|

La Sélection Naturelle peut-elle faire partie du Modèle Créationniste?

L’idée que Dieu aurait utilisé la sélection naturelle comme moyen de création, un processus fondé sur la mort des plus faibles, la souffrance, et l’élimination des moins aptes, entre en profond conflit avec la révélation biblique du caractère de Dieu, tel qu’il est pleinement manifesté en Jésus-Christ. Le cœur de l’Évangile repose sur la compassion envers les faibles, la guérison des malades, et le salut des perdus. Jésus ne sélectionne pas les plus forts ; il s’abaisse pour servir les plus fragiles. Penser que le Créateur aurait façonné la vie à travers un mécanisme où la survie dépend du rejet des plus vulnérables, c’est attribuer à Dieu une logique cruelle, opposée à sa nature aimante, rédemptrice et miséricordieuse.

Un tel raisonnement, que l’on retrouve dans certaines tentatives de conciliation entre foi et darwinisme théiste, ne tient pas compte du contraste fondamental entre le récit biblique de la Création et la logique de la sélection naturelle. Selon les Écritures, Dieu crée un monde « très bon », sans mort, sans compétition, sans lutte brutale pour la survie. Ce n’est qu’après la chute que la souffrance et la mort entrent dans le monde, non comme un outil créatif, mais comme une conséquence du péché. Utiliser la sélection naturelle comme moyen de création reviendrait à faire de la mort et de la destruction les instruments divins du progrès, alors que dans l’Évangile, Dieu vainc la mort, il ne s’en sert pas. Une telle vision n’est pas seulement étrange: elle est incompatible avec l’image biblique du Créateur et du Sauveur.

Le piège d’intégrer la sélection naturelle dans un modèle créationniste

Pour faire comprendre ce problème pernicieux d’intégrer la sélection naturelle dans un modèle créationniste, l’idéal pour moi est de citer le Dr Randy Guliuzza. Premièrement on part d’un exemple connu:

Pendant des décennies, les manuels de biologie ont présenté l’histoire des poissons cavernicoles comme un exemple classique de sélection naturelle. Selon le récit darwinien, ces poissons, qui ont colonisé des grottes sombres, auraient progressivement perdu leurs yeux en raison de mutations aléatoires, combinées à une sélection négative contre les individus voyant, car les yeux inutilisés dans l’obscurité deviendraient susceptibles aux infections ou consommeraient inutilement de l’énergie. Seuls les mutants sans yeux auraient été « sélectionnés » par l’environnement, car plus adaptés. Ce récit présente la nature comme un sculpteur aveugle: elle élimine les inadaptés et conserve les variantes accidentellement bénéfiques.

Inscrivez vous sur QQLV!

Pour soutenir l’effort du ministère et la création de contenus:

La sélection naturelle explique la ressemblance des individus au sein d’une espèce?

Guillaume Lecointre déclare dans sa conférence au Jardin Botanique de Nancy « qu’est-ce que l’évolution »:

La sélection naturelle, en éliminant les variations les plus extrêmes, compte tenu du milieu du moment, va maintenir sur le court terme une moyenne et cette moyenne de forme, j’en fais une espèce pour le moyen de mon language. La sélection naturelle en première instance vous explique pourquoi ça se ressemble alors que ça part dans tous les sens normalement.

Cette affirmation repose sur l’idée que la variation aléatoire serait la norme biologique, comme si les organismes avaient naturellement tendance à diverger massivement, sauf intervention de la sélection naturelle pour freiner cette dispersion. Mais dans la réalité:

  • Les organismes d’une même espèce se ressemblent parce qu’ils partagent un patrimoine génétique commun.
  • Même avec des mutations, la majorité des individus restent génétiquement et morphologiquement proches, en raison de la stabilité des mécanismes de réplication, de réparation de l’ADN, et de régulation du développement embryonnaire.

Ce n’est pas la sélection naturelle qui génère la ressemblance, mais le cadre génétique héréditaire, qui contraint fortement les variations possibles. Dire que sans sélection « ça partirait dans tous les sens » est une projection idéologique, pas un fait.

