Qui était le Pharaon durant l’Exode d’Egypte de Moïse et des Israélites ?
Le livre biblique de l’Exode ne nomme pas le pharaon que Moïse a rencontré après son retour du Sinaï. Cette absence de précision a été l’occasion de controverses et de spéculations considérables sur l’identité de ce pharaon et sur le moment où il a régné en Égypte. Il y a principalement deux datations de l’Exode, au 15ème ou au 13ème siècle. Le placement au 15ème siècle correspond mieux aux données et nous devons apprécier certains détails bibliques et archéologiques pour identifier le pharaon de l’Exode!
D’une tenons compte qu’il y a au moins deux pharaons qui nous intéressent dans le livre de l’Exode:
- Le pharaon de l’oppression
- Le pharaon de l’Exode
C’est la mort du pharaon de l’oppression qui permet a Moïse de revenir en Égypte après avoir passé 40 ans dans le pays de Madian.
Pourquoi Moïse dans le Livre de la Genèse et de l’Exode ne mentionne-t-il pas les noms des pharaons?
De manière brillante, cette absence de précision est un élément supplémentaire en faveur de l’historicité du récit et de sa rédaction ancienne. En effet, ce n’est que plus tard dans l’histoire qu’il a été coutume d’associer un nom au titre royal. Le fait que Moïse ait mentionné 291 fois le titre Pharaon dans le pentateuque (dont 79 fois dans Genèse) sans jamais préciser de nom est quelque chose qui traduit de la culture de l’époque!
Faites un don à QQLV!
Si vous souhaitez soutenir l’effort du ministère et la création de contenus (articles, vidéos, site e-learning…) vous pouvez faire un don libre:
Les Égyptiens eux-mêmes ne mentionnaient pas le nom du pharaon régnant en s’adressant à lui, ni dans la plupart des documents. Moïse a suivi cette coutume, n’oublions pas qu’il a été élevé à la cour royale et qu’il a probablement appris dans son enfance qu’il ne fallait pas appeler le pharaon par son nom personnel.
La pratique courante à l’époque où les Israélites vivaient en Égypte, était de ne pas nommer le Pharaon par son nom. Il était le Pharaon, et était considéré comme un dieu. Faire référence au Pharaon régnant en y associant un nom impliquait qu’il pouvait y avoir plus d’un Pharaon et qu’il fallait le différencier. Cela était inacceptable dans ce milieu.
Le fait que la Torah ne nomme pas le Pharaon est en harmonie avec l’usage de l’époque où elle a été écrite. En effet, si la Torah avait nommé le Pharaon, cela aurait dénoté un style d’écriture ultérieur et aurait rendu le texte suspect.
Par exemple, la première instance datée du titre pharaon attaché au nom d’un souverain se produit en l’an 17 de Siamun sur un fragment des Annales sacerdotales de Karnak1. Ici, l’intronisation d’un individu à la prêtrise d’Amon est spécifiquement datée du règne du pharaon Siamun. Cette nouvelle pratique s’est poursuivie sous son successeur Psusennes II et les rois de la 21ème dynastie. Pendant ce temps, la vieille coutume de se référer au souverain simplement par Per’o a continué dans les récits égyptiens traditionnels.
Le mot pharaon est une traduction de l’hébreu par’ô, qui à son tour traduit le mot égyptien pr- ‘(‘ grande maison ‘). À partir du XVe siècle avant notre ère, ce titre était utilisé comme synonyme pour décrire la personne du roi.
En combinaison avec le nom du roi (par exemple, “Pharaon Ahmôsis II”), il est utilisé à partir du dixième siècle2. C’est d’ailleurs à ce moment que les écrivains bibliques commencent à inclure les noms des pharaons des périodes plus tardives.
Il faut avoir à l’esprit que les temples et les tombes égyptiennes étaient en grande partie des monuments de propagande pour déifier leurs rois et mettre en avant leurs dieux. Actes 7:21-22 nous informe que Moïse a été éduqué dans la sagesse des égyptiens. C’est un système où on n’associait pas le nom de Pharaon avec son titre et où on n’écrivait jamais le nom d’ennemis.
