Giordano Bruno est-il mort sur le bûcher pour avoir défendu l’Héliocentrisme?
Une publication du 17 février 2025 de Sciences et Avenir, sur Facebook, déclare:
« Le 17 février 1600, le moine et philosophe italien Giordano Bruno meurt sur le bûcher pour avoir défendu l’héliocentrisme et l’infinité de l’Univers«
Michael Newton Keas est philosophe et historien des sciences. Son travail aborde les distorsions courantes de l’histoire, notamment celles qui concernent les soi-disant « âges sombres », Christophe Colomb, la terre plate et les procès de Giordano Bruno et de Galilée. Cette personne d’autorité va nous permettre de constater à quel point des publications affolantes sont aujourd’hui diffusées par des médias ou des sites de grande stature, égarant les lecteurs et renforçant des biais anti-chrétiens fondés sur une perception erronée de l’histoire.
Dans le livre Unbelievable: 7 Myths About the History and Future of Science and Religion, Michael Newton Keas déconstruit sept mythes courants sur la relation entre la science et la religion. Il critique l’idée que le Moyen Âge était une période d’obscurantisme scientifique, que les scientifiques ont toujours été des rationalistes athées en lutte contre l’Église, ou encore que la religion freine systématiquement le progrès scientifique. Keas démontre que de nombreux pionniers de la science moderne étaient profondément religieux et que certaines croyances populaires sur Galilée, Giordano Bruno ou l’obscurantisme médiéval sont en réalité des distorsions historiques. Il explore également la manière dont ces mythes influencent les débats contemporains sur la science, la religion et la vision du futur.

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L’analyse de Michael Newton Keas sur Giordano Bruno vise à corriger l’image populaire du « martyr de la science » souvent véhiculée dans la culture contemporaine. Plusieurs points vont être soulignés dans cet article.
Bruno et l’astronomie
Contrairement à une idée répandue, Bruno n’était pas un astronome au sens expérimental du terme. Ses idées sur l’infinité de l’univers et la pluralité des mondes étaient davantage d’inspiration philosophique et théologique que de véritables hypothèses scientifiques testables. Keas note que Nicholas de Cusa avait déjà suggéré une vision similaire bien avant lui, ce qui relativise l’originalité des pensées de Bruno dans ce domaine.
Bruno et la science
Keas rappelle que des scientifiques de renom comme Johannes Kepler ne considéraient pas Bruno comme un véritable contributeur à la science, en raison du manque de rigueur expérimentale dans ses idées. Contrairement à Copernic ou Galilée, qui travaillaient avec des bases mathématiques et observationnelles solides, Bruno spéculait davantage sur des concepts métaphysiques.
Les véritables raisons de son exécution
Giordano Bruno a été arrêté en 1592 à Venise, puis transféré à Rome en 1593, où il a passé sept ans en prison avant d’être jugé par l’Inquisition. Après avoir refusé de se rétracter, il a été condamné à mort en février 1600. Il a été brûlé vif sur le bûcher le 17 février 1600 à Rome, sur la place du Campo de’ Fiori, après avoir été condamné par l’Inquisition romaine pour hérésie.
Bruno a été accusé de plusieurs hérésies théologiques, notamment :
- Le rejet de la Trinité et de la divinité du Christ.
- La négation de la transsubstantiation.
- Une vision panthéiste de Dieu, considérée comme incompatible avec le christianisme (il voyait Dieu comme immanent dans l’univers, ce qui contredisait la doctrine chrétienne).
- La croyance en une infinité de mondes habités, bien que cela ne fût pas la principale raison de son exécution.
- Le rejet de certaines doctrines catholiques fondamentales.
Michael Newton Keas rejoint d’autres historiens en affirmant que Bruno a été condamné pour des motifs théologiques, et non pour ses idées cosmologiques. Ses hérésies incluaient le rejet de la Trinité et du Christ historique, des positions qui l’ont mis en conflit avec l’Église catholique, mais aussi avec les réformateurs protestants.
« Bruno, le philosophe et mystique … n’a pas été exécuté pour son adhésion au copernicanisme, mais pour une série d’hérésies théologiques centrées sur sa vision de la Trinité, des hérésies pour lesquelles d’autres catholiques avaient déjà été exécutés auparavant. Il n’est pas, comme on l’a souvent prétendu, un martyr de la science. » (p. 57)
Keas remet en question la vision romantique de Bruno comme précurseur de la science moderne. Il était avant tout un philosophe spéculatif et un provocateur théologique, et non un scientifique méthodique. Son exécution, bien que tragique, ne fait pas de lui un « martyr de la science », mais plutôt un dissident religieux persécuté dans un contexte où l’hérésie était durement réprimée.
Giordano Bruno n’est pas mort pour des raisons scientifiques, mais pour des hérésies théologiques. Il n’est donc pas correct d’écrire « Le 17 février 1600, le moine et philosophe italien Giordano Bruno meurt sur le bûcher pour avoir défendu l’héliocentrisme et l’infinité de l’Univers« .
Personnalité et excommunications
Keas insiste sur le fait que Bruno n’était pas seulement un penseur controversé, mais aussi une personnalité provocatrice et arrogante. Il a été excommunié par plusieurs courants religieux (catholiques, calvinistes, luthériens), ce qui montre que son opposition au christianisme allait bien au-delà d’un simple conflit avec l’Inquisition romaine.
Bruno, héros de la liberté d’expression, mais pas de la science
Si Bruno peut être vu comme un défenseur du droit à la libre pensée, son influence sur la science demeure marginale. Keas souligne que le mythe du « martyr scientifique » repose sur une simplification historique et une instrumentalisation idéologique, plutôt que sur des faits rigoureux.
Une mort tragique mais pas un « martyr de la science »
La mort de Giordano Bruno est tragique car elle illustre l’intolérance religieuse de l’époque, mais elle n’était pas motivée par un rejet de ses idées scientifiques. Son exécution relève d’un conflit théologique et non d’une opposition entre science et religion.
Le mythe du « martyr de la science » a été popularisé plus tard, notamment au XIXe siècle, par des courants anticléricaux qui ont voulu faire de Bruno une victime du dogmatisme religieux contre la science. Mais historiquement, il a été brûlé pour des croyances religieuses hétérodoxes, et non pour ses idées cosmologiques.
Giordano Bruno ne peut donc être invoqué pour argumenter que l’église empêchait à la science de se développer. Au contraire les branches scientifiques modernes ont été créées par des chrétiens dans les sociétés européennes, pas ailleurs.

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