Les organismes d’une même espèce se ressemblent parce qu’ils descendent de parents communs qui leur ont transmis les mêmes gènes.

Les variations observées sont mineures (couleur, taille, etc.) et rentrent dans les limites de plasticité génétique : il n’y a ni chaos, ni transformation brutale.

Parler de la sélection naturelle comme mécanisme principal de stabilité morphologique est donc inexact : c’est la transmission génétique fidèle qui maintient la cohérence des traits d’une espèce.

La phrase selon laquelle « la sélection naturelle explique pourquoi ça se ressemble alors que ça partirait dans tous les sens » est scientifiquement inexacte. Ce ne sont pas des forces sélectives extérieures qui assurent en premier lieu la ressemblance des individus, mais la transmission héréditaire de l’information génétique. L’idée que les formes vivantes ont une tendance naturelle au chaos morphologique sans la régulation de la sélection est une vision évolutionniste hypothétique, non confirmée par l’observation : dans la réalité, les variations restent limitées, et les structures sont conservées par des processus internes de régulation biologique.

La parade créationniste « ce n’est pas un gain, c’est une perte » est-elle légitime?

Le Dr Randy Guliuzza rejette radicalement cette explication que la nature agit comme un sculpteur aveugle qui élimine les inadaptés et conserve les variantes accidentellement bénéfiques. D’abord, il souligne que cette histoire repose sur une personnification trompeuse de la nature, qui agit ici comme un éleveur ou un ingénieur — ce qu’elle n’est pas. Ensuite, il montre que les données récentes ne confirment pas du tout ce scénario lent et passif. Des populations de poissons de surface exposées à des environnements souterrains (obscurité, eau acide, faible oxygène) manifestent des réponses adaptatives rapides, parfois en une seule génération : perte de pigmentation, changements métaboliques, modifications sensorielles. Et inversement, des poissons cavernicoles peuvent réactiver leur pigmentation lorsqu’ils sont exposés à la lumière. Cela suggère que ces adaptations ne sont pas le fruit de mutations sélectionnées, mais de mécanismes internes déjà présents, activés selon les conditions.

Chez les évolutionnistes, on soutien un discours comme celui du zoologiste Guillaume Lecointre:

Pour qu’il y ait de la sélection naturelle, il faut qu’il y ait de la variabilité… les espèces sont malléables

La question incisive est « d’où vient cette variabilité » à l’origine. En fait le potentiel de variation des organismes est conséquent mais il n’est pas infini. Les croisements de chien, donneront toujours des chiens. Cette idée que les espèces sont malléables est également erronées. L’environnement ne modèle pas un organisme comme on pétrit une pâte à pain ou une pâte à modeler. Les organismes sont prévus pour s’adapter et disposent de caractéristiques anticipatoires, dont ils disposent, avant même qu’un environnement ne nécessite de les activer.

Pour Guliuzza, ce cas emblématique des poissons cavernicoles démontre que l’adaptation ne vient pas de l’extérieur, mais de l’intérieur de l’organisme. Les poissons ne sont pas des morceaux de pâte à modeler façonnés lentement par leur environnement : ce sont des entités actives, intelligemment conçues, capables de détecter, analyser et réagir aux changements. La perte ou la réduction des yeux dans l’obscurité n’est pas le résultat d’une élimination aveugle de mutants, mais d’un processus intégré de régulation génétique, prévu pour permettre à l’organisme de s’adapter à des environnements variables. Cette capacité témoigne du génie d’ingénierie du Christ Créateur, et non d’un bricolage aveugle du hasard.

Ainsi, l’exemple des poissons cavernicoles, loin de confirmer le darwinisme, illustre la validité du modèle CET (Continuous Environmental Tracking): un cadre où les êtres vivants sont des agents adaptatifs actifs, conçus pour s’ajuster dynamiquement à un monde changeant, non pour survivre au prix des faibles, mais pour prospérer dans la diversité, à la gloire de leur Créateur.