Il y avait une forte croyance dans l’au-delà dans la culture égyptienne et il fallait que les corps soient momifiés et continuent d’exister et que les noms persistent dans les inscriptions pour que le défunt puisse continuer d’exister dans l’au-delà. C’est pourquoi des noms d’anciens leaders indésirables étaient parfois effacés, notamment celui de la belle-mère probable de Moïse.
Moïse, en n’associant pas le nom avec le titre Pharaon, a non seulement respecté l’usage de l’époque, mais il n’a pas non plus cherché à immortaliser ou à citer le nom d’un ennemi!
Voici ce que rapporte le chercheur James Hoffmeier:
Depuis sa création jusqu’au Xe siècle av. J.-C., le terme « pharaon » était isolé, sans nom personnel juxtaposé. … Cette pratique précise se retrouve dans l’ancien testament.3
La chronologie égyptienne conventionnelle
Pour bien des raisons archéologiques, historiques et bibliques, nous devons chercher le pharaon de l’Exode au milieu du 15ème siècle.
Certains chercheurs pensent que la chronologie conventionnelle de l’Egypte est incorrecte et que l’on ne peut donc se baser sur elle pour chercher le bon pharaon, mais même s’il y a certainement des améliorations et des corrections à apporter sur tels ou tels artefacts ou événements, il m’est apparu durant mes recherches4 que tout en utilisant la chronologie “haute” de l’Egypte, on parvient à trouver pléthore d’éléments archéologiques et historiques favorables à l’historicité du texte biblique, en tout cas concernant la période de Joseph et de Moïse.
L’Exode du XVe siècle
L’autre approche pour dater l’Exode à partir des éléments bibliques est l’approche chronologique. Dans ce cas, la donnée d’1 Rois 6: 1 est utilisée pour dater l’Exode. Cette date biblique permet de cibler le Pharaon probable qui a régné sur l’Égypte à l’époque de Moïse.
Telle est l’approche adoptée ici et elle nécessite un examen détaillé de la chronologie.
Le point de départ de cette étude chronologique se trouve au sein de la monarchie israélite, car 1 Rois 6: 1 date l’Exode à une période particulière renvoyant à une année royale de Salomon.
Pour ce point de départ, nous pouvons utiliser la chronologie d’Edwin R. Thiele développée dans sa thèse de doctorat à l’Université de Chicago, publiée plus tard sous le titre de « The Mysterious Numbers of the Hebrew Kings (1965) ». Selon cette chronologie, Salomon est mort en 931 avant JC après un règne de 40 ans.
Cela signifie qu’il est monté sur le trône en 971 avant JC. Selon Thiele, les dates qui sont données dans le texte qui traitent de la construction du Temple montrent que Salomon a utilisé un calendrier Tishri pour mesurer ces années royales 5.
Le règne de Roboam qui a suivi Salomon en Juda a été calculé selon le système d’année d’accession, ce qui signifie que l’An 1 a commencé une année après que Roboam soit monté sur le trône. Pour Salomon, cela signifie que 971/970 avant JC a été son année d’accession et 970/969 avant JC sa première année de règne complet (Thiele 1965: 28-30).
Cela amène sa 4ème année de règne en 967/966 avant JC.
La période à ajouter à cette date est de 480 ans comme indiqué dans 1 Rois 6: 1. Cela renvoie à l’époque où «les Israélites sortirent d’Égypte». L’ajout de ces 480 années indique que l’Exode s’est produit au printemps de 1446 av.J.C.
Il y a des éléments provenant de 1 Rois 6: 1 qui indiquent qu’un calcul précis était voulue. La quatrième année de Salomon n’est pas une année arrondie et le mois précis où la construction a commencé, Ziv, est donné selon l’ancien calendrier, pas celui adopté lors de l’exil babylonien.
