Réponse créationniste à la vidéo « les preuves de l’évolution » de Passe-Science – sur les preuves développementales (2)

Dans cet article, nous continuons notre révision de la vidéo « Les preuves de l’évolution » de la chaîne YouTube « Passe-Science ». Dans le premier article nous avions traité la première preuve qui était « les preuves anatomiques« .J’aborde ici le deuxième type de preuve: « les preuves développementales ».

2. les preuves développementales

Les bras et les jambes, les doigts, les antennes et les pattes, les élitres et les ailes, et d’autres structures sont issus d’un même programme développemental de base, lequel aurait été, selon Passe-Science « modulé au cours de l’évolution ». Les exemples classiques sont:

  • Les mouches avec la mutation de gènes homéotiques qui transforme les antennes en pattes.
  • Les coléoptères avec ailes et élytres comme la “duplication-modulation” d’un même programme.
  • Les requins avec dents et écailles issues d’une même base développementale.

Pour Passe-Science, cela prouve que la diversité vient de duplications + modulations successives, façonnées par l’évolution. En fait, c’est précisément ce que la baraminologie créationniste et le modèle CET attendent:

  • Un plan modulaire de conception avec des programmes développementaux communs, réutilisés et modulés pour produire une grande variété de structures.
  • Des “routines” communes qui montrent une intention de design réutilisable plutôt qu’une descendance aléatoire.

Dans l’approche internaliste créationniste ce n’est pas l’environnement qui sculpte, ce sont des variables endogènes (modules génétiques, régulateurs, réseaux de développement) qui déterminent les formes.

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Les mutations extrêmes (comme les antennes transformées en pattes chez la mouche) ne sont pas une “preuve d’évolution”, mais montrent que ces organes partagent un même module de développement, modulable, conçu comme tel.

Ce plan développemental de base n’était pas la prédiction évolutionniste à la base, mais celle des partisans créationnistes. William Paley disait déjà en 1802:

« Chaque fois que nous trouvons un plan général poursuivi, mais avec des variations adaptées, dans chaque cas, aux exigences particulières du sujet… nous possédons, dans un tel plan et une telle adaptation… la preuve la plus forte d’intelligence et de dessein. (…) L’usine d’Arkwright a été inventée pour filer le coton. Nous voyons… une telle modification du principe de base, une telle variété du même plan… lorsqu’on l’observe dans ses différentes applications [pour filer la laine, le lin et le chanvre]. (…) Une grande partie de ce raisonnement est applicable à ce que l’on appelle l’anatomie comparée. Dans leur organisation générale, dans les grandes lignes du plan, dans la construction comme dans les fonctions de leurs principales parties… »

Paley, W. 1802. Natural Theology: Or, Evidences of the Existence and Attributes of the Deity, Collected from the Appearances of Nature, 2nd ed. London, England: R. Faulder, 227–258.

En 1975, l’illustre Henry Morris, en quelque sorte fondateur du renouveau du créationnisme moderne, déclarait:

« Le processus créateur aurait conçu des structures similaires pour des fonctions similaires et des structures différentes pour des fonctions différentes… Dans le modèle créationniste, ces mêmes similitudes sont prévues sur la base d’un même concepteur volontaire et intelligent. »

Morris, H. 1975. The Troubled Waters of Evolution. San Diego, CA: Creation-Life Publishers, 84–85.

Ernst Mayr, un évolutionniste de grande renommée mondiale déclarait quant à lui en 1963:

« Beaucoup de ce que l’on a appris sur la physiologie des gènes montre qu’il est manifestement futile de rechercher des gènes homologues [codes similaires attribués à une ascendance commune], sauf chez de très proches parents. S’il n’existe qu’une seule solution efficace pour répondre à une exigence fonctionnelle donnée, alors des complexes génétiques très différents aboutiront à la même solution, peu importe la voie empruntée pour y parvenir. Le dicton “Tous les chemins mènent à Rome” est aussi vrai pour l’évolution que pour les affaires quotidiennes. »

Mayr, E. 1963. Animal Species and Evolution. Cambridge, MA: Harvard University Press, 609.

L’histoire a donné raison à William Paley et Henry Morris. La génétique nous a révélé le plan développemental modulaire qui était prédit par les créationnistes. Le Dr Randy Guliuzza déclare:

« ….qu’est-ce qui explique les parties similaires que l’on retrouve dans les yeux de créatures très diverses ? Les évolutionnistes affirment que des environnements similaires ont “contraint” ces créatures à converger indépendamment vers des caractéristiques complexes comparables au moins 40 fois, et probablement jusqu’à 65. Cette explication naturaliste de l’évolution soutient, de manière contre-intuitive, que des millions d’années de bricolage génétique poussent les organismes à diverger en classes de plus en plus différentes, tout en rassemblant en même temps leurs traits pour les faire converger vers “la même solution” à des problèmes donnés.

