œil pour des raisons davantage philosophique que scientifique.
  • Mais si ce modèle fournit de meilleurs outils explicatifs et que les anomalies s’accumulent contre le paradigme dominant, il pourrait théoriquement prétendre à un renversement de paradigme.

Nous sommes arrivés à un point où le modèle évolutif a subi de nombreux revers, en biologie, en géologie, en paléontologie, en cosmologie etc…. La résistance des évolutionnistes est coriace, comme celle des défenseurs du modèle de Ptolémée qui a régné pendant 1500 ans, mais combien de temps encore va t-elle parvenir à s’arroger la science?

Les évolutionnistes de la « Third Way » (ou Troisième voie de l’évolution) sont un groupe de chercheurs qui rejettent à la fois le néo-darwinisme classique (mutations aléatoires + sélection naturelle seule) et le créationnisme/intelligent design. Ils cherchent à renouveler la théorie de l’évolution en l’élargissant avec de nouveaux mécanismes biologiques car le modèle évolutif dominant est inadéquat pour expliquer l’origine du vivant et sa grande diversité (lire par exemple livre The Altenberg 16).

De nombreux créationnistes voient avec intérêt l’émergence de la « Troisième voie de l’évolution », car elle confirme l’un de leurs constats fondamentaux: le néo-darwinisme est insuffisant pour expliquer la complexité du vivant. Lorsque ces évolutionnistes de la « Troisième voie » critiquent le néo-darwinisme, cela est perçu comme une validation externe d’une faille que les créationnistes dénoncent depuis longtemps. Par exemple le biologiste James Shapiro critique ouvertement l’idée que des mutations aléatoires puissent être suffisantes pour créer une nouvelle information fonctionnelle dans le génome.

Dans une « perspective kuhnienne », la « Troisième voie » montre que le paradigme darwinien est en crise et qu’il est contesté. Pour les créationnistes, cela pourrait ouvrir la voie à un renversement de paradigme en faveur d’un modèle avec conception intelligente et/ou cataclysme global (Déluge de Noé).

Inscrivez-vous sur QQLV!

Pour soutenir l’effort du ministère et la création de contenus:

RECEVEZ DU CONTENU par email

Recevez du contenu biblique, archéologique et scientifique dans votre boîte mail!

Voir la politique de confidentialité