La même précision est rencontrée avec la date d’achèvement du Temple la 11e année de Salomon, au mois de Bul. Ces deux dates ont été compilées selon un système très spécifique et il n’y aucune indication dans le texte qui permettent de penser que les rédacteurs aient interprété ces 480 années autrement que selon le calcul partant de 966 av.J.C à 1446 av.J.C.
Mais voici un article plus complet sur le débat de la date de l’Exode :
Une vidéo est également disponible sur la chaîne YouTube:
À la recherche de l’Exode d’Égypte des Israélites – Documentaire Archéologie Biblique
Thoutmôsis III : premier candidat au poste de pharaon de l’Exode
Un des candidats pour le poste de pharaon durant l’Exode est Thoutmôsis III. Il y a plusieurs éléments qui invitent à le considérer:
Selon la « haute chronologie » ce pharaon aurait régné entre 1504 et 1450 av.J.C. Dans un rayon d’un quart de siècle avant lui, et après lui, aucun autre pharaon n’est décédé. C’est donc le pharaon qui est mort au plus proche de la date biblique de 1446 av.J.C. Il est également décédé à la bonne période de l’année – au printemps – 17 mars (Biographie d’Amenemhab).
Thoutmosis III a été le pharaon qui a réellement mis l’Égypte sur la route d’un empire asiatique avec ses campagnes presque annuelles de l’année 23 à l’année 42. La sortie d’équipement et l’afflux de butin de ces campagnes auraient créé une demande pour les villes-magasins que les Israélites auraient bâti (Ex 1:11).
Il y a cependant une faiblesse dans cette présentation, et elle est chronologique. La date biblique pointe vers 1446 comme l’année de l’Exode, tandis que les dates pour Thoutmosis III indiquent qu’il serait mort en 1450. Les solutions pour compenser ce décalage ne sont pas satisfaisantes jusqu’à ce jour.
Ceci nous amène à étudier la 2ème solution, et celle-ci nous fait considérer Thoutmosis III comme étant le père du pharaon de l’Exode, ce qui signifie que les arguments ci-dessus ont tout de même leur utilité. L’afflux de matériel aurait eu un impact sur l’esclavage des hébreux bien avant l’Exode et la mort de Thoutmosis III peu avant l’Exode peut faire écho au pharaon qui est mort lorsque Moïse était encore au pays de Madian.
On note de manière pertinente que les 17 campagnes de Thoutmosis III, l’amenant à être qualifié par certains de « Napoléon », ont consisté en d’importantes richesses accumulées.
Le pharaon suivant, le candidat plus probable pour être le pharaon de l’Exode, Amenhotep II, n’a lui mené que 2 ou 3 campagnes mais ces campagnes n’ont pas ramené de richesses mais plus de 100 000 esclaves, on pourrait donc y voir une tentative de ce pharaon de récupérer de la main d’oeuvre après que les Israélites soient sortis d’Égypte, se rappelant que si pharaon a essayé de rattraper les Israélites avant leur fuite définitive, c’est parce qu’il avait peur de ne plus avoir de main d’oeuvre.
Amenhotep II : le deuxième candidat au poste de pharaon de l’Exode
Amenhotep II a pu être le pharaon de l’Exode. Il y a toutefois une difficulté dans cette perspective. Aucune donnée n’indique que ce pharaon soit mort en 1446 av.J.C.
Bien qu’aucune preuve de la mort d’Amenhotep ne soit disponible, un réexamen des textes égyptiens de cette période pourrait fournir des éléments consistant concernant la mort d’un pharaon en 1446 av.J.C ainsi que sur d’autres connexions bibliques.
La raison pour laquelle nous n’avions pas reconnu ces éléments est due au fait que les Égyptiens ont peut-être dissimulé le problème. Ces derniers sont en effet connus pour tordre l’histoire et présenter les pharaons d’une manière bien plus glorieuse que n’a été la réalité. Le jugement de Dieu sur l’Egypte était la pire chose qu’ils pouvaient subir.
