palÉontologie

Les Fossiles d’Homo Sapiens à Djebel Irhoud ont-ils vraiment 300 000 ans?

La découverte des fossiles d’Homo sapiens à Djebel Irhoud, Maroc, date des années 1960, mais leur importance n’a été pleinement reconnue qu’en 2017. Jean-Jacques Hublin et son équipe ont appliqué des techniques modernes de datation comme la thermoluminescence sur les outils de pierre et la résonance de spin électronique (ESR) sur les dents fossiles, pour établir leur âge à environ 300 000 ans. Cela repousse l’origine d’Homo sapiens bien plus loin que les précédentes estimations et souligne selon le modèle évolutif une dispersion ancienne de cette espèce en Afrique.

Ryan Somma d’Occoquan, USA, licence Creative Commons Attribution (Wikipedia)1

Les méthodes de datation utilisées

Les méthodes de datation par thermoluminescence (TL) et résonance de spin électronique (ESR) sont similaires car elles mesurent des processus liés à la radiation accumulée dans des minéraux au fil du temps, elles diffèrent cependant par les matériaux analysés et les mécanismes sous-jacents :

  • Thermoluminescence (TL) : Elle est utilisée pour dater des objets chauffés, comme des poteries ou des sédiments, en mesurant la lumière émise par les cristaux (comme le quartz) lorsqu’ils sont chauffés après avoir été exposés à la radiation.
  • Résonance de spin électronique (ESR) : Elle est appliquée aux fossiles comme les dents ou les os, cette méthode mesure les électrons piégés dans des cristaux en raison de la radiation, ce qui permet de dater le matériau.

Implications de la découverte sur le scénario évolutif

Les fossiles du Djebel Irhoud au Maroc, datés d’environ 300 000 ans, sont les plus anciens fossiles d’Homo sapiens jamais découverts. Cela représente une réécriture potentielle de l’histoire de l’évolution humaine qui repousse l’origine des humains dit « modernes » de 100 000 ans. Cela suggère également que le « berceau de la civilisation » comprend l’ensemble du continent africain plutôt que la seule Afrique de l’Est, comme les évolutionnistes l’ont affirmé pendant longtemps.

Le problème de la démographie

La découverte aggrave certains problèmes évolutionnistes dont le taux de croissance démographique doit maintenant être de 0%, non sur 100 000 ou 200 000 ans, mais sur 300 000 ans. Une véritable absence de mouvement démographique est à signaler dans le modèle évolutif, qui doit attendre ces derniers milliers d’années pour commencer à signaler un taux positif. Plus de détails dans la vidéo ci-dessous:

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Le problème de l’horloge moléculaire

Cela aussi cause des problèmes au niveau des calculs de l’horloge moléculaire de l’ADN mitochondrial, car le peu de mutations observées correspond à quelques milliers d’années seulement. Une vidéo est en préparation à ce sujet.

Des humains « archaïques » récents et des humains « modernes » anciens?

Un autre type de problème est lié au scénario d’évolutif progressive car un crâne fossile découvert en Mongolie en 2006 a été associé à Neandertal et Homo erectus en raison de ses prétendues caractéristiques « archaïques ». Une étude récente le date désormais à environ 34 000 ans, ce qui le place dans la même tranche d’âge (en termes évolutionnaires) que les humains très récents. 2

Cette étude a également extrait l’ADN mitochondrial du crâne et l’a placé dans la fourchette des humains eurasiens modernes. Sachant que l’équipe de Jean-Jacques Hublin a daté les crânes humains de Djebel Irhoud aux caractéristiques « anatomiquement modernes » à plus de 300 000 ans, ces nouvelles découvertes d’humains « récents » aux caractéristiques archaïques soulignent l’incohérence de l’histoire de l’évolution humaine.

En effet les humains dit « archaïques » sont retrouvés dans les temps récents, même en tenant compte de l’échelle de temps évolutive (34 000 ans par exemple pour l’humain archaïque de Mongolie). On peut aussi mentionner les crânes humains découverts à Kow Swamp, en Australie, et dont la revue Nature a fait état en 1972. Dans cette étude, les chercheurs affirmaient : « L’analyse de la morphologie crânienne de plus de trente individus révèle la survie des caractéristiques de l’Homo erectus en Australie jusqu’à il y a 10 000 ans. »3

Où est donc « l’évolution humaine » si les humains « modernes » remontent à 300 000 ans et que les humains « archaïques » remontent à 34 000 et 10 000 ans?

