GÉOLOGIE

palÉontologie

Où le Déluge se termine t-il dans la Colonne Géologique?

Dans le cadre de la géologie créationniste, la limite entre les strates déposées par le Déluge et celles formées après est sujette à débat. Depuis les années 1990, deux modèles principaux s’affrontent chez les créationnistes :

La fin du Déluge (Modèle K-Pg) serait à la fin du Crétacé (~66 Ma dans le cadre évolutif). Les créationnistes qui proposent cette limite pensent que le Déluge s’est terminé à la transition Crétacé-Paléogène (K-Pg) et que tous les sédiments post-K-Pg sont le résultat de catastrophes post-Déluge locales (souvent liées à l’ère glaciaire).

La fin du Déluge serait bien plus tard, au Pléistocène (~2,6 Ma dans le cadre évolutif). C’est le modèle N-Q ou Cénozoïque tardif. Les créationnistes qui proposent cette limite pensent que le Déluge ne s’est pas arrêté à la limite K-Pg mais considèrent que les strates du Cénozoïque sont majoritairement des dépôts de la phase de retrait du Déluge.

Ci-dessous la comparaison entre un modèle K-Pg créationniste et le modèle évolutif:

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Fossils and the Flood – Paul Garner

Dans cet article il est proposé que la partie « Flood sediments » soit repoussé vers le haut du Néogène.

La Turquie : Un site clé pour la limite du Déluge

La Turquie est considérée par de nombreux créationnistes comme le lieu d’atterrissage de l’Arche de Noé (Mont Ararat). Si le Déluge s’est terminé avant ou juste après la fin du Crétacé (K-Pg), alors les sédiments déposés après cette période devraient être principalement continentaux et non marins.

Un article de Timothy L. Clarey et Davis J. Werner a exploré la question de la limite entre les dépôts du Déluge et ceux post-Déluge en se basant sur des données géologiques de la région de la Turquie. Ils ont examiné les strates du Paléogène et du Néogène en Turquie et dans les régions voisines et ont trouvé des couches marines continues (carbonates, sels, sables glauconitiques) qui entourent totalement la Turquie. Ces sédiments marins couvrent des régions allant de l’Europe au Moyen-Orient, bien au-dessus de la limite basse K-Pg.

Si le Déluge s’était terminé au K-Pg (~66 Ma), alors ces sédiments marins post-K-Pg n’auraient pas dû exister dans cette région. Le fait qu’on trouve des couches marines s’étendant bien après le K-Pg suggère que l’inondation mondiale a continué au-delà de cette période.

Analyse du bassin sud de la mer Caspienne

Un autre article de Timothy L. Clarey et Davis J. Werner, publié dans le Journal of Creation, discute de la limite du Déluge, en utilisant le bassin sud de la mer Caspienne comme une preuve en faveur d’une limite tardive du Déluge, à la fin du Cénozoïque.

Le bassin sud de la mer Caspienne contient d’énormes volumes de sédiments cénozoïques. Ces sédiments dépassent largement les volumes observés dans les dépôts du Déluge jusqu’à K-Pg. Si ces sédiments étaient post-Déluge, ils devraient être limités en volume, mais ce n’est pas le cas.

Les sédiments marins du Cénozoïque sont massifs et continus. Cela suggère un dépôt catastrophique à grande échelle, plutôt qu’une série d’événements locaux. Ces strates sont composées de dépôts marins qui ne sont pas compatibles avec un environnement post-Déluge stabilisé.

La fin du Crétacé serait le pic du Déluge et non la fin

K-Pg pourrait être le « pic » du Déluge, c’est-à-dire le moment où l’eau a atteint son niveau maximal. Cependant le Déluge n’a pas pris fin immédiatement, une phase de retrait prolongée à travers le Cénozoïque a suivi. Le Cénozoïque serait donc une période de « récession des eaux du Déluge », expliquant pourquoi on y trouve encore d’immenses dépôts marins.

Présence de fossiles d’animaux géants après K-Pg

Deinosuchus et Sarcosuchus (des crocodiliens géants du Crétacé) sont trouvés avant K-Pg. Mais Purussaurus, Gryposuchus et Euthecodon (d’autres crocodiliens géants du Miocène/Pliocène) sont fossilisés après K-Pg. Ces derniers vivaient aussi dans le monde pré-Déluge (qui permettait le gigantisme, une maturation tardive et une forte longévité), mais ont été enterrés plus tard, pendant les dernières phases du Déluge. Ces fossiles suggèrent qu’ils ont vécu dans les mêmes conditions antédiluviennes.