Le problème ici vient de deux paires de textes du règne d’Amenhotep II dans lesquels ils se référent tous deux à sa «première campagne victorieuse», mais les campagnes sont différentes et elles se sont déroulées à des années différentes.
Le deuxième problème concerne la ou les dates d’accession au pouvoir d’Amenhotep II. Il semble en avoir deux, l’un pour la période suivant immédiatement la mort de son père et l’autre à un autre moment.
Les stèles Amada et éléphantine de l’année 3.
Après une longue et élogieuse introduction, Amenhotep II raconte son inauguration de réparations et d’agrandissement des temples pour Khnum d’Eléphantine et Anukis d’Amada en Nubie.
Le texte continue en racontant comment le roi a tué sept chefs qu’il avait ramenés en Égypte de Takhsi en Syrie, puis avait pendu leurs têtes ou corps et mains sur son navire royal alors qu’il naviguait vers le sud jusqu’à Thèbes. Après y être arrivé, il en a accroché six au mur de la ville et il a envoyé la septième sur un bateau pour être accroché au mur de Napata près de la quatrième cataracte du Nil en Nubie.
Le même événement, le massacre des chefs de Takhsi, est mentionné dans la biographie d’Amenemhab. Là, il suit directement le récit de la mort de Thoutmosis III. Ainsi nous avons « deux premières campagnes de victoire » pour ce Pharaon.
Ce problème est accentué par le fait que les Takhsi de la campagne de l’an 3 n’est jamais mentionné dans la campagne de l’an 7, même si cette campagne était également centrée sur la Syrie. En plus de ce problème, nous avons deux dates d’adhésion différentes pour Amenhotep II, l’une implicite et l’autre indiquée directement.
La date implicite de l’adhésion d’Amenhotep est le lendemain de la mort de Thoutmosis III. Comme Thoutmosis III est mort le 30 du 7ème mois, Amenhotep aurait dû être intronisé le 1er du 8ème mois. L’anniversaire du couronnement d’Amenhotep est cependant donné dans le récit de la campagne de l’an 9, et la date qui y est donnée tombe à la fin du 11e mois 7.
Il existe deux conflits majeurs et directs entre les stèles de l’année 3 et celles des années 7 et 9. Les deux campagnes des années 3 et 7 sont identifiées comme la première campagne victorieuse du roi. Ce problème n’est pas résolu en proposant ici une corégence et ni sur la base d’une simple erreur de scribe, puisque le rapport de l’année 9 fait référence à cette campagne comme sa deuxième campagne victorieuse. L’autre problème concerne les dates d’accessions différentes.
Nous avons donc ici un pharaon qui a eu deux premières campagnes de victoire et deux dates d’accession différentes. Ces problèmes n’ont pas encore été résolus de manière satisfaisante.
Il est intéressant de noter que ces complications dans les textes d’Amenhotep II se produisent juste au moment où l’Exode des Israélites a eu lieu selon la date biblique de cet événement (1 Rois 6: 1).
Ci-dessus, la date de 1446 a été suggérée comme date julienne pour cet événement, en utilisant des corrélations avec la chronologie de la monarchie. Pour les dates d’Amenhotep, nous avons utilisé la haute chronologie du règne de Thoutmosis III, 1504–1450.
Maintenant, ces deux chronologies peuvent être corrélées. Pour ce faire, il convient également de noter que les Égyptiens ont utilisé la méthode de calcul dans laquelle la première année de règne du roi a commencé le jour de son accession.
Chronologiquement, cela signifie que l’année 1 d’Amenhotep II était en 1450 avant JC. Cela signifie que sa troisième année, l’année de la première campagne victorieuse des stèles Amada et Éléphantine, était en 1448 avant JC.
Cela signifie également que la première campagne victorieuse de l’an 7 sur les stèles de Memphis et de Karnak a eu lieu en 1444 avant JC et la campagne de L’an 9, également sur les stèles de Memphis et de Karnak, fut menée en 1442.