Citons maintenant directement Guliuzza:

« [historiquement Guliuzza disait sur les poissons cavernicoles que la sélection naturelle et les mutations] Cela explique la perte des yeux, mais pas le gain des yeux — comme si le fait d’accepter tout le concept d’essais et d’erreurs, triés par la nature, permettait de gagner la partie… à condition d’y ajouter une petite réserve : “ça n’explique que la perte, pas le gain.

Le problème, c’est que dès qu’on accepte ce mécanisme, ces essais et erreurs triés par une personnification de la nature, on a déjà perdu la partie, que l’on mette ou non cette réserve, parce qu’on ne débat plus alors avec les évolutionnistes de la validité du concept, ni même de son caractère observable, mais seulement du degré de ce que la sélection naturelle peut ou ne peut pas faire. »

« On m’a appris que la “pression sélective”, c’était comme une force de modelage, qui façonnait les organismes.
Je ne voyais pas du tout les organismes comme des entités actives capables de résoudre des problèmes ; je les voyais plutôt comme de l’argile passive qu’on modèle, parce que c’est exactement ce qu’on m’a inculqué.

Bien sûr, j’ajoutais toujours une petite réserve :Oui à la sélection naturelle, mais elle ne peut pas tout faire, contrairement à ce que Darwin prétend.

Ce que je ne réalisais pas, c’est que le simple fait d’adopter cette vision externaliste me plaçait dès le départ sur une mauvaise trajectoire, sur le mauvais terrain, en plein dans le camp de Darwin. »

« Quand on aborde les choses selon cette perspective externaliste, on cherche au mauvais endroit, dès le départ. On regarde dehors, alors que le fonctionnement a lieu à l’intérieur des organismes.

Mais dès qu’on adopte une vision internaliste, on observe l’organisme pour ce qu’il est réellement: une créature conçue par le Seigneur, un être actif capable de résoudre des problèmes. Il n’a pas été créé pour survivre dans un monde où règne la mort, mais pour prospérer, se multiplier et remplir la terre, une terre dynamique, dès le commencement.

Ainsi, quand les organismes manifestent cette grande capacité à s’adapter, ils révèlent en réalité le génie d’ingénierie du Seigneur Jésus, qui a placé cela en eux. Cela glorifie Dieu, et cela nous remet sur la bonne voie: celle où l’adaptation est une fonction active, intégrée, où l’organisme contrôle réellement ses ajustements et ses changements au fil du temps. »

« J’ai été dupé. J’utilisais la sélection naturelle comme une force opérante. Je pensais la limiter en disant: “tout ce que la sélection naturelle peut faire, c’est…” — j’essayais d’en limiter l’influence.

Mais le simple fait de dire “elle peut faire…”, comme si c’était un éleveur, c’était déjà trop: j’avais déjà tout cédé. »

certains chrétiens ou créationnistes cherchent à accommoder la sélection naturelle dans leur vision du monde, en disant par exemple :

« D’accord pour la sélection naturelle, mais elle ne peut pas tout faire. »

Ce que démontre Guliuzza, c’est que même cette version modérée est dangereuse, car elle accepte le mécanisme darwinien de base: la nature trie des organismes par essais/erreurs, éliminant les moins adaptés. C’est abandonner le terrain biblique, et jouer avec les règles de Darwin.

Dès qu’on admet que la nature « sélectionne », même avec des limites, on ne discute plus de si la sélection naturelle est un bon mécanisme, mais seulement de jusqu’où elle peut aller. C’est une erreur de fond, pas de degré. Guliuzza oppose deux visions du vivant:

Vision externaliste (darwinienne)Vision internaliste (CET)
L’environnement façonne l’organismeL’organisme détecte l’environnement et s’adapte
L’organisme est passif, comme de l’argileL’organisme est actif, conçu pour résoudre
Sélection par éliminationAdaptation par design intégré

Quand Guliuzza dit qu’il voyait les êtres vivants comme de « l’argile passive », il critique l’idée que l’organisme subirait des pressions extérieures qui le « moulent » au fil du temps. Cette vision est fausse dès le départ, même si on l’adoucit avec des réserves:

« C’est l’environnement qui opère » mais c’est FAUX: c’est l’organisme qui agit.