Les baleines fossiles

Des études géologiques montrent que les sédiments marins du Cénozoïque couvrent une grande partie de l’Europe et des autres continents. Si les fossiles de cétacés provenaient d’événements post-Déluge locaux, ils devraient être limités à certaines zones spécifiques. Or, leur distribution est mondiale, ce qui n’est pas compatible avec une fin du Déluge à la limite K-Pg. Cela signifie que l’activité hydrologique catastrophique du Déluge s’est poursuivie bien après K-Pg.

Le Néogène est une phase de « drainage » des eaux du Déluge, qui a conduit à l’enterrement rapide et massif des cétacés et autres mammifères marins. Cela explique pourquoi les fossiles de baleines apparaissent de manière soudaine et en grand nombre.

À la fin du Pliocène (~2,6 Ma), une extinction massive des cétacés et autres mammifères marins est documentée dans le registre fossile. Cette extinction est mondiale, elle affecte de nombreuses espèces marines. Cet événement correspondrait à la fin du Déluge, lorsque les eaux se sont finalement retirées, laissant place au climat post-Déluge et à l’ère glaciaire.

Problème du modèle K-Pg : Difficulté à expliquer certains fossiles

Certains créationnistes qui défendent une fin du Déluge à K-Pg doivent expliquer l’apparition rapide des mammifères marins dans le Cénozoïque. Le modèle K-Pg implique que des proto-baleines dotées de pattes auraient survécu à l’Arche de Noé, puis se seraient rapidement transformées en vraies baleines en quelques centaines d’années. Ce scénario est similaire à l’explication évolutionniste et semble improbable dans un cadre créationniste.

Si la limite du Déluge était à K-Pg, alors tous les fossiles de baleines cénozoïques seraient des vestiges de petites catastrophes post-Déluge. Mais leur distribution globale et massive indique plutôt un phénomène catastrophique mondial. Cela suggère que le Déluge était toujours en cours pendant le Cénozoïque.

Une étude de Clarey, Werner et Tomkins a montré que des gisements massifs de charbon du Cénozoïque sont présents sur tous les continents. Dans plusieurs cas, ces gisements de charbon cénozoïques représentent plus de 50% de la production de charbon d’un continent.

Ces charbons résultent de végétation provenant de hautes altitudes qui a été arrachée et déposée dans des bassins lors de la phase de récession du Déluge. La formation de ces gisements de charbon coïncide avec l’élévation des montagnes, qui a causé un drainage massif des eaux et le dépôt des plantes dans de vastes bassins sédimentaires. Certains charbons cénozoïques sont même trouvés en mer, indiquant un lessivage des continents pendant la fin du Déluge.

Ces formations de charbon ne peuvent pas être expliquées par des événements post-Déluge locaux. Elles soutiennent l’idée que le Déluge était encore actif au Cénozoïque.

Une seconde étude de Tomkins et Clarey examine les fossiles cénozoïques en Amérique du Sud, en particulier autour des Andes. La cordillère des Andes est la plus longue chaîne de montagnes continentale du monde. Elle s’est formée tardivement, ce qui signifie que les eaux du Déluge ont continué à s’écouler à l’est des Andes, déposant de grandes quantités de plantes et d’animaux fossilisés.

Les fossiles montrent un mélange de fossiles terrestres et marins, ce qui est typique des dépôts du Déluge. On y voit un enfouissement progressif selon les altitudes, les premiers fossiles cénozoïques viennent de zones basses et les plus récents proviennent de régions plus élevées. Cela suit le modèle créationniste de zonation écologique (les habitats plus bas sont enterrés en premier).

La présence de fossiles terrestres et marins mélangés dans ces dépôts cénozoïques suggère une catastrophe hydrologique mondiale, et non des événements post-Déluge locaux. Cela confirme que la phase finale du Déluge se prolonge jusqu’à la transition Néogène-Quaternaire (~2,6 Ma).