Selon les dates de ces trois campagnes, la date biblique de l’Exode se situait juste entre les campagnes de ces deux stèles, en 1446 avant JC.
La corrélation chronologique correspond ici très bien. La date biblique de l’Exode tombe juste entre les deux premières campagnes de victoire du roi nommé Amenhotep II.
Si le roi de la première campagne est mort au moment de l’Exode, alors le roi de la nouvelle première campagne et de la deuxième campagne était un nouveau roi ayant également pris le nom d’Amenhotep II.
Cela aurait pu résulter d’une tentative de dissimulation du désastre qui s’était produit. Au lieu de prendre un nouveau nom de trône, le roi suivant a repris le nom d’Amenhotep.
Le pharaon de l’Exode est-il mort selon le récit biblique?
Cette synthèse soulève la question de savoir si le pharaon de l’Exode est mort au moment de l’Exode. Le récit d’Exode 14–15 n’est pas directement explicite sur ce point, mais gageons qu’il y a deux options: soit il est mort avec son armée, soit son armée seule a été emportée alors que Pharaon observait de loin.
Des représentations du pharaon en guerre le montrent dans son char plus grand que nature conduisant ses troupes au combat. Dans les batailles réelles contre les troupes armées de l’ennemi, c’était probablement de la propagande et pharaon dirigeait probablement la bataille de l’arrière de son armée.
Mais contre des civils en grande partie non armés comme les Israélites en fuite, pharaon n’aurait eu aucune raison de ne pas conduire ses troupes dans le lit sec de la mer des roseaux/mer rouge et il aurait donc été le principal candidat à la mort en s’y noyant.
L’idée que le pharaon est mort par noyade au moment de l’Exode pourrait être soutenu par le Psaume 136: 15, qui dit que Yahweh «a renversé Pharaon et son armée dans la mer Rouge» (Ex 14:28; Ps 106: 9–11).
Si Amenhotep II a été le Pharaon de l’Exode selon les corrélations ci-dessus, et qu’il est mort à ce moment-là, alors nous devrions l’identifier comme Amenhotep IIA et le relier aux stèles d’Éléphantine et d’Amada de l’An 3.
Concernant le Pharaon d’Égypte qui a récupéré le trône et a pris son nom, il pourrait être identifié comme Amenhotep IIB et lié aux stèles de Memphis et de Karnak.
D’autres éléments particuliers du règne d’Amenhotep IIB
Quel que soit le nombre d’Israélites qui a quitté l’Égypte, leur départ aurait privé les Égyptiens d’une quantité considérable de travail forcé. Ainsi le total des personnes ramenées en Egypte par Amenhotep IIB tel que rapporté à la fin des campagnes des années 7 et 9 pourrait ne pas être gonflé.
Le total indiqué dans le texte est de 89 600 hommes, alors que les nombres individuels eux-mêmes se totalisent à 101 128.
De la fin du règne d’Amenhotep IIB vient un texte si inhabituel que certains égyptologues pensent qu’il a peut-être été ivre en le dictant8.
Dans ce texte Amenhotep exprime sa haine des Sémites. L’inscription est datée de 14 ans après sa dernière campagne asiatique, celle de l’an 9, ce qui montre qu’il avait encore des Sémites (Israélites?) en tête, même lorsqu’il était dans le sud de la Nubie.
Le texte transmet ses conseils au gouverneur de Nubie. Les Hébreux ne sont pas mentionnés directement, mais Takhsi est l’endroit où Amenhotep IIA a fait campagne.
Si Amenhotep IIB tenait les Hébreux pour responsables de la mort de son prédécesseur, cela aurait pu alimenter son expression de haine envers les Sémites. Il donne également un avertissement contre les magiciens. Alors que les Nubiens étaient connus pour leur pratique de la magie, il pourrait également y avoir un écho de la rencontre avec Moïse, le maître magicien.