Un exemple de « perte » qui signalerait une variation

Sur le site du Museum de l’Histoire naturelle de Paris on lit:

C’est Darwin qui a compris le premier l’importance jouée par la variabilité entre individus dans l’évolution. Il a su reconnaître que ces variations sont le fruit du hasard. Elles n’apparaissent pas pour les besoins du porteur. Prenons l’exemple du cristallin chez l’homme. La forme du cristallin peut varier suivant les personnes, entraînant une vue plus ou moins bonne qui peut nécessiter le port de lunettes.

https://www.mnhn.fr/fr/l-evolution-du-vivant

« Darwin a compris que les variations sont le fruit du hasard »
Cette affirmation repose sur une croyance philosophique, pas sur un mécanisme démontré. En réalité, rien ne prouve que les variations sont aléatoires dans leur origine profonde. De nombreux mécanismes biologiques régulent et orientent les mutations (ex. : épigénétique, systèmes de réparation de l’ADN, mutation ciblée, recombinaisons non aléatoires, etc.).

« Elles n’apparaissent pas pour les besoins du porteur »
Cette phrase nie toute forme d’adaptation proactive, pourtant observée dans plusieurs espèces. De nombreux cas d’adaptation rapide (légumes, bactéries, reptiles…) montrent au contraire des changements orientés vers des besoins immédiats ou prévisibles (voir modèle CET ou “continuous environmental tracking”).

« Prenons l’exemple du cristallin chez l’homme… »
Le cristallin est une lentille biologique d’une complexité extrême, avec une structure optique à gradient d’indice, des cellules différenciées sans noyaux, des protéines cristallines uniques, un positionnement parfait avec la rétine, etc. Il ne peut pas être expliqué par une simple accumulation de variations aléatoires.

Variation de forme du cristallin → port de lunettes
Cette variation n’est pas un « moteur de l’évolution », mais un défaut ou une perte de précision dans un système initialement optimal. Cela n’explique en rien l’apparition du cristallin, encore moins ses multiples composants interconnectés (muscles ciliaires, zonule de Zinn, cornée, rétine, nerf optique, cortex visuel…). La variation en question est plus une démonstration de la dégénérescence au fil des générations qu’une variation potentiellement utile. La plupart des cas « d’évolution » proposées sont souvent la « perte » de quelque chose. Cette dégradation n’a pas grand chose à voir avec l’environnement direct.

Le cristallin est un exemple classique de conception intégrée dans un système optique. Il fonctionne en synergie avec la cornée, les muscles oculaires et le cerveau visuel. Ce système :

  • répond en temps réel aux signaux lumineux,
  • ajuste la focalisation par accommodation,
  • est transparent malgré l’absence de vascularisation,
  • contient des protéines cristallines extrêmement stables (durée de vie > 70 ans !).

Les variations mineures du cristallin (myopie, hypermétropie, astigmatisme) ne sont pas des innovations évolutives, mais des dérèglements ou dégradations du système d’origine. Il est donc fallacieux de les utiliser pour illustrer un prétendu moteur évolutif basé sur le hasard.

Les variations du cristallin sont surtout dues à l’hérédité génétique (transmission de défauts génétiques dus à l’humanité vieillissante d’un point de vue génomique, c’est le concept de l’entropie génétique du Dr John Sanford), parfois combinées à des facteurs environnementaux (lecture prolongée, écrans, etc.). Elles ne représentent ni une innovation évolutive, ni une preuve de « sélection naturelle ».

Le Dr John Sanford soutient que les mutations génétiques s’accumulent continuellement dans les génomes des populations humaines (et animales), la plupart sont légèrement délétères (même si pas immédiatement visibles), ces mutations s’entassent dans le génome, car elles sont trop nombreuses, trop faibles individuellement, et souvent masquées (récessives). Le résultat est que le génome dégénère lentement, génération après génération.

Le cristallin est une structure optique extrêmement complexe:

  • Il doit être transparent, élastique, ajustable, sans vascularisation (ce qui rend la réparation difficile),
  • Il repose sur des protéines spécialisées (crystallines) très sensibles à la mutation.