Les créationnistes restent sceptiques quant à l’idée que des structures hautement complexes puissent évoluer indépendamment encore et encore. Ils considèrent aussi la convergence évolutive imaginée par les évolutionnistes comme un artifice quasi mystique destiné à sauver leur théorie, afin d’expliquer des observations biologiques qui contredisent la croyance en une ascendance commune universelle. »

Les gènes homéotiques (Hox) et autres régulateurs ne créent rien de nouveau, ils modulent des programmes déjà existants. Les expériences montrent surtout que quand on perturbe ces programmes, on obtient des malformations (comme des antennes transformées en pattes, des ailes surnuméraires, etc.) et non des innovations fonctionnelles. Cela prouve que la variabilité est canalisée dans des structures déjà prévues et pas que l’évolution peut inventer de nouveaux organes.

Les évolutionnistes pensent que c’est comme un logiciel qu’on copie-colle et modifie pour obtenir de nouvelles fonctions, ce serait la preuve que ça a évolué. Pour les créationnistes c’est un logiciel avec des modules réutilisables ce qui est la preuve qu’il a été programmé pour être polyvalent et modulable.

Les évolutionnistes disent que bras, jambes, doigts, antennes et ailes viennent d’un même programme développemental modulé. C’est ce qu’on attend d’un système conçu: des modules réutilisables, paramétrables, capables de produire des structures variées. Les expériences de génétique montrent qu’on peut modifier ces modules, mais elles n’inventent jamais du neuf: elles révèlent simplement la logique d’un plan commun. C’est de la modularité programmée et non une preuve d’évolution aveugle.

Il est désormais confirmé que des informations de régulation génétique similaires sont communes à de nombreuses classes d’organismes et contribuent à obtenir une anatomie fonctionnelle similaire, dont beaucoup présentent des conceptions remarquablement similaires.

Sean Carroll, biologiste évolutionnaire, avait déclaré:

« C’était inévitable. Des groupes de gènes Hox façonnaient le développement d’animaux aussi différents que les mouches et les souris, et nous savons maintenant que cela inclut pratiquement tous les animaux du règne, y compris les humains et les éléphants. Même le plus fervent défenseur de la recherche sur la mouche des fruits n’avait pas prévu la distribution universelle et l’importance des gènes Hox. Les implications étaient stupéfiantes. Des animaux disparates étaient construits non seulement avec les mêmes types d’outils, mais bel et bien avec exactement les mêmes gènes ! »

Carroll, S. 2005. Endless Forms Most Beautiful. New York: W. W. Norton & Company, 64.

Passe-Science parle de « programme de développement », une terminologie que d’autres évolutionnistes évitent car dès lors qu’on parle d’un programme, on peut difficilement éviter la logique du « programmeur », que les évolutionnistes essaient en premier lieu d’écarter (voir comment Darwin a directement remplacé l’horloger de William Paley par la sélection naturelle).

Passe-Science en présentant les « preuves développementales » comme soutenant le modèle évolutionniste alors qu’elles étaient prédites par les créationnistes et qu’elles étaient complètement absentes des attentes évolutionnistes, inverse l’histoire, car au final, elles soutiendraient quand même l’évolution.

La similarité des gènes, contrairement à ce que l’on croit, s’insère bien mieux dans un modèle conception intelligente où l’ingénieur utilise les mêmes outils, à plusieurs reprises, dans des contextes différents, comme un ingénieur ou un architecte humain qui applique les mêmes principes et les mêmes matériaux pour réaliser des choses très variées. Dans un cadre « contingent », on ne s’attend pas à un modèle récurrent et organisé mais à un brouillage des génomes en raison des millions d’années supposées de mutations aléatoires.

L’embryologie comparative et les “atavismes”

Thomas Cabaret affirme par la suite:

« Parmi ces preuves développementales, on peut aussi parler d’embryologie comparative, chercher les similitudes non pas dans les structures statiques, mais dans la phase de développement. Vous voyez ici à gauche un embryon de dauphin, qui on le rappelle, est un mammifère et sur lequel on peut reconnaître un bourgeonnement là où chez l’embryon humain, un autre mammifère, apparaîtront les pattes arrière. Chez le dauphin, ce bourgeonnement va dans un second temps se résorber. Là encore, on pourrait se demander ce qui expliquerait une telle étape développementale inutile en dehors d’un reliquat d’une origine évolutive commune.