Henry Morris, fondateur de l’ICR, avait déjà proposé dans son livre « The Genesis Flood » que les dépôts du Déluge s’étendaient presque jusqu’au sommet de la colonne géologique. À l’époque, cela restait une hypothèse. Les recherches actuelles valident cette idée, en montrant que les dépôts cénozoïques massifs sont bien liés au Déluge et non à des événements post-Déluge.

Le volume spectaculaire de sédiments déposés dans la méga séquence Tejas

Les Mégaséquences sont un concept géologique reconnu dans le modèle évolutif et ne sont pas exclusivement utilisées par les créationnistes. Elles ont été initialement décrites dans les années 1960 par Laurence Sloss, un géologue évolutionniste, et sont largement utilisées en stratigraphie séquentielle pour comprendre les dépôts sédimentaires à grande échelle.

Une Mégaséquence est une grande unité stratigraphique composée de plusieurs cycles de dépôts sédimentaires, formée par des transgressions et régressions marines sur les continents. Chaque Mégaséquence représente une période où les mers se sont avancées et retirées sur les continents, déposant des couches successives de sédiments.

Elles sont identifiées par des discordances majeures (des surfaces d’érosion entre deux grandes unités géologiques), ce qui indique des changements significatifs du niveau marin. De manière assez cocasse les évolutionnistes croient en plusieurs inondations des continents et reconnaissent que le monde a été recouvert d’eau.

Dans un cadre géologique conventionnel, les Mégaséquences sont expliquées par des cycles de montée et de descente du niveau des mers sur des centaines de millions d’années. Dans le cadre du modèle géologique du Déluge, les sédiments sont aussi regroupés dans ces grandes séquences sédimentaires qui se sont produites lors de l’année du Déluge1.

Les deux mégaséquences plus importantes pour notre discussion sont :

  1. La Zuni Megasequence (Mésozoïque, se terminant au Crétacé)
    • qui culmine avec les dépôts du Crétacé, qui sont associés au point maximal du Déluge.
    • K-Pg (~66 Ma) représente le « pic » du Déluge, moment où l’eau a recouvert toute la Terre.
  2. La Tejas Megasequence (Paléogène et Néogène, Cénozoïque)
    • qui contient d’énormes quantités de sédiments cénozoïques (Paléogène et Néogène).
    • qui est seconde en volume après la Zuni Megasequence, ce qui signifie que l’activité sédimentaire est restée massive après K-Pg.
    • Ces sédiments ne peuvent pas être simplement dus à des catastrophes locales post-Déluge, mais doivent plutôt être interprétés comme une phase de récession du Déluge. Ils coïncident avec l’élévation des montagnes et le creusement des vallées associés à la fin du Déluge dans le Psaume 104:6-9.
    • L’élévation des montagnes et des plateaux pendant cette période a contribué au drainage des eaux et à la fossilisation des derniers organismes du Déluge.

Expansion rapide du plancher océanique et subduction

Je fais ici référence au modèle de subduction accélérée (runaway subduction) proposé par le Dr John Baumgardner, qui est une explication géophysique du Déluge dans le cadre de la Terre jeune. L’expansion du plancher océanique et la formation de croûte océanique ne se sont pas arrêtées à K-Pg (~66 Ma), mais ont continué jusqu’au Pliocène (~2,6 Ma). Cela signifie que des processus tectoniques majeurs étaient toujours en cours après K-Pg. Selon le modèle du Déluge, environ 30 à 50 % du plancher océanique actuel s’est formé pendant la Tejas Megasequence (Paléogène et Néogène, Cénozoïque).

Le Dr John Baumgardner, géophysicien et créationniste, a proposé un modèle appelé « runaway subduction » (subduction accélérée) pour expliquer la tectonique du Déluge. Conventionnellement, la subduction (plongement d’une plaque océanique sous une plaque continentale) est vue comme un processus lent, prenant des millions d’années. Baumgardner propose qu’un effondrement thermique du manteau terrestre a provoqué une accélération extrême de la subduction, causant un mouvement des plaques tectoniques sur une courte période (quelques mois ou années au lieu de millions d’années).

Cette subduction aurait causé l’ouverture rapide des dorsales océaniques, provoquant une expansion massive du plancher océanique. Elle aurait contribué à l’élévation des eaux du Déluge en réchauffant l’eau des océans et en modifiant la topographie terrestre (course des continents plutôt que dérive lente). Un tiers à la moitié de la croûte océanique actuelle se serait formée pendant cette période, expliquant pourquoi les fonds océaniques actuels sont relativement jeunes en comparaison des continents.