Les défauts de cristallin, comme la myopie génétique (forte hérédité), la cataracte héréditaire, les défauts de forme ou d’opacité du cristallin chez l’enfant…peuvent être vus comme des effets cumulatifs de mutations délétères, ce qui cadre précisément avec la détérioration graduelle du génome décrite par Sanford. Nous sommes loin ici d’un processus évolutif pouvant permettre l’évolution de microbe à microbiologiste.

La résistance aux antibiotiques, souvent citée par les évolutionnistes, est elle aussi une variation mineure dans un système déjà conçu, souvent régressive, parfois préprogrammée, et jamais créatrice de nouveauté biologique significative. La bactérie résiste en activant ou désactivant quelque chose. L’adaptation est souvent rapide, ce qui montre que les organismes ont une capacité intégrée à répondre à leur environnement. Elle se fait au sein d’une même espèce (le microbe reste un microbe), sans changement de « catégorie taxonomique ».

La sélection naturelle n’a pas un problème de direction, mais de légitimité même du concept

Selon la Bible, Dieu a créé les êtres vivants:

  • pour prospérer, se multiplier, remplir la terre (Genèse 1:28),
  • dans un monde sans mort à l’origine (avant la chute),
  • avec une capacité intelligente, intégrée et dynamique à s’adapter.

L’adaptation, en conséquence, glorifie le Créateur, elle ne prouve pas la sélection naturelle, mais l’intention du Designer.

Quand Guliuzza dit:

« Le simple fait de dire ‘la sélection naturelle peut faire ceci’… c’est déjà tout perdre. »

Il souligne que donner une capacité opérante à la sélection naturelle, même en disant « elle ne fait pas tout », c’est lui attribuer un pouvoir quasi divin ou une intelligence, comme un éleveur. Or, la sélection naturelle n’est pas une force active, ce n’est qu’un concept humain, une observation passive de ce que les organismes font. Ce sont eux qui détectent, traitent, réagissent, changent, ce n’est pas la nature.

J’ai vu des chrétiens être décontenancés par des évolutionnistes de haut niveau. Si l’on accepte que les mutations (même rares) et la sélection naturelle puissent produire des variations fonctionnelles utiles à l’intérieur d’un genre (baraminologie), alors on accepte, au fond, l’idée que ce mécanisme est capable de générer du changement biologique progressif. Et alors une question surgit naturellement:

Si ça marche pour adapter un poisson cavernicole ou faire varier les canidés, qu’est-ce qui empêcherait ce mécanisme de franchir les frontières de genre à long terme? Pourquoi s’arrêter là?

Guliuzza insiste que ce n’est pas une question de degré, mais de nature du mécanisme. Car une fois que l’on accepte que l’environnement façonne l’organisme par mutations sélectionnées, on a validé le principe darwinien. Le débat ne porte plus alors sur la légitimité du mécanisme, mais seulement sur sa puissance.

Les créationnistes traditionnels affirment souvent:

Les mutations peuvent dégrader l’information génétique (ex. : perte de la vue, variation de taille), mais elles ne peuvent pas créer de nouveaux plans d’organisation.

Mais Guliuzza va plus loin. Il dit que même cette vision est dangereuse, car elle suppose que certaines mutations pourraient être utiles et que la sélection pourrait en faire quelque chose de constructif.

Or, si l’on dit que des mutations peuvent être bénéfiques dans certains cas (même pour simplifier ou spécialiser), qu’est-ce qui empêche un évolutionniste de dire que ces mêmes principes peuvent produire des structures complexes à long terme

Si on accepte que les mutations soient fonctionnelles en descendant (perte d’yeux, dépigmentation, spécialisation), alors pourquoi seraient-elles forcément nuisibles en « montant » (complexification, innovation)?
Les évolutionnistes ne prétendent pas que les mutations sont toutes bénéfiques, seulement qu’il suffit d’accumuler les rares favorables.

C’est pourquoi accepter le cadre de la sélection naturelle, même limité, revient à légitimer son extension logique et à perdre la base même d’une vraie alternative créationniste.

Guliuzza propose de rejeter la sélection naturelle comme moteur opérant, et de reconnaître que:

  • l’adaptation est intégrée dès la création,
  • les organismes sont conçus pour s’adapter activement, sans tri externe,
  • la variation n’est pas le fruit du hasard, mais d’un design prévu.