Et si vous n’êtes pas convaincu du rapport entre ce bourgeonnement et des membres arrières, on peut montrer des cas d’atavisme, c’est-à-dire ce qui se passe chez les individus pour lesquels la phase où la structure devrait se résorber et dysfonctionne. Vous voyez ici un tel dauphin né avec des membres arrières. On trouve également chez l’humain un bourgeonnement temporaire là où se développerait une queue chez les autres primates ainsi que des cas d’atavisme menant au développement de celle-ci. Mais je vous fais grâce de la photo.« 

C’est une reprise modernisée de l’ancienne idée de Haeckel qui indiquait que l’ontogenèse récapitule la phylogenèse, bien que ce slogan ait été discrédité scientifiquement.

Chez l’embryon du dauphin, on observe un petit bourgeon postérieur qui régresse ensuite. L’interprétation évolutionniste est que c’est un vestige de l’ancêtre terrestre du dauphin, preuve de son passé quadrupède.

Ces bourgeons ne sont pas “inutiles” car beaucoup de structures embryonnaires jouent un rôle transitoire dans l’organisation du développement (avec des signaux morphogénétiques, la régulation tissulaire, et le positionnement). Ils ne sont pas des reliques d’ancêtres, mais des étapes programmées nécessaires à la mise en place correcte du plan corporel.

Ce qu’on appelle atavisme est généralement une malformation congénitale due à un dysfonctionnement du programme de régulation (par exemple un bourgeon qui ne régresse pas comme prévu). Chez l’homme, ce qu’on appelle improprement une “queue” est souvent une extension de tissu mou (comme un lipome, une excroissance fibreuse ou une malformation de la colonne), ce n’est pas une véritable queue osseuse articulée comme chez les singes.

Ces anomalies ne prouvent pas un passé évolutif, mais montrent simplement ce qui se passe quand un programme de développement normal est perturbé.

Sur l’embryologie comparative, l’argument repose sur une vision très XIXe siècle de l’embryologie (Haeckel avait même falsifié des dessins d’embryons pour “montrer” une ressemblance exagérée). Aujourd’hui, on sait que les embryons d’espèces différentes ont dès le début des différences significatives (en taille, en segmentation, au niveau du développement du système nerveux, etc.). Les “similitudes” qu’on retient sont souvent des ressemblances superficielles, sélectionnées pour appuyer l’argument évolutionniste. Beaucoup de structures transitoires embryonnaires servent à orienter le développement et pas à rappeler un ancêtre.

Les embryons possèdent des programmes développementaux modulaires. Ces modules activent parfois des structures transitoires, qui jouent un rôle signalétique (avec induction, des repères morphologiques, la différenciation). Les “bourgeons” et “queues embryonnaires” sont donc des outils de construction. Quand ces étapes sont mal contrôlées elles provoquent des malformations (que les évolutionnistes interprètent comme un “atavisme”).

Dauphin: un cas d’atavisme?

Dans certains cas rares, on peut observer des dauphins naissant avec de petites nageoires à l’arrière de l’animal. Les évolutionnistes parlent d‘atavisme, un retour à l’ancêtre terrestre quadrupède. Mais on peut voir les choses autrement, il peut s’agir d’une malformation rare, issue d’un programme de développement qui n’a pas régressé comme prévu. Ces structures inopinées ne permettent pas de marcher, ce ne sont pas des pattes arrières mais des nageoires postérieures. Dans ce cas, il s’agit d’une anomalie et non d’une preuve d’évolution.

Une deuxième manière possible de comprendre ces nageoires surprenantes dans le modèle créationniste est si certains cétacés originels créés au jour 5 avaient deux nageoires antérieures et deux postérieures. Les créationnistes modèlent en général 3 à 5 groupes de cétacés créés à l’origine par le Créateur. Au cours de l’histoire, les deux nageoires antérieures auraient été perdus par corruption du programme initial, un concept dénommé entropie génétique par le Dr John Sanford.

Au départ, les mammifères marins auraient eu un schéma de développement complet pour quatre membres. Chez les dauphins/baleines, ce programme est aujourd’hui désactivé par défaut dans le développement embryonnaire, mais pas entièrement supprimé du génome.

Les gènes « constructeurs de membres postérieurs » (ex. FGF, SHH, HOX) sont encore là, car ils sont réutilisés pour d’autres structures (bassin réduit, organes reproducteurs, etc.). Une partie du « circuit » est toujours en place, même si la sortie normale (la construction de nageoires postérieures) est bloquée.

Si la régulation (timing des signaux, apoptose, enhancers) s’enraye, une portion du programme peut se « relancer » et provoquer l’apparition d’une excroissance ressemblant à une nageoire. Mais comme le reste du système n’est plus coordonné (innervation, muscles, articulation), cela donne une structure non fonctionnelle, asymétrique, souvent malformée.

C’est un peu comme comme les poulets avec des “dents” expérimentales: en manipulant certains gènes, les scientifiques peuvent réactiver un programme latent de développement de structures dentaires.

Dire qu’un dauphin avec deux nageoires postérieures prouve qu’il avait un ancêtre terrestre quadrupède est une interprétation évolutionniste, il se peut tout simplement que des cétacés aient autrefois eu des nageoires postérieures et si ce n’est pas le cas, on peut tout simplement parler d’une anomalie développementale.

Un enfant né avec un sixième doigt ou un troisième bras ne prouve pas que ses ancêtres avaient 6 doigts ou 3 bras. Ce sont des erreurs de copie dans un plan déjà existant et pas spécialement des vestiges historiques.

Un tableur contient des milliers de fonctions. Certaines fonctions ne sont jamais utilisées (ou réservées à un contexte précis). Un bug peut déclencher une fonction détournée, produisant des lignes ou colonnes absurdes. Cela ne prouve pas que le logiciel “évolue vers autre chose”, mais qu’il y a eu mauvaise exécution du programme.

L’apparition transitoire de bourgeons postérieurs (un fait normal en embryologie des dauphins) est une étape de développement. Leur non-régression est une défaillance.

Dans un bassin de mammifère terrestre, on distingue bien l’ilion, l’ischion et le pubis qui forment ensemble l’acetabulum et le foramen obturé. Chez les baleines modernes, le bassin est réduit à 1 ou 2 bâtonnets osseux isolés. Ces éléments sont tels que même les évolutionnistes ne peuvent pas dire avec certitude s’il s’agit de reliquats de l’ilium, de l’ischion, du pubis, ou d’une fusion indifférenciée.

L’évolution repose sur le principe que l’on peut tracer des homologies (une même structure héritée d’un ancêtre commun). Or, ici, les structures sont si réduites et indifférenciées que même les spécialistes ne peuvent pas s’accorder sur l’homologie exacte. Cela affaiblit encore la force de l’argument évolutif car si on ne sait pas ce que c’est, comment être sûr que c’est « le reste » d’un os précis?

L’articulation de la hanche (qui est une articulation entre le bassin et le fémur permettant le mouvement d’un membre), n’est pas observée chez la baleine. Les baleines développent des bourgeons externes sur leurs membres postérieurs dans le ventre de leur mère. Ceux-ci se réduisent généralement et disparaissent avant la naissance du baleineau, mais il arrive rarement qu’ils soient conservés jusqu’à l’âge adulte, comme dans le cas des dauphins.

Certains voyaient encore des « restes d’acetabulum ou de fémur » mais les recherches modernes concluent plutôt à une absence de ces repères chez le cétacé normalement constitué donc il ne reste qu’un os flottant, de forme indéterminée. En pratique, chacun interprète selon son modèle.

La queue humaine?

Au sujet de la « queue humaine », un chercheur du Duke University Medical Center (Durham, N.C) a déclaré:

« L’une des premières explications étiologiques [causales] de la “queue humaine” était qu’il s’agissait d’un vestige de la queue embryonnaire observée durant la gestation. Cette théorie présente plusieurs problèmes, le plus évident étant que ces excroissances apparaissent à d’autres endroits que la région sacrococcygienne embryonnaire. »1

Cela veut dire que les supposées « queues humaines » ne correspondent pas à la véritable zone embryonnaire où se développe la queue (le coccyx), cela mine fortement l’idée qu’il s’agirait d’un “atavisme évolutif”.

D’autres chercheurs déclarent:

« Les appendices caudaux ou “queues humaines” ont été divisés par Dao et Netsky en vraies queues, qui contiennent du muscle et sont mobiles, et en pseudo-queues, qui ne bougent pas. Cependant, cette distinction est aujourd’hui considérée comme arbitraire et sans importance clinique, car les deux types proviennent de reliquats notochordaux et leur étiologie [cause] est probablement similaire. »2

Autrement dit, la distinction entre « vraie queue » et « fausse queue » chez l’homme n’a plus de valeur scientifique. Ce sont toutes des malformations liées à des restes de la notochorde, une structure embryonnaire centrale et transitoire, il ne s’agit pas de « queues évolutives ».

Dans l’article suivant, nous étudierons la troisième preuve apportée dans la vidéo sur les preuves de l’évolution: les preuves génétiques.

  1. Gaskill, S.J. and Marlin, A.E., Neuroectodermal appendages: the human tail explained, Pediatr Neurosci 15(2):95–99, 1989; US National Library of Medicine, National Institutes of Health, Pub Med.gov, Page 97,ncbi.nlm.nih.gov.
  2. Herman, T.E. and Siegel M.J., Human tail-caudal appendage: tethered cord, Journal of Perinatology 28: 518–519, 2008.

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