L’archéologie atteste-t-elle l’esclavage des hébreux en Egypte ?
La Bible nous apprend qu’avant l’Exode d’Egypte, les Israélites ont été réduits en esclavage par un nouveau pharaon qui ne connaissait pas Joseph. Effrayé par l’augmentation de la population israélite, le pharaon ordonna aux sages-femmes Shiphra et Poua de tuer les bébés hébreux mâles. Cette situation d’esclavage des israélites/hébreux en Égypte est-elle soutenue par l’archéologie ?
La période du Moyen Empire d’Égypte s’est déroulée durant les premiers siècles du 2e millénaire avant notre ère. Cette période est celle qui est revendiquée par la Bible concernant la présence des Israélites en Egypte (entre le 19ème et le 15ème siècle).
Le Papyrus Brooklyn
Pendant cette période du Moyen-Empire, l’utilisation des esclaves est bien établie. Le Papyrus Brooklyn de cette époque (1809-1743 avant JC) montre qu’il y avait aussi des esclaves sémitiques asiatiques. Cela signifie qu’il y avait des esclaves avec des noms à consonance hébraïque provenant d’une région extérieure à l’Égypte (probablement la région composée d’Israël et de la Syrie).
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Le Papyrus Brooklyn est écrit dans une écriture hiératique, différente de l’écriture hiéroglyphique égyptienne plus reconnaissable. Il mentionne à plusieurs reprises la ville de Thèbes, qui se trouve au sud, la capitale de la Haute Egypte. On pense généralement que ces esclaves ont été détenus dans le sud de l’Egypte.
Le papyrus énumère un grand nombre de serviteurs appartenant à une certaine égyptienne nommée Senebtisi. La majorité des noms des serviteurs sont non sémitiques, mais un nombre important est sémitique.
Une section du Papyrus Brooklyn contient une liste de 95 serviteurs, dont beaucoup sont spécifiés comme «asiatiques» ou venant d’Asie occidentale (c’est-à-dire de Canaan). Les serviteurs aux noms étrangers reçoivent des noms égyptiens, tout comme Joseph quand il était domestique sous Potiphar (Genèse 41:45).
La majorité des noms sont féminins car les domestiques étaient généralement des femmes, tandis que les hommes travaillaient souvent dans la construction ou les tâches agricoles.
Environ 30 des serviteurs ont des noms identifiés comme appartenant à la famille des langues sémitiques (l’hébreu est une langue sémitique), mais ce qui est encore plus pertinent pour l’histoire de l’Exode est que plusieurs de ces serviteurs, au nombre de dix, ont des noms spécifiquement hébreux.
Les noms hébreux trouvés sur la liste1 incluent: Menahema, une forme féminine de Menahem (2 Rois 15:14); Ashera, une forme féminine d’Aser, le nom de l’un des fils de Jacob (Genèse 30:13); Shiphra, le nom de l’une des sages-femmes hébraïques avant l’Exode (Exode 1:15); «Aqoba, un nom qui semble être une forme féminine de Jacob ou Yaqob, le nom du patriarche (Genèse 25:26); «Ayyabum, le nom du patriarche Job ou Ayob (Job 1: 1); Sekera, qui est un nom féminin similaire à Issacar, un nom d’un des fils de Jacob (Genèse 30:18); Dawidi-huat est un nom composé utilisant le nom de David et signifiant «mon bien-aimé est lui» (1 Samuel 16:13); Esebtw, un nom dérivé du mot hébreu eseb qui signifie «herbe» (Deutéronome 32: 2); Hayah-wr un autre nom composé de Hayah ou Eve et signifiant «vie lumineuse» (Genèse 3:20); et enfin le nom Hy’b’rw, qui semble être une transcription égyptienne du mot « hébreu » (Genèse 39:14).
Ainsi, cette liste est une attestation claire du peuple hébreu qui a vécu en Égypte avant l’Exode, et c’est un élément de preuve essentiel dans l’argumentation d’un Exode historique.
Alors que les vestiges de la culture matérielle tels que la poterie, l’architecture ou les artefacts peuvent être ethniquement ambigus, les noms hébreux et peut-être même le mot ou le nom hébreu indiquent clairement qu’il y avait des Hébreux en Égypte.
La liste comprend la plus ancienne attestation de noms hébreux qui ait jamais été retrouvée en Égypte, et elle démontre que des Hébreux vivaient en Égypte avant les années 1440 av.J.-C., tout comme l’affirme l’histoire du livre de l’Exode.
Cet artefact est listé « Papyrus Brooklyn 35.1446« . Un fragment est exposé au Brooklyn Museum, dans l’Ancien Empire à la 18e dynastie, Galeries égyptiennes, au 3e étage. Il peut être consulté au lien suivant:
https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/3369
Les recherches de Flinders Petrie dans le Fayoum
Un autre ensemble de recherche important se trouve dans les fouilles de l’antique cité d’El La Houn qui révèle la présence d’esclave provenant de la région palestinienne dès la 12eme dynastie des pharaons d’Egypte, soit la période précédant l’exode ou la Bible révèle la situation d’esclavage qu’endure les hébreux.
Les esclaves de l’antique cité d’El Lahoun auraient été utilisé pour la construction des pyramides, comme celle de sesostris II. Le compte rendu des fouilles de l’égyptologue Sir Flinders Petrie dans la cité d’El Lahoun indique que cela aurait pu être le reflet de la situation un peu partout en égypte2.
Un autre élément frappant découvert par l’égyptologue fut le fait que ces esclaves disparurent soudainement. Cela coïncide avec le récit biblique de l’exode, qui indique que les hébreux ont dû tout laisser et partirent en pleine nuit.
David Rosalie indique :
Il est évident que l’achèvement de la pyramide du roi ne fut pas la raison pour laquelle les habitants d’El La Houn ont finalement déserté la ville, abandonnant leurs outils et autres biens dans les magasins et les maisons3.
Il y a des opinions différentes sur la façon dont cette première période d’occupation à Kahun (El-La Houn) a pris fin … La quantité, la gamme et le type d’articles d’usage quotidien qui ont été laissés dans les maisons peuvent en effet suggérer que le départ a été soudain et non prémédité4.
Autre découverte, Petrie a trouvé des grandes boîtes en bois en dessous des maisons d’El Lahoun et ces boîtes contenaient des restes de bébés âgés de quelque mois5.
Il s’avère que le livre de l’exode nous relate l’ordre du pharaon ordonnant aux sages-femmes d’exécuter tous les bébés mâles hébreux. Les sages-femmes ne suivirent pas cet ordre, et lorsque Pharaon s’en rendit compte il demanda à tous les égyptiens de prendre les bébés hébreux et de les jeter dans le nil.
Il est donc concevable que des bébés aient été effectivement tués et mis dans des boîtes sous le plancher de leurs maisons. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la mère de Moïse a dû se séparer de lui, pour éviter qu’il ne soit tué.
Les briquetiers esclaves en Égypte
La Tombe de Rekhmirê :
Sur cette fresque funéraire datant de l’époque du pharaon Thoutmosis III, une variété d’esclaves, y compris des esclaves asiatiques ou sémitiques, effectuent des tâches pour les Egyptiens.
En particulier, les esclaves fabriquent des briques en utilisant de la boue et de la paille formées dans un moule, séchées au soleil, puis transportées pour être utilisées dans des projets de construction.
Pendant le Nouvel Empire en Égypte, l’esclavage des Asiatiques était si répandu que le mot égyptien Aamu (asiatique) est devenu synonyme d’esclave6.
Les Hébreux avant l’Exode faisaient partie de cette main-d’œuvre esclave et fabriquaient souvent des briques de terre pour les projets de construction de l’État.
La fabrication de briques de boue par des esclaves hébreux et les difficultés de cette tâche sont détaillées dans le récit de l’Exode, et un texte hiéroglyphique au sujet d’un maître égyptien rappelant aux esclaves de ne pas être oisifs de peur qu’ils ne soient battus avec un bâton rappelle l’épisode dans lequel Moïse a vu un surveillant égyptien battre un esclave hébreu.
Un autre texte égyptien, appelé le rouleau de cuir du Louvre7, décrit une situation similaire à ce qui est enregistré dans Exodus – qu’à cette époque, des quotas de briques étaient imposés aux esclaves, mais lorsqu’ils n’avaient pas les matériaux nécessaires pour compléter toutes les briques, comme un manque de paille, les esclaves étaient punis.
Ce même texte égyptien indique que les travailleurs se sont vu accorder des congés pour leurs fêtes religieuses. De même, un texte découvert dans le village ouvrier de Deir el-Medineh déclare que les ouvriers étaient allés «offrir à leur dieu». Cela rappelle bien sûr la demande des Israélites de prendre trois jours pour aller dans le désert pour adorer leur Dieu (Exode 3-18, 5-3).
La transition d’un pharaon qui ne connaissait pas Joseph au travail forcé des Hébreux et d’autres Sémites semble correspondre à la transition du règne des Hyksos à la 18e dynastie et à la politique ultérieure de travail forcé sur les Asiatiques et d’autres non-égyptiens.
Des papyrus tels que le Papyrus Leningrad 1116A de la 18e dynastie, probablement lors du règne du pharaon Thoutmosis III avant 1450 av.J.-C., précise que les immigrants, après l’expulsion des Hyksos sous le pharaon Ahmosis I et les dirigeants suivants, étaient soumis au travail obligatoire comme les projets de construction publique. C’est exactement le moment de l’asservissement des Hébreux.
Tout comme les documents égyptiens et cette peinture murale démontrent que les Asiatiques ou les Sémites ont été contraints de construire des bâtiments publics, le livre de l’Exode rapporte que les Hébreux étaient impliqués dans la construction de bâtiments de stockage dans les villes de Ramsès, Pithom et On (Héliopolis).
Exodus 5 : 7-8
Vous ne donnerez plus comme auparavant de la paille au peuple pour faire des briques; qu’ils aillent eux-mêmes ramasser de la paille.
Conclusion
L’archéologie a confirmé plusieurs fois les dires de la Bible, c’est notamment le cas pour l’esclavage des israélites en Egypte. Je vous propose ci-dessous un ensemble d’articles qui traite de l’historicité des évènements bibliques.
Références :
- https://apxaioc.com/?p=21
- David, A.R., The Pyramid Builders of Ancient Egypt: A Modern Investigation of Pharaoh’s Workforce, Guild Publishing, London, p. 191, 1996.
- David, Ref. 15, p. 195.
- David, Ref. 15, p. 199.
- David, Ref. 15, Plate 16.
- Unearthing the Bible par Titus Kennydy, 17ème découverte dans son livre.
- Voir ref précedente.
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