Ainsi, on évite la dérive logique:

Si la microévolution marche par hasard + sélection, alors la macroévolution c’est juste une microévolution qui s’accumule.

Contrairement au modèle évolutionniste où l’organisme subit des mutations aléatoires que la sélection trie, le modèle CET propose que les êtres vivants possèdent:

des systèmes intégrés de détection, d’analyse et de réponse à l’environnement, capables de générer des variations prévisibles et ciblées, conçues pour favoriser l’adaptation sans passer par un processus d’essais-erreurs aléatoires.

Ces systèmes produisent de la variabilité par des mécanismes programmés. Les principales sources de variation dans CET (non mutagènes ou peu mutagènes) sont les suivantes:

a) Régulation épigénétique

  • Modifications réversibles de l’expression des gènes (méthylation, histones).
  • Permet des changements rapides et héréditaires sans toucher à l’ADN.
  • Ex: un poisson de surface devient dépigmenté dans l’obscurité → activation/répression de gènes spécifiques.

b) Recombinaison génétique

  • Mélange d’allèles déjà présents via reproduction sexuée.
  • Créée par design pour générer diversité au sein d’un cadre stable.
  • Très différent des mutations aléatoires: c’est un mécanisme ordonné.

c) Transposition génomique (éléments mobiles)

  • Certains éléments d’ADN se déplacent dans le génome.
  • Cela peut être dirigé par des signaux environnementaux.
  • C’est une variation structurelle potentiellement rapide et régulée.

d) Détection et signalisation environnementale intégrée

  • L’organisme détecte un changement externe (pH, température, lumière, etc.)
  • Cela déclenche des boucles de régulation qui ajustent la physiologie ou le phénotype.
  • Ex : bactéries, plantes, poissons cavernicoles, etc.

e) Systèmes adaptatifs intégrés (sensing + réponse)

  • Le cœur du CET: un triplet détecteur–processeur–répondeur.
  • Similaire à une machine automatisée qui s’ajuste continuellement.

Et les mutations?

Le modèle CET ne nie pas que les mutations existent mais elles sont considérées comme des accidents ou des défauts du système, rarement bénéfiques. Elles ne sont pas le moteur de l’adaptation et elles produisent de la dégénérescence ou des variations superficielles, mais ne génèrent pas de nouveauté fonctionnelle intégrée.

Les athées sont d’accord: la sélection naturelle est incompatible avec la Bible et Jésus

Jacques Monod qui était un biochimiste français, illustre bien cette incompatibilité entre la sélection naturelle et la Bible1:

«La lutte pour la vie et l’élimination des plus faibles est un processus horrible contre lequel se révolte toute notre éthique moderne. Une société idéale est une société non sélective, une société où les faibles sont protégés; ce qui est exactement l’inverse des soi-disant lois naturelles. Je suis surpris qu’un chrétien défende l’idée que c’est le processus que Dieu a plus ou moins mis en place pour avoir l’évolution»

A. E. Wilder-Smith (1915–1995) était un scientifique britannique d’origine suisse avec un esprit brillant et trois doctorats. Ses nombreux livres présentaient un défi scientifique important à l’évolution, mais il s’opposait également à l’idée de l’évolution théiste. Il a souligné qu’une telle idée était contraire aux miracles de guérison de Jésus2:

«Si Dieu a agi de cette manière, avec cette méthode [de l’évolution], alors Jésus n’aurait jamais dû prêcher le sermon sur la montagne parce que Jésus est le Créateur.

