FIABILITÉ ET PRÉSERVATION DE LA BIBLE
La Fin de l’Evangile de Marc (16:9-20) est-elle authentique ?
Il y a une difficulté majeure dans Marc 16, des manuscrits grecs anciens et de qualité (Codex Vaticanus et Codex Sinaiticus) s’arrêtent à Marc 16:8 alors que d’autres incluent les versets 9-20, mais avec des notations marginales indiquant qu’ils sont douteux ou absents dans certaines copies. Le style et le vocabulaire des versets 9-20 sont différents du reste de l’Évangile selon Marc, ce qui fait penser à de nombreux spécialistes du Nouveau Testament qu’ils pourraient avoir été ajoutés par une autre main. De nombreux érudits pensent donc que Marc s’arrêtait initialement au verset 8, et que la « finale longue » a été ajoutée plus tard pour compenser une fin jugée abrupte. Je vais tenter de présenter la problématique et les solutions possibles dans cet article.
Le problème théologique
Certains contenus des versets 9-20 sont uniques et/ou posent problème dans l’esprit des analystes. Les versets 17-18 disent:« Ils saisiront des serpents… ils boiront un poison mortel… ». Ce passage a été utilisé pour justifier certaines pratiques extrêmes dans certaines églises (manipulation de serpents, etc.). Ces signes ne sont pas mentionnés ailleurs dans les évangiles comme promesses générales faites à tous les croyants, ce qui les rend douteux compte tenu du statut disputé des versets 9 à 20.
Les Pères de l’Église
Le témoignage patristique est divisé car Irénée (fin 2e siècle) cite Marc 16:19, ce qui montre que la finale longue existait déjà à son époque. D’un autre côté Clément d’Alexandrie et Origène (3e siècle) semblent ignorer cette finale. Cela montre que le passage a circulé très tôt, mais n’était pas universellement accepté.
Craig Evans a émis des doutes sur le fait qu’Irénée connaissait vraiment Marc 16:19, suggérant une possible interpolation du traducteur latin. Cette hypothèse est contredite par la note marginale en grec dans plusieurs manuscrits (comme GA 1582, GA 72), disant : « Irénée, proche des apôtres, cite ce passage dans le troisième livre de son ouvrage Contre les hérésies comme venant de Marc. » Cette note reflète une tradition grecque affirmant qu’Irénée cite bien Marc 16:19 et pas une version traduite ou modifiée plus tard. L’accusation d’interpolation du traducteur latin semble être infondée au vu des témoins grecs anciens.

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Irénée a écrit vers 180 apr. J.-C., en Gaule (Lyon), donc moins de deux siècles après la rédaction de l’Évangile de Marc. Cela prouve que la finale longue (Marc 16:9-20) était connue et acceptée dans certaines Églises dès le 2e siècle, bien avant les grands manuscrits grecs (4e siècle). C’est un des arguments majeurs des partisans de l’authenticité ou au moins de l’ancienneté ecclésiale de ce passage.
Daniel B. Wallace (expert en critique textuelle et grec biblique, évangélique)
Wallace est très clair. Il affirme que Marc 16:9-20 ne fait probablement pas partie du texte original de l’Évangile de Marc et souligne que les deux plus anciens manuscrits complets (Codex Sinaiticus et Codex Vaticanus) s’arrêtent à Marc 16:8. Wallace note que le style, le vocabulaire et la structure grammaticale des versets 9-20 diffèrent sensiblement du reste de Marc. Pour lui, la finale longue semble être un ajout plus tardif pour fournir une conclusion « plus acceptable » que celle qui se termine sur la peur et le silence des femmes (v.8).
Craig A. Evans (spécialiste du Jésus historique, évangélique modéré)
Evans rejoint Wallace en déclarant que les preuves internes et externes plaident fortement contre l’authenticité de Marc 16:9-20. Il met l’accent sur le fait que le témoin ancien et large des manuscrits, ainsi que le style rédactionnel, pointent vers une interpolation ultérieure. Il pense que Marc voulait terminer intentionnellement à 16:8, soulignant la surprise et la peur initiales, avec une fin ouverte qui invite le lecteur à répondre.
Bart D. Ehrman (critique textuel, agnostique, ancien évangélique)
Ehrman est encore plus affirmatif en déclarant que Marc 16:9-20 est une interpolation tardive, clairement non originale. Il souligne que le style, la grammaire et le contenu des versets ne correspondent pas à Marc. Il va plus loin en disant que cette finale a été ajoutée pour corriger une fin problématique, car les lecteurs trouvaient la fin au verset 8 trop abrupte, voire troublante. Il l’utilise souvent comme exemple-clé pour illustrer comment des textes bibliques ont été modifiés au fil du temps par des scribes bien intentionnés.
Autres érudits importants
Bruce Metzger (ancien mentor d’Ehrman, figure majeure de la critique textuelle) confirme que les versets 9-20 ne faisaient pas partie du texte original et qu’ils sont absents des meilleurs et plus anciens manuscrits.
James R. Edwards (commentateur évangélique) défend la possibilité que Marc ait intentionnellement terminé à 16:8, pour forcer une réaction du lecteur.
N.T. Wright (théologien anglican) reconnaît les doutes textuels, mais souligne que même si la fin n’est pas originale, elle témoigne de la foi de l’Église primitive dans la résurrection.
Sans les versets 9 à 20, que reste t-il de Marc 16?
Les femmes (Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques, Salomé) vont au tombeau pour embaumer le corps et trouvent la pierre roulée. Un jeune homme vêtu de blanc (un ange, selon les autres évangiles) leur annonce que Jésus est ressuscité. Il leur dit d’aller dire aux disciples qu’il les précède en Galilée. Les femmes fuient tremblantes et ne disent rien à personne, car elles ont peur. Que pouvons-nous conclure à ce stade?
- Le tombeau est vide.
- L’annonce de la résurrection est faite par un messager céleste : « Il est ressuscité, il n’est pas ici » (v.6).
- Il y a un ordre missionnaire implicite : aller dire aux disciples, aller en Galilée.
- L’élément de peur, de stupeur et de silence est fort.
Sur le plan narratif et théologique, Marc 16:1-8 suffit à affirmer que la résurrection a eu lieu.
Interprétations possibles
De nombreux exégètes (comme James R. Edwards ou R.T. France) pensent que Marc a voulu laisser la fin ouverte, pour provoquer une réaction du lecteur : « Serez-vous de ceux qui fuient en silence ou de ceux qui annoncent ? »
Certains pensent que le manuscrit original a été perdu ou endommagé, et qu’on a tenté de le compléter plus tard. Les différents témoignages indépendants sont là pour s’entraider, se compléter et apporter une image globale. Les autres évangiles (Matthieu, Luc, Jean) offrent des récits plus complets et détaillés sur les apparitions de Jésus ressuscité. Paul (1 Corinthiens 15) insiste sur les témoins oculaires comme preuve de la résurrection.
Sur le plan apologétique, si on ne garde que Marc 16:1-8, cet évangile seul ne suffit pas pour démontrer la résurrection de manière « historique », mais il est complété par la perspective globale. Ainsi la perte éventuelle ou la non existence d’une fin plus « complète » de Marc 16 ne pose aucun problème. D’autres textes bibliques et non bibliques mettent suffisamment en évidence le ministère de Jésus du début à la fin.
Et si Marc 16:9-20 faisait partie de l’original?
Voici une argumentation intéressante de James Snapp Jr. dans A Case for the Longer Ending of Mark (1er juin 2022), où il défend l’authenticité historique, textuelle et ecclésiale de Marc 16:9–20. J’inclus également les contre-réponses de Peter M. Head dans A Case Against the Longer Ending of Mark (14 juin 2022).
Il y a une écrasante majorité des manuscrits (preuve externe). 99,8 % des manuscrits grecs (environ 1 653) contiennent Marc 16:9–20 et seuls trois manuscrits grecs l’omettent (Codex Vaticanus du 4ème siècle, Codex Sinaiticus du 4ème siècle, Minuscule 304 du 12ème siècle probablement tronqué ou endommagé). Ainsi les manuscrits l’incluent presque unanimement, ce qui, selon Snapp, plaide en faveur de son authenticité dans la tradition manuscrite.
Il y a des témoignages patristiques précoces (preuve externe complémentaire):
- Irénée (vers 180) qui cite Marc 16:19 mot pour mot dans « Contre les hérésies III.10.5 ».