Après la fin du règne d’Amenhotep IIB vient un autre document qui pourrait se rapporter au fils du Pharaon d’après l’Exode. Le texte est la Stèle des Rêves de Thoutmosis IV dans laquelle il raconte comment, lorsqu’il était à la chasse, il s’est assis pour se reposer près du Grand Sphinx et s’est endormi.
Dans son rêve, le sphinx lui a dit qu’il deviendrait Pharaon même s’il ne s’était pas attendu à le devenir. Il n’était pas le prince héritier à l’époque. En échange de cette récompense, il devait nettoyer le sable autour du sphinx. La stèle avec ce texte est située entre les pattes du sphinx.
Ce texte a été lié au récit de l’Exode auparavant, Thoutmosis IV étant un fils mineur du Pharaon de l’Exode. Dans ce cas, son frère aîné est mort lui permettant de monter sur le trône alors qu’il ne s’y attendait pas.
La même relation est toujours vraie dans l’hypothèse décrite ci-dessus, mais la relation est plus complexe. D’après la généalogie, Thoutmosis IV aurait été le fils d’Amenhotep IIB. Cela signifie tout de même qu’il avait probablement un frère aîné qui est mort dans la dixième plaie, mais son arrivée sur le trône avait plus à voir avec la mort de son oncle.
En supposant qu’Amenhotep IIA et IIB étaient frères ou demi-frères, Amenhotep IIA qui est mort au moment de l’Exode aurait été l’oncle du futur Thoutmosis IV, fils d’Amenhotep IIB. Ainsi, il serait monté sur le trône à la fois parce que son oncle est mort dans la mer des roseaux/mer rouge et parce que son frère aîné est mort dans la dixième plaie.
Ces facteurs continuent à soutenir l’idée qu’Amenhotep IIB conviendrait bien au Pharaon après l’Exode, tandis que son prédécesseur Amenhotep IIA conviendrait mieux en tant que Pharaon au moment de l’Exode.
Et si le Pharaon avait survécu à l’Exode?
La solution la plus simple et peut-être celle qui est la plus pertinente est de penser que le pharaon de l’Exode n’était pas présent dans le passage ouvert dans la mer et il ne serait donc pas mort durant la traversée.
Thoutmosis III, le pharaon qui a précédé Amenhotep II, a régné durant 54 ans, ce qui correspond aux 40 ans passés dans le pays de Madian par Moïse, lorsqu’il se tenait à distance de la cour d’Egypte parce qu’il avait tué un égyptien.
Le pharaon de l’oppression doit avoir eu un long règne qui correspond à l’absence de Moïse pendant 40 ans. Cela fait de Thoutmosis III le candidat parfait, voire le seul candidat possible (de par son long règne), pour être le pharaon de l’oppression. Son successeur étant Amenhotep II, ce dernier est le pharaon de l’Exode.
Dans cette vue, Amenhotep II n’est pas mort durant la traversée de la Mer des Roseaux, mais a juste été défait. Le texte biblique n’oblige pas l’interprétation de la mort du Pharaon, elle semble au contraire suggérer qu’il ne s’est pas engagé personnellement dans la traversée:
Les Egyptiens les poursuivirent et tous les chevaux du pharaon, ses chars et ses hommes d’équipage de chars s’engagèrent après eux au milieu de la mer (Exode 14:23).
Ci-dessus on comprend que les forces de Pharaon se sont engagées dans le passage mais pas nécessairement le pharaon lui-même. L’autre verset important qui est Psaumes 136:15 dit que Pharaon et son armée ont été renversé ou précipité dans la mer rouge mais le verbe hébreu (naar) signifie plutôt « secouer » ou « ébranler ».
On comprend aussi mieux pourquoi le successeur d’Amenhotep II n’est pas son fils aîné mais un autre fils « Thoutmosis IV ». En effet le fils aîné d’Amenhotep II a subi la dixième plaie sur les premiers nés d’Égypte et il ne pouvait donc pas monter sur le trône.