C’est même pire que ça, car les traits qualifiés « d’archaïques » se retrouvent encore chez les humains actuels. L’un des meilleurs exemples est l’ancien champion de boxe russe Nikolai Valuev. Une photo de profil de Valuev montre clairement qu’il possède une arcade sourcilière très proéminente ainsi qu’un front nettement incliné.

Les Homo Sapiens, les Homo Erectus et les Néandertaliens sont en fait des êtres-humains avec de légères variations superficielles d’apparence physique mais en aucun des stades de l’évolution humaine.

La datation par thermoluminescence

La technique de datation par thermoluminescence mesure l’énergie stockée dans les cristaux de certains matériaux lorsqu’ils sont exposés à la chaleur ou à la lumière. En général elle est utilisée pour déterminer l’âge d’objets archéologiques en fonction de la quantité de rayonnement ionisant que le matériau a accumulé depuis sa dernière exposition à la chaleur ou à la lumière.

Le Dr Vernon Cupps4, spécialisé en physique nucléaire déclare ceci concernant la datation par thermoluminescence:

« Pour dater les poteries, les scientifiques utilisent la méthode de datation par luminescence. L’idée est que lorsque la poterie est enterrée, le rayonnement de la terre commence à exciter les électrons de certains matériaux cristallins de la poterie. Plus la poterie reste longtemps dans le sol, plus elle absorbe de rayonnement. Lorsque les scientifiques exhument la poterie, ils mesurent la quantité de rayonnement et estiment son âge. Cependant, il est difficile de supposer que l’objet n’a pas été contaminé par d’autres formes de rayonnement. La dose de rayonnement dépend également de la profondeur d’enfouissement et du type de matériau dans lequel l’objet a été enterré. Comme la datation radiométrique, la datation par luminescence est soumise à de nombreuses hypothèses invérifiables. »5

Dans un article de rationalwiki.org qui cherche à critiquer le créationnisme terre jeune on retrouve la citation suivante:

« Bien que cette technique permette de dater des objets jusqu’à environ 230 000 ans, elle n’est précise que pour des objets âgés de 300 à 10 000 ans. Dix mille ans, c’est cependant plus de 4 000 ans de plus que le chiffre créationniste de l’âge de la Terre/de l’Univers« .

Nonobstant l’attaque contre le créationnisme, notons que la limite maximale semble être de 230 000 ans, mais elle n’est pas précise que dans la fourchette des 10 000 ans selon les évolutionnistes. Cela nous permet de nous poser des questions sur la datation des fossiles humains de Djebel Irhoud qui ont été datés à 300 000 ans.

Investigation de la datation par thermoluminescence

L’article de Larry A. DeWerd « Dating Uncertainties with Thermoluminescence » a exploré les incertitudes associées à la datation par thermoluminescence (TL). Voici les principaux problèmes et incertitudes du procédé qu’il mentionne:

1. Constance du taux de radiation au fil du temps

  • Problème : Le taux de radiation dans l’environnement de l’artefact (et dans l’artefact lui-même) peut ne pas être constant sur des milliers d’années.
  • Impact : Cette variation rend difficile de déterminer avec précision la dose de radiation totale reçue par l’artefact. Si le taux de radiation a changé (par exemple en raison d’un déplacement de l’objet), cela peut conduire à une mauvaise estimation de l’âge.

2. Déplacement de l’artefact

  • Problème : L’artefact peut être déplacé au cours de son histoire, par des phénomènes naturels (comme un tremblement de terre) ou par des activités humaines.
  • Impact : Un déplacement pourrait exposer l’artefact à un environnement avec un taux de radiation différent, ce qui fausserait le calcul de l’âge basé sur l’exposition à la radiation dans le nouvel environnement.

3. Complexité du calcul de la dose

  • Problème : Les types de radiations (alpha, bêta, gamma) pénètrent différemment dans les matériaux, et leur intensité varie en fonction de la profondeur et de la nature de l’objet.
  • Impact : Ces facteurs nécessitent des estimations complexes, et toute approximation ou erreur dans ces estimations peut affecter l’âge calculé.

4. Flux de rayons cosmiques

  • Problème : Le flux de rayons cosmiques varie en fonction de l’altitude, de la latitude, de la longitude et de la profondeur d’enfouissement de l’artefact.
  • Impact : Ces variables étant souvent difficiles à contrôler ou à connaître pour les périodes anciennes, cela ajoute une source d’incertitude au calcul de l’âge.

5. Sensibilité énergétique du matériau

  • Problème : La sensibilité de la thermoluminescence varie selon l’énergie de la radiation. Les radiations à faible énergie produisent généralement une réponse TL plus importante, ce qui complique la calibration du signal.
  • Impact : Une mauvaise estimation de cette sensibilité peut entraîner une surévaluation ou une sous-évaluation de la dose de radiation, donc une erreur dans la datation.

6. Problème de linéarité et de supralinéarité

  • Problème : La réponse thermoluminescente du quartz (ou d’autres matériaux) n’est pas toujours linéaire par rapport à la dose de radiation. À des doses élevées, il peut y avoir un phénomène de supralinéarité6, où la réponse devient disproportionnée par rapport à la dose reçue.
  • Impact : Si cette supralinéarité n’est pas prise en compte correctement, cela peut fausser le calcul de la dose de radiation et donc l’âge de l’artefact.

7. Présence d’impuretés dans le quartz

  • Problème : Les impuretés dans le quartz (comme les centres d’aluminium ou les vacuoles de silicium) affectent la manière dont le matériau emmagasine et libère l’énergie sous forme de luminescence.
  • Impact : Cela peut entraîner des variations importantes dans la courbe de luminescence et donc dans l’estimation de l’âge.

8. Courbes de luminescence (glow curves)

  • Problème : Les courbes de luminescence obtenues lors du chauffage du matériau peuvent avoir plusieurs pics à différentes températures, ce qui complique l’interprétation des résultats. Des erreurs de mesure peuvent survenir si les courbes ne sont pas correctement analysées.
  • Impact : Les erreurs dans l’interprétation de ces courbes peuvent conduire à des estimations d’âge erronées, souvent trop élevées.

9. Effets de la lumière solaire

  • Problème : L’exposition à la lumière solaire peut diminuer le signal thermoluminescent de certains pics, en particulier ceux à basse température (comme le pic à 325 °C).
  • Impact : Si l’objet a été exposé à la lumière après sa découverte ou avant sa mesure, cela peut fausser le calcul de l’âge.

10. Absence d’analyses d’incertitude dans les études

  • Problème : De nombreuses études ne fournissent pas d’analyse détaillée des incertitudes associées à leurs mesures. Sans cette analyse, il est difficile de juger de la fiabilité des dates obtenues.
  • Impact : L’absence de telles analyses peut entraîner une surestimation de l’exactitude des dates produites par la méthode TL.

Larry A. DeWerd conclut:

« Il faut noter que la conclusion serait, en utilisant ces estimations, qu’un âge de 20 000 ans pourrait en réalité être compris entre 2 900 et 10 000 ans. Cette divergence indique qu’une évaluation honnête de l’incertitude impliquée dans les expériences de datation doit être effectuée, plutôt que de simplement affirmer une date parce que c’est ce que les scientifiques attendent. Toutes les dates déterminées à l’aide de la TL sont généralement inférieures à 10 000 ans. Cependant, cet âge est probablement une surestimation basée sur les incertitudes impliquées.« 

DeWerd souligne que la méthode de thermoluminescence pueut produire des résultats intéressants, mais qu’elle est sujette à de nombreuses incertitudes et hypothèses. Ces incertitudes peuvent considérablement affecter la fiabilité des dates obtenues. Par conséquent, il appelle à une plus grande rigueur dans l’analyse des incertitudes pour mieux estimer l’âge réel des artefacts étudiés.

Un exemple dans une littérature illustre les problèmes possibles sur une poterie qui a été datée à 7500 ans alors que les preuves archéologiques révélaient qu’elle avait 2500 ans7.

Un autre exemple concerne « la femme de Mungo » (dans l’ouest de la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie). La datation au carbone 14 sur l’apatite osseuse a donné un âge de 19 000 ans et sur le collagène 24 700 ans. La datation au carbone 14 sur du charbon de bois voisin a produit un âge allant jusqu’à 26 500 ans.

A la fin des années 90 une énorme publicité avait été faite concernant une affirmation de certains scientifiques australiens selon laquelle, les « méthodes de datation absolue » avaient permis de déterminer qu’un site aborigène datait de 116 000 à 176 000 ans mais des experts indépendants ont revu ces estimations à moins de 20 000 ans, certains suggérant même 5 000 ans. Les méthodes comme la datation au carbone ont également remis en cause des datations plus anciennes (réduisant de 20 000 ans l’âge obtenu par la thermoluminescence)8.

La datation par résonance de spin électronique (ESR)

Les datations par résonance de spin électronique (ESR) sont basées sur les mêmes principes que la thermoluminescence (TL) et la luminescence optiquement stimulée (OSL) . Toutefois le rayonnement stocké dans l’échantillon est mesuré en l’exposant à un rayonnement gamma et en mesurant le rayonnement émis.