- Justin Martyr (vers 160) emploie une formulation qui reprend les thèmes et le vocabulaire de Marc 16:20.
- Tatian (via le Diatessaron, vers 170) inclut Marc 16:9–20, comme l’attestent le Codex Fuldensis et le commentaire d’Éphrem.
- Épître des Apôtres (vers 150) contient des parallèles conceptuels.
Justin Martyr (vers 160 ap. J.-C.) dans première Apologie, §45
« Et si vous lisez ces paroles avec hostilité, vous ne pouvez rien faire de plus que de nous tuer ; ce qui ne nous nuit pas, mais vous nuit à vous-mêmes… [les apôtres] sont allés partout prêcher. »
Le lien avec Marc 16:20:
« Et eux s’en allèrent prêcher partout (ἐξελθόντες ἐκήρυξαν πανταχοῦ), le Seigneur travaillant avec eux… »
L’argumentation est que:
- Justin emploie la même formule verbale que Marc 16:20, bien que l’ordre des mots soit inversé.
- Il fait également allusion au thème de l’hostilité contre les croyants, lié à Marc 16:18 (« s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera point de mal »).
- À son époque, Justin cite les évangiles comme un corpus : il ne donne pas de noms d’évangiles mais utilise les traditions reçues, très probablement à travers une forme primitive d’harmonisation (pré-Diatessaron ?).
Justin ne cite pas explicitement Marc 16:20, mais son langage et ses concepts en sont fortement imprégnés. Il en constitue un témoin indirect mais ancien, vers 160.
Tatien (via le Diatessaron, vers 170 ap. J.-C.)
Qu’est-ce que le Diatessaron ? Une harmonisation des quatre évangiles en un seul récit, créée par Tatien vers 170, en Syrie. Il était très utilisé dans l’Église syrienne jusqu’au 5e siècle. Le texte original grec ou syriaque a été perdu, mais nous avons des témoins en latin (Codex Fuldensis), en arabe, et des commentaires comme celui d’Éphrem le Syrien. Le Codex Fuldensis (546 ap. J.-C.) contient une version harmonisée des évangiles incluant Marc 16:9–20. Il présente les versets à leur place habituelle dans l’harmonie, ce qui montre qu’ils faisaient partie intégrante du corpus utilisé par Tatien.
Dans « Commentaire d’Éphrem le Syrien (~360) » sur le Diatessaron, Éphrem cite explicitement Marc 16:15, preuve que ce verset était inclus dans la version du Diatessaron qu’il commente.
“Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création.” (Mc 16:15)
Le fait que Marc 16:9–20 figure dans une œuvre liturgiquement centrale dès le 2ᵉ siècle dans le christianisme syriaque renforce son ancienneté et son acceptation. Il est très difficile d’imaginer que Tatien, connu pour sa rigueur, aurait intégré une portion « non authentique » sans qu’aucune objection ne subsiste.
Le Diatessaron et ses témoins montrerait que la finale longue était acceptée comme faisant partie des Évangiles au 2e siècle, en Syrie.
Épître des Apôtres (vers 150 ap. J.-C.)
En contexte il s’agit d’une œuvre chrétienne apocryphe du milieu du 2ᵉ siècle, composée vraisemblablement en Égypte, en grec, puis traduite en copte et éthiopien. Elle se présente comme une révélation post-résurrectionnelle de Jésus aux apôtres. Bien qu’elle n’est pas canonique et authentique, elle a des parallèles avec Marc 16:9–20.
Premièrement la résurrection + l’envoi en mission. Jésus envoie les apôtres prêcher le salut dans le monde entier ce qui est un écho de Marc 16:15 : « Allez par tout le monde… »
Deuxièmement les miracles et la protection surnaturelle car l’Épître mentionne des miracles accomplis par les croyants (guérisons, exorcismes…) ce qui est écho de Marc 16:17-18 : signes, guérisons, protection contre serpents/poison.
Le langage de « l’Évangile éternel », du salut universel est en résonance avec la finale longue, notamment le verset 16 : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé… »
Même si le texte ne cite pas Marc nommément, il reflèterait une tradition de la finale longue de Marc. Cela pourrait suