Le combat de David contre Goliath a-t-il vraiment eu lieu?
Le premier livre de Samuel dans l’Ancien Testament nous raconte qu’un berger nommé David a vaincu le grand et puissant guerrier philistin Goliath à l’aide d’une fronde. Cette histoire est très connue dans l’église et même en dehors mais s’agit-il d’un véritable récit historique? David a-t-il vaincu Goliath? Le combat a-t-il eu lieu?
Nous croyons que le combat de David et Goliath est véridique car la Bible le rapporte en des termes historiques et non symboliques mais comme il s’agit de l’histoire étonnante d’un jeune garçon utilisant une fronde et une pierre pour tuer un grand guerrier, nous sommes naturellement interpellés. David a-t-il vraiment pu vaincre un guerrier puissant de cette manière? La scène décrit dans 1 Samuel 17 est-elle réaliste ? Pouvons-nous faire appel à l’histoire et à l’archéologie pour soutenir l’enregistrement biblique?
Le combat de David contre Goliath est historique, il est rapporté comme tel dans la Bible et les détails du récit militent en faveur d’une scène réaliste, en phase avec l’époque. L’historicité de David a été démontrée et plein de synchronismes confirment les évènements de l’Ancien Testament.
Nous avions dans un autre article étudié l’historicité de David et nous allons dans cet article-ci se concentrer sur le combat singulier entre David et Goliath.
L’arme que David a utilisée pour tuer Goliath
L’archéologie est particulièrement utile dans le domaine militaire, car elle déterre souvent des armes, des frondes notamment, ainsi que des munitions (pierre, plomb…). Qu’est-ce qu’était une fronde au temps de David ? Ce n’était pas un bâton en Y avec un élastique comme celui que nous avons utilisé dans notre enfance ni l’un de ceux que des garnements utilisent dans les dessins animés. Une fronde était une poche tissée avec deux cordes à chaque bout.
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On a découvert une fronde découverte à Lahun, en Égypte, datée de ca. 800 avant JC.
Il n’y avait pas besoin d’étendre quoique ce soit, on utilisait la force centrifuge en faisant tournoyer la fronde sur le côté du corps ou au-dessus de la tête, un peu comme un lasso et en relâchant l’une des deux cordes pour lancer la pierre ou la boule de plomb. Cette arme pouvait être utilisée dans un contexte militaire, agricole (pour contrôler les animaux) comme David, pour la chasse ou le sport.
Le matériau pour la fronde était la laine, ce qui pourrait nous évoquer l’origine fermière de David. On faisait les frondes à partir d’un matériau pliable et organique, comme la laine, le lin, les poils etc…
Les munitions utilisées les plus classiques étaient certainement des pierres naturelles. Au plus rond était la pierre, au plus droit était la direction de la pierre une fois lancée. Les gens arrondissaient donc les pierres mais ils utilisaient aussi l’argile et le plomb. La taille des munitions a varié de grosse à petite au fil du temps et sa forme est devenue comme une amande (comme un ballon de rugby, une forme optimale pour lancer quelque chose).
Munition, distance et précision de la fronde
Dans le récit de David, nous lisons « Il prit son bâton en main et choisit, dans le torrent, cinq cailloux bien lisses qu’il mit dans le sac de berger qui lui servait de besace et, sa fronde à la main, il s’avança vers le Philistin« (1 Sam 17:40). Nous trouvons effectivement ces cailloux naturels arrondis dans la vallée du Chêne (d’Elah) où David a combattu Goliath.
Au temps des romains, à l’époque du Nouveau Testament, il est difficile de retrouver des munitions et il semblerait que cela soit dû au fait qu’ils se soient remis à utiliser des cailloux de rivières. Il était en effet plus simple d’aller les chercher plutôt que de les fabriquer. La scène de David dans 1 Samuel 17:40 semble être tout à fait logique, sachant qu’il était expérimenté de par son background de berger à utiliser des frondes.
Selon le Dr Boyd Seevers, un lanceur expérimenté pouvait lancer une pierre jusqu’à plus de 300 mètres et atteindre un groupe de soldat. Il était possible d’atteindre une personne à environ 160 mètres de distance. Les chasseurs en Arabie pouvaient atteindre un degré de précision très élevé entre 22 et 36 mètres de distance et percuter un petit objet1.
Dans le livre des juges nous lisons « Dans cette troupe, il y avait sept « centaines » de soldats d’élite gauchers, tous capables de toucher un cheveu, sans le manquer, avec une pierre de leur fronde« (Juges 20:16). Cette déclaration est peut-être exagérée mais elle révèle bien qu’il y avait un haut degré de précision possible. C’est pourquoi David à une distance de quelques dizaines de mètre a très bien pu viser le front de Goliath.
Le texte biblique décrit Goliath comme un guerrier puissant et expérimenté, que David n’aurait pas pu vaincre, mais cette supériorité physique était annulée par la distance entre les deux combattants.
La fronde à travers l’histoire et sa puissance destructrice
Quand on pense aux affrontements militaires antiques, on pense naturellement aux arcs et aux flèches mais les frondes étaient également utilisées de manière commune. Un frondeur pouvait lancer une munition d’une distance plus éloignée qu’un archer et être plus précis. Cela nécessitait toutefois plus d’entraînement.
Frondeurs assyriens représentés au siège de Lakish, 701 av.J-C (2 Rois 18 ; 2 Chr 32). Photo d’ABR (Associates for Biblical Research).
Bas-relief du palais sud-ouest de Ninive, sur la prise de Lakish. Scène représentant le début de l’assaut des murailles de la ville : des unités de frondeurs et d’archers tirent en direction de la ville assiégée. Auteur Zunkir.
La fronde était une arme efficace et peu chère à fabriquer. Tout le monde pouvait en avoir une. Cette arme était un peu méprisée. Les recrues militaires étaient souvent des bergers et ils étaient compétents pour les utiliser mais ils n’étaient pas de grands guerriers puissants et imposants avec des superbes armes et armures.
Chez les grecs la façon la plus honorable de combattre était « un contre un ». Les deux avaient armures et armes. Ce berger nommé David avec sa fronde bon marché et commune était exactement le type méprisé par les guerriers de métier. Le mépris de Goliath se comprend donc en contexte « Celui-ci, précédé de son porte-bouclier, s’avança vers David. Il l’examina et, lorsqu’il vit devant lui un jeune homme roux et de belle figure, il le regarda avec mépris et lui lança : Est-ce que tu me prends pour un chien pour venir contre moi avec un bâton ?« (1 Sam 17:41-43).
La vitesse du projectile dépend de la compétence et de la longueur de la fronde mais même une personne sans grande compétence peut lancer un petit projectile (pierre, argile, plomb..) à l’aide d’une fronde à 160 km/h. La force générée est suffisante pour briser un os et tuer une personne.
Nous observons cela dans l’histoire avec les conquistadors espagnols quand ils sont partis conquérir le Nouveau Monde2 et que nombre de leurs chevaux ont été tués par des frondeurs lanceurs de pierres. Les conquistadors eux-mêmes ont eu des jambes brisées à cause de ces pierres.
Le réalisme de la scène entre David et Goliath
Le récit biblique offre un réalisme saisissant quand il dit « David plongea la main dans son sac, en tira un caillou, et le lança avec sa fronde : il atteignit le Philistin en plein front. La pierre pénétra dans son crâne et il s’écroula, la face contre terre« (1 Sam 17:49). Peu importe la force et l’endurance de Goliath et peu importante la puissance de son armure si son front n’était pas protégé, il lui était impossible de résister à la force pénétrante d’une pierre lancée à plus de 100 km/h par un berger expérimenté comme David.
L’historien romain Livy dit « Les frondeurs achéens étaient les meilleurs et blessaient non seulement la tête de leurs ennemis, mais toute partie du visage qu’ils pouvaient viser« 3. On approche donc mieux comment David a pu réussir du premier coup à tuer Goliath.
Le récit biblique de David, bien qu’il appartienne à une époque révolue, est ancré dans un réalisme qui soutient son historicité. Il ne s’agit pas d’un récit irréaliste mais d’un récit en parfaite phase avec son époque. Nous avons là un véritable berger qui avait les compétences et la possibilité de faire ce qui est écrit.
Goliath aurait certainement gagné si David s’était présenté avec une armure et une arme de courte portée mais David n’a pas cherché à l’affronter dans cette configuration perdue d’avance. Il a utilisé sa compétence de berger et a donné une leçon quant au fait que les armes, les armures etc… ne sauvent personne du jugement divin, pas plus que les puissants murs de Babylone n’ont pu par la suite protéger le royaume le plus glorieux de l’histoire.
Quelle était la taille de Goliath?
La taille de Goliath selon le texte massorétique (1 Sam 17:4) a fait douter plus d’un croyant et a offert une occasion pour les sceptiques de dénoter un aspect légendaire dans le récit. En effet dans nos bibles actuelles basées sur le texte massorétique, la taille de Goliath est de 6 coudées et un empan (soit près de 3 mètres).
Il ne s’agit pas ici d’être dogmatique, nous savons qu’il y a des erreurs de copie dans le texte massorétique et que l’ancienne version grecque vient souvent le corriger.
En ce qui concerne la taille de Goliath, la version grecque et les Manuscrits de la Mer Morte corrigent le texte biblique massorétique car ils indiquent que Goliath mesurait 4 coudées et un empan ou spithame (c’est à dire moins de 2 mètres)4. Cette taille est bien plus réaliste que les 3 mètres présents dans le texte massorétique.
Notons que la version grecque (LXX) et les Manuscrits de la Mer Morte sont tous plus anciens que la version massorétique et sont donc très crédibles pour corriger certaines erreurs du texte massorétique.
David a-t-il tué Goliath ou est-ce quelqu’un d’autre?
Nous trouvons une contradiction concernant celui qui a tué Goliath dans l’Ancien Testament. 1 Samuel 17 décrit clairement le combat entre David et Goliath mais dans 2 Samuel 21:19 on lit que c’est Elhanân qui a tué Goliath « Lors d’un autre combat contre les Philistins à Gob, Elhanân, fils de Yaaré-Oreguim de Bethléhem, tua Goliath de Gath« .
La contradiction est résolue en lisant 1 Chr 20:5 « Lors d’un autre combat contre les Philistins, Elhanân, fils de Yaïr, tua Lahmi le frère de Goliath, de Gath« .
Il semblerait que Yaïr et Yaaré Oreguim soient la même personne. Les experts ont noté que la difficulté a peut-être commencé lorsque « oreguim », le mot hébreu traduit par «tisser» dans ce passage, a fini par être placé sur la mauvaise ligne par un copiste5. Par conséquent, Yaïr, combiné avec oreguim, est devenu Yaaré Oreguim afin de l’adapter à la grammaire hébraïque appropriée.
Aussi, un copiste a visiblement confondu Lahmi le frère de avec Bethléhemite. En fait, «le frère de» et le nom «Lahmi» ont probablement été combinés par un copiste pour former ce qui est traduit en français par «Bethléhemite» dans 2 Samuel 21:19. Ceci a causé la difficulté quand le passage a été mis en parallèle avec 1 Chroniques 20: 5.
David a tué Goliath selon la longue description d’1 Samuel 17 et Elhanân a tué le frère de Goliath selon 1 Chr 20:5. Le passage de 2 Samuel 21:19 comporte une très ancienne erreur de copie. Comme souvent la variété des textes bibliques permet de faire un travail de critique textuelle et de reconstruction de l’original.
L’importance de David pour la cohérence biblique
La figure biblique, David, est très importante dans la Bible, aussi bien historiquement que théologiquement, c’est en effet le 2ème personnage biblique le plus mentionné derrière Jésus et devant Moïse6. Jésus est d’ailleurs le descendant de David, lequel est le fondateur d’une dynastie éternelle. C’est dans le dernier chapitre de la Bible et dans l’un des derniers versets que nous trouvons la dernière mention de David, où son importance est encore soulignée de par son lien avec Jésus « Je suis le rejeton de la racine de David » (Apocalypse 22:16).
La Bible considère bien évidemment David comme historique et l’archéologie soutient cela (lire cet article au sujet de l’historicité de David).
Sans David, il n’y aura pas eu ce combat déterminant contre Goliath, il n’y aurait pas eu son fils Salomon qui a construit le temple, il n’y aurait pas eu de Jérusalem capitale d’Israël, il n’y aurait pas eu la promesse du Messie. Retirer David de l’histoire est donc très nuisible à la cohérence biblique et c’est pourquoi défendre son historicité est indispensable.
Cette tâche a été en grande partie accomplie par l’archéologie, voyons la citation élogieuse du Dr en archéologie, directeur des fouilles d’Abr, Scott Tripling:
Après 150 ans d’archéologie en Israël, des centaines de synchronismes (liens) entre le matériel culturel et le texte biblique ont été établis. A ce stade, il faut plus de foi pour croire que la Bible n’est pas fiable et véridique que de croire qu’elle est7.
Références :
- Taking Down Goliath: Digging for Truth Episode 126.
- https://encounterperublog.wordpress.com/2013/03/22/inca-army-weapons-of-choice/.
- Livy (59 av.J-C – 17 ap.J-C), historien romain, histoire 38.39.
- Goliath – Wikipédia.
- Qui a tué Goliath ? sur Apologetics press.
- https://questcequelaverite.com/la-bible-en-statistiques/.
- https://www.instagram.com/whatliesbeneath101/.
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