La technique de mesure ne détruit pas le rayonnement stocké (contrairement à TL et OSL), de sorte que la mesure peut être répétée sur le même échantillon. La date calculée est basée sur les mêmes hypothèses et affectée par les mêmes incertitudes que pour la thermoluminescence et la luminescence optiquement stimulée.

L’article cité au chapitre précédent « The First Australians: the debate continues » de Peter Brown (2000) a étudié les questions entourant l’origine des premiers Australiens, avec un focus sur le squelette de Lake Mungo 3 (LM3), découvert en 1974910. Initialement daté entre 28 000 et 32 000 ans, des méthodes modernes comme la résonance de spin électronique (ESR) et la luminescence optiquement stimulée (OSL) ont révisé l’âge à 62 000 ans. Cependant des experts ont remis en question ces résultats, soulignant des incohérences dans les méthodes de datation utilisées et suggérant un âge plus récent.

La scientifique Bowler a refusé d’accepter les nouvelles dates élevés (62 000 ans) car cela causait des problèmes dans l’histoire évolutive, en Australie mais aussi dans le monde. Dans sa protestation auprès du Journal of Human Evolution, il a déclaré :

« Pour que cette datation complexe basée sur des données de laboratoire soit réussie, les données doivent être compatibles avec les preuves externes sur le terrain. »

En d’autres termes, on n’accepte pas une date de laboratoire sans se poser de questions. Ce n’est pas le résultat définitif de l’âge d’un objet et on n’accepte la date que si elle correspond à ce que l’on attend.

D’une certaine manière les créationnistes pensent la même chose. La chronologie biblique est solide, son timing ancré dans l’histoire. Il s’agit « d’actes de naissances » fiables que des méthodes si imparfaites ne sont pas en mesure de contredire. Quand on débat sur les origines, la méthode privilégiée est la méthode historique car la science agit sur le présent et doit faire appel à des hypothèses si elle explore le passé.

Conclusion sur la date des fossiles de Djebel Irhoud

Compte tenu des hypothèses discutables et des incertitudes réelles sur les méthodes de datation de la thermoluminescence (TL) et de la résonance de spin électronique (ESR), les créationnistes, avec une pléthore de preuves concernant la jeune terre et la jeune humanité, conservent un modèle bien placé pour expliquer l’histoire de l’univers, de la terre et de l’humanité dans un cadre de moins de 10 000 ans. Les fossiles humains de Djebel Irhoud sont probablement des descendants de Noé post-Babel lorsque l’humanité a été éclatée en plusieurs groupes et que ces derniers se sont répandus à travers le monde.


Références:

  1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Djebel_Irhoud.
  2. Devièse, T. et al. 2019. Compound-specific radiocarbon dating and mitochondrial DNA analysis of the Pleistocene hominin from Salkhit Mongolia. Nature Communications. 10: 274.
  3. Thorne, A. G. and P. G. Macumber. 1972. Discoveries of Late Pleistocene Man at Kow Swamp, Australia. Nature. 238: 316-319.
  4. Il a obtenu sa licence et sa maîtrise en physique à l’Université du Missouri-Columbia et son doctorat en physique nucléaire à l’Université d’Indiana-Bloomington, où il a travaillé au Cyclotron Facility de l’Université d’Indiana. Il a ensuite travaillé au Laboratoire national de Los Alamos avant d’occuper un poste de physicien des rayonnements au Laboratoire national de l’accélérateur Fermi, où il a dirigé et supervisé un laboratoire d’analyse radiochimique de 1988 à 2011. Il est un chercheur publié avec 73 publications, dont 18 dans des revues à comité de lecture.
  5. Cupps, Vernon R. (2019). Rethinking Radiometric Dating: Evidence for a Young Earth from a Nuclear Physicist, pg 100-101.
  6. La supralinéarité est un phénomène observé dans certaines méthodes de mesure, y compris dans la thermoluminescence (TL), où la réponse d’un matériau à une dose de radiation ne suit pas une relation linéaire. En termes simples, cela signifie que lorsque la dose de radiation augmente, la quantité de lumière émise (la réponse TL) augmente plus rapidement que ce à quoi on s’attendrait dans une relation proportionnelle.
  7. Thermoluminescent dating of the Late Bronze and Early Iron Age pottery on sites in Kłyżów and Jarosław (SE Poland), grave 125, pg 119.
  8. Brown, P., The first Australians: the debate continues, Australasian Science 21(4):28–31, 2000.
  9. Bowler, J.M. and Magee, J.W., Redating Australia’s oldest human remains: a sceptic’s view, J. Hum. Evol. 38:719–726, 2000.
  10. Brown, P., The first Australians: the debate continues, Australasian Science 21(4):28–31, 2000.

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