Toutes choses ont été faites par lui et pour lui, pour sa gloire et sa jouissance. Maintenant, s’il a fait le monde par le processus d’élimination des handicapés et des malades, alors il n’aurait jamais dû dire: ‘Heureux ceux qui sont doux, car Dieu leur donnera la terre en héritage‘ …

Vous voyez, tout ce qui est chrétien, tout ce qui est vraiment l’esprit du Christ, est brisé, si vous dites que cela s’est fait par le mécanisme de la théorie néo-darwinienne; c’est-à-dire, par mutation fortuite et sélection naturelle triant les inaptes des plus forts, pour que la race puisse s’élever. »

Je vous renvoie à une vidéo où j’expliquais comment la Bible décrit un monde végétarien et sans mort pour les animaux, suivi de la chute de l’homme dans le Jardin d’Eden et de l’introduction d’un modèle carnivore (autorisé après le Déluge par Dieu mais initialement proscrit dans la création « très bonne » de Genèse 1). L’idéal de Dieu se trouve dans Esaïe 11:6-9 où tous les animaux vivent ensemble sans s’entretuer (promesse de restauration de ce modèle pour la nouvelle création promise en Esaïe 65, 66 et Apocalypse 21).

La cohérence interne

La cohérence interne impose de choisir:

  • Soit on adopte la logique de la sélection naturelle et des mutations comme moteur et alors, on accepte son extension darwinienne.
  • Soit on refuse ce cadre, et on propose un modèle radicalement différent, centré sur le design, l’intention, et l’intégration, comme le fait Randy Guliuzza avec CET.

Dans la perspective biblique, ce type de souffrance n’est pas le reflet du monde tel que Dieu l’a initialement créé, mais d’un monde déchu. Le récit de la Genèse nous apprend que la mort, la prédation, la douleur et la peur ne faisaient pas partie du « très bon » état originel de la Création (Genèse 1:31). Ce n’est qu’après la chute de l’homme que « la création a été soumise à la vanité » (Romains 8:20) — un renversement qui a affecté toute la nature, y compris les relations entre les animaux.

La prédation, telle que celle des dragons de Komodo, n’est pas un mécanisme créé pour exister éternellement, mais un résultat de la malédiction. Les instincts de chasse, les toxines, les crocs et les griffes n’étaient pas nécessaires dans le monde sans péché. Ces caractéristiques peuvent être des modifications secondaires de structures créées à l’origine pour d’autres fonctions (ex. : régulation, compétition non létale, ou même fonctions végétariennes).

Ce constat n’aboutit pas au désespoir. Il pointe vers l’attente biblique d’une restauration:

« Il n’y aura plus de mort, ni de deuil, ni de cri, ni de douleur » (Apocalypse 21:4),
« Le loup habitera avec l’agneau… le lion, comme le bœuf, mangera de la paille » (Ésaïe 11:6–7).

La solution n’est pas dans l’acceptation darwinienne de la souffrance comme moteur du progrès, mais dans la rédemption cosmique opérée par Christ, le Créateur devenu Sauveur.

Paley: une nature à la fois conçue et corrompue

Dans son ouvrage majeur Natural Theology (1802), William Paley soutenait que la complexité fonctionnelle des êtres vivants (l’œil, les ailes, les systèmes de reproduction, etc.) pointe incontestablement vers un Créateur intelligent. Il a utilisé l’analogie célèbre de la montre: si une montre indique un design, combien plus un œil ou un système nerveux. Mais Paley n’était pas naïf. Il reconnaissait que la nature porte aussi les marques de souffrance, de prédation, de maladie, de dysfonctionnements. Il n’idéalisait pas la création comme parfaite au sens actuel, mais il disait ceci en substance:

« Ce n’est pas parce que nous voyons de l’imperfection que nous devons nier le dessein. »
(Natural Theology)

Autrement dit, l’existence du mal dans la nature ne nie pas le design, mais suppose que ce monde a été altéré.

  1. Interview with Jacques Monod by Laurie John, The Secret of Life, Australian broadcasting commision science unit, 10 june 1976.
  2. «Arthur Ernest Wilder Smith – Evolution vs Creation», une conférence enregistrée des années 1980, youtube.com; consulté le 4 août 2020. Le matériel cité (1: 17: 38-1: 18: 33) est tiré d’une section à la fin de la conférence où il critique l’évolution théiste.

Inscrivez-vous sur QQLV!

Pour soutenir l’effort du ministère et la création de contenus:

RECEVEZ DU CONTENU par email

Recevez du contenu biblique, archéologique et scientifique dans votre boîte mail!

Voir la politique de confidentialité