Les énormes séismes générés par ces mouvements tectoniques auraient été catastrophiques pour toute civilisation humaine post-Déluge si la limite Déluge/Post-Déluge était à K-Pg (~66 Ma). Si le Déluge s’était terminé à K-Pg, alors ces gigantesques tremblements de terre du Cénozoïque auraient affecté les descendants de Noé et toute humanité post-Déluge. Or, le modèle créationniste ne prévoit pas une telle destruction post-Déluge. Cela suggère que le Cénozoïque (Tejas Megasequence) faisait encore partie du Déluge et non de l’ère post-Déluge.

La continuité des dépôts marins du Crétacé au Miocène

On observe la présence ininterrompue de roches carbonatées marines (calcaires) s’étendant du Crétacé (Zuni Megasequence, sous la limite K-Pg) jusqu’au Miocène supérieur (Tejas Megasequence, Cénozoïque) en Amérique du Nord et au Moyen-Orient, notamment en Irak. L’argument principal est que ces dépôts montrent que la région était encore sous l’eau bien après K-Pg (~66 Ma), ce qui implique que le Déluge n’était pas terminé.

Les roches carbonatées (calcaires, dolomies, etc.) sont typiquement déposées en milieu marin, généralement dans des eaux peu profondes. Leur présence continue depuis le Crétacé jusqu’au Miocène indique que ces régions sont restées submergées pendant toute cette période. Si le Déluge s’était terminé à K-Pg (~66 Ma), comment expliquer la présence continue de dépôts marins au-dessus de cette limite ?

Ces formations sédimentaires prouvent que la mer recouvrait encore ces zones pendant le Cénozoïque, ce qui est incompatible avec une fin du Déluge à K-Pg.

Les couches de calcaire sont continues, ce qui signifie qu’il n’y a pas eu d’interruption majeure dans la sédimentation marine entre le Crétacé et le Miocène. Si la mer avait brutalement disparu après K-Pg, on devrait observer une érosion importante ou des dépôts continentaux au-dessus des calcaires du Crétacé, mais ce n’est pas le cas. Au contraire, on observe une continuité des dépôts marins, ce qui signifie que le retrait des eaux s’est fait beaucoup plus tardivement.

Le Moyen-Orient, notamment l’Irak, est considéré comme le berceau des premières civilisations humaines après le Déluge (Babylone, Sumer, Akkad). Or, si ces régions étaient encore submergées par l’eau jusqu’au Miocène, il aurait été impossible pour les humains de s’y installer immédiatement après le Déluge et de construire la Tour de Babel. Cela signifie que le Déluge ne s’est pas terminé à K-Pg (~66 Ma), mais s’est poursuivi au moins jusqu’à la transition Néogène-Quaternaire (~2,6 Ma), laissant ensuite place aux premières civilisations.

Conclusion

Le Cambrien (~541 Ma) (ou un peu avant) est souvent vu comme le début du Déluge, cette période marque l’apparition brusque et massive des premiers fossiles multicellulaires complexes. Dans le modèle du Déluge, cela représente l’enterrement soudain et catastrophique des premiers écosystèmes marins, lorsque les eaux du Déluge ont commencé à submerger la Terre.

Il n’y a pas de débats majeurs chez les créationnistes sur la borne de départ du Déluge, uniquement sur la fin. Mais le modèle K-Pg ne peut pas expliquer la répartition mondiale des fossiles cénozoïques marins et terrestres. Les données géologiques et paléontologiques montrent que la sédimentation massive a continué au Cénozoïque, ce qui confirme que le Déluge ne s’est pas terminé à K-Pg. Le Déluge a continué jusqu’au Pliocène supérieur (~2,6 Ma), où il s’est terminé avec l’élévation des montagnes et le drainage final des eaux.

  1. Baumgardner, John and Navarro, Evan (2023) « The Role of Large Tsunamis in the Formation of the Flood Sediment Record, » Proceedings of the International Conference on Creationism: Vol. 9, Article 13. DOI: 10.15385/jpicc.2023.9.1.22 Disponible ici: https://digitalcommons.cedarville.edu/icc_proceedings/vol9/iss1/13.

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