Le Déluge de Noé n’a pas pu être local
Un position centrale du créationnisme Terre vieille (CTV) et des évolutionnistes théistes est de rendre le déluge de Noé local. L’argument repose sur une relativisation des termes et de certaines paroles de l’Eternel. Par exemple quand Dieu dit dans Genèse 7:4 « Car dans sept jours, je vais faire pleuvoir sur la terre durant quarante jours et quarante nuits et j’effacerai de la surface de la terre tous les êtres que j’ai créés. » les CTV disent qu’il ne s’agissait pas de la Terre mais de la région ou du pays. Quand il est dit « Le niveau de l’eau montait de plus en plus, de sorte que toutes les hautes montagnes sous tous les cieux furent submergées. » les CTV soulignent qu’il s’agit d’expressions hyperboliques ou relatives du point de vue de l’observateur: Noé. Ce verset décrirait une inondation massive mais locale, couvrant toutes les montagnes visibles ou connues dans la région de Mésopotamie.
Pourquoi interpréter localement le Déluge?
Le moteur sous-jacent aux interprétations locales n’est pas motivé par le texte biblique en lui-même. Les CTV considèrent qu’un déluge mondial n’est pas confirmé par les données géologiques globales et que l’histoire du déluge dans la Bible a une portée théologique plus que strictement géophysique.
Les Pères de l’église et écrivains anciens sur le Déluge
Une chose intéressante à noter est que les CTV, qui citent beaucoup Augustin sur Genèse 1 en raison de sa « création instantanée » (à tort car Augustin indiquait que la Terre avait moins de 6 000 ans à son époque) plutôt qu’en six jours, parlent moins de lui quand il s’agit de Genèse 6-9. Augustin a en effet défendu l’historicité du Déluge mondial qui a emporté tous les êtres-humains sauf 8 personnes. Augustin a même critiqué ceux qui ne voulaient voir en le Déluge que des éléments allégoriques, même si bien sûr il préfigurait de nombreuses choses au sujet de Jésus et de l’église. Jésus dira « je suis la porte », ce qui est en lien avec la porte de l’arche que Dieu avait lui-même fermé.
En fait, aucun Père de l’Église ou écrivain ancien majeur connu, n’a interprété le Déluge comme un événement local. Les Pères de l’Église, dans leur très grande majorité, croyaient en un Déluge universel, qui avait recouvert toute la terre, conformément à une lecture simple du texte de Genèse 6–9. Parmi ces personnes on retrouve Philon, Josèphe, Justin Martyr, Théophile d’Antioche, Tertullien, Grégoire de Naziance, Jean Chrysostome, Augustin d’Hippone etc…

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Le déluge local est-il argumentable de manière logique?
Comme avec Genèse 1, les CTV tentent, dans l’étude linguistique, de trouver des solutions alternatives au Déluge mondial. L’objectif étant fixé, il est atteint, mais cela est perdre de vue la logique narrative et théologique de la Bible dans son ensemble. Si l’étude linguistique des CTV était correcte, ce qui serait étrange, car alors il faudrait comprendre l’inverse de ce qui ressort naturellement et de ce que les chrétiens et les juifs ont compris dans l’histoire, elle devrait être confirmée par une mise en cohérence des Paroles de Jésus et des apôtres, à défaut d’être soutenue par les Pères de l’église, les savants du moyen-âge et les réformateurs.
A ce titre Jésus dans le célèbre Matthieu 24, compare son retour au déluge de Noé. Si le retour de Jésus et le jugement ont une portée mondiale, alors la comparaison confirme que le Déluge était lui aussi mondial. L’apôtre Pierre de son côté a défendu que seules 8 personnes ont été sauvées des eaux du déluge (1 Pierre 3:20).
Pierre disait encore:
2 Pierre 3:5-7
Mais il y a un fait que ces gens oublient délibérément : c’est que Dieu, par sa parole, a créé autrefois le ciel et la terre. Il a séparé la terre des eaux et il l’a rassemblée du milieu des eaux. De la même manière, Dieu a détruit le monde d’alors par les eaux du déluge. Quant à la terre et aux cieux actuels, ils sont réservés par cette même parole pour être livrés au feu : ils sont gardés en vue du jour du jugement où tous ceux qui n’ont aucun respect pour Dieu périront.
L’Apôtre Pierre se place dans la même dynamique comparative que Jésus dans Matthieu 24. Il croyait clairement que le Déluge avait été mondial tout comme le second jugement par le feu le sera. L’interprétation régionale ou du pays est complètement exclue par Pierre. Il considère que Dieu a détruit la Terre qu’il avait créé.
On peut d’ailleurs se demander l’utilité d’une arche si le Déluge était local et prévisible longtemps à l’avance? Noé aurait pu, comme Lot à Sodome, s’enfuir de la région menacée et les animaux n’auraient pas eu besoin d’être sauvés puisqu’ils existaient dans d’autres régions éloignées de la Mésopotamie. Tout au plus, les animaux, plutôt que de venir dans l’arche, auraient simplement pu fuir comme Noé et les autres, comme les animaux ont tendance à le faire quand ils sentent un danger. Puis, à quoi bon récupérer les oiseaux dans l’arche puisqu’ils peuvent échapper à une inondation locale en s’envolant? Et pourquoi une arche d’une taille si démesurée?
Enfin pourquoi le Déluge aurait durer un an en tout s’il était local? Comment se fait-il qu’il ait fallu autant de temps pour que les eaux redescendent? C’est sans commune mesure avec les inondations que nous avons observé depuis dans l’histoire. Dieu a d’ailleurs promis de ne plus envoyer le Déluge dans Genèse 9, pour « détruire toutes les créatures ». Mais si nous disons que le Déluge a été local, alors nous faisons de Dieu un menteur parce qu’il y a eu de nombreuses inondations dans l’histoire, mais si c’était un Déluge mondial alors Dieu a tenu sa promesse. Et l’alliance contractée par Dieu aurait-elle été contractée uniquement avec les Mésopotamiens?
L’origine de la théorie du déluge local
C’est à partir des années 1800–1850, avec des figures comme Charles Lyell ou James Hutton, qui ont introduit les idées de la stratification lente, du gradualisme et de la longue durée géologique que le modèle du déluge global est devenu difficile à maintenir dans la perspective évolutive. Certains croyants ont alors commencé à proposer un déluge local, centré sur la Mésopotamie ou le Croissant fertile, pour sauvegarder la foi sans rejeter la science. Cette lecture est aujourd’hui soutenue par les créationnistes terre vieille, les théologiens libéraux, et les promoteurs du compromis évolution-bible.
Un déluge local ne peut pas recouvrir des montagnes
Un déluge local qui recouvre toutes les collines ou montagnes visibles d’une région est logiquement impossible. Par nature, l’eau s’écoule vers les zones les plus basses à moins d’être contenue (barrage, bassin, etc.). Donc si une inondation recouvre toutes les collines d’une région, elle ne peut être localisée. Elle doit aussi submerger toutes les régions environnantes plus basses.
Il n’existe aucune zone géographique sur Terre capable de retenir assez d’eau pour recouvrir toutes les « hautes montagnes sous tous les cieux » (Genèse 7:19) sans que l’eau déborde ailleurs. Même si l’on parle de montagnes modestes (ex. : collines mésopotamiennes), l’eau aurait forcément débordé et inondé bien au-delà.
Si on imagine de l’eau monter de 1000 à 3000 mètres pour couvrir les montagnes visibles, cela revient à un niveau de mer supérieur au niveau actuel des océans et donc à une submersion planétaire. Le texte ne dit pas seulement que les montagnes ont été atteintes, mais que l’eau les a dépassé de 15 coudées (~6-7 mètres). Cela indique une profondeur uniforme d’eau dépassant les plus hauts sommets, ce qui est impossible dans un cadre local.

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