Nous savons que durant le règne du petit-fils d’Amenhotep II, Akhenaton, celui-ci recevait des lettres des états vassaux en Canaan qui se plaignait des Habiru (Hébreux?). En effet la conquête de Canaan s’opérait à cette période. Amenhotep III et Akhenaton n’ont pas porté secours aux états vassaux.
A cette époque il y a un changement majeur dans la religion d’Égypte. Des chercheurs qualifient Akhenaton de « premier monothéiste ». Bien que le dieu d’Akhenaton ait été Aton il pourrait y avoir un lien avec le Dieu biblique en ce sens qu’il n’y avait qu’un seul Dieu dans l’esprit d’Akhenaton.
Le fils d’Akhenaton, originellement nommé Toutankhaton, est revenu aux anciennes croyances et son nom est devenu Toutankhamon. Des siècles plus tard, le Pharaon Seti 1er, lorsqu’il a établi une liste des rois d’Égypte, a choisi de ne pas inclure le nom d’Akhenaton pour tenter d’effacer sa mémoire. Il était considéré comme un hérétique.
Cette parenthèse monothéiste d’une génération semble réellement s’expliquer avec ce qu’il s’est passé en Égypte à l’époque d’Amenhotep II en 1446 av.J-C.
Conclusion
Les éléments présentés ci-dessus ne sont que circonstanciels. Il n’existe aucune inscription égyptienne qui raconte directement l’Exode des Israélites et on peut s’attendre à ce qu’aucune ne soit jamais trouvée.
La raison en est de la nature propagandiste des inscriptions royales égyptiennes. Le problème était encore plus aigu pour les Égyptiens que pour les Assyriens et les Babyloniens. Dans ces pays de l’Est, le roi n’était qu’un serviteur des dieux; les rois étaient rarement divinisés.
En Egypte, tous les rois étaient traités comme des dieux, Horus incarné. Pour qu’un événement comme l’Exode Biblique se soit produit sous la surveillance du divin Horus, aurait frappé directement sa nature de dieu, ce genre d’événement ne pouvait donc pas être admis, même s’il s’était produit.
L’utilisation de la date biblique de l’Exode lorsqu’elle est appliquée au calendrier julien indique que la recherche doit d’abord être effectuée pour ce type de preuves indirectes vers le milieu du 15ème siècle avant JC. Un seul pharaon est clairement connu pour être mort à cette époque et c’était Thoutmosis III. Pour cette raison, ce dernier est parfois choisi comme meilleur candidat pour le pharaon de l’Exode.
La proposition ici est qu’Amenhotep II a été le Pharaon de l’Exode.
Il avait une haine extraordinaire pour les Sémites, en Nubie vers la fin de son règne. Dans le cadre de cette expression au gouverneur, il l’a mis en garde contre les magiciens, qui pourraient porter un écho d’un souvenir du rôle de de Moïse au moment de l’Exode.
Son fils, Thoutmosis IV correspond bien au fils du Pharaon après l’Exode en raison de la nature irrégulière de son avènement exprimée dans le texte de sa Stèle de Rêve trouvée entre les pattes du Grand Sphinx.
Il est possible que le corps du pharaon de l’Exode ait été récupéré dans la mer des roseaux et que ce corps ait été retrouvé parmi les momies royales de la 18e dynastie.
Références :
- http://judaism.thoughts.com/1dayat1time/jerusalem-scholars-trace-bibles-evolution-1.
- http://en.wikipedia.org/wiki/Pharaoh.
- Israel in Egypt, page 87
- Evidence for the Exodus and Conquest from Associates for Biblical Research
- (Thiele 1965: 29).
- (italiques mine; Cumming 1982: 27).
- Cumming 1982: pt 1, 32.
- (Gardiner 1964: 199; Cumming pt. 1, 1928: 45–46).
Inscrivez-vous pour accéder à la bibliothèque en ligne de QQLV!
Si vous souhaitez soutenir l’effort du ministère et la création de contenus (articles, vidéos, site e-learning…) vous pouvez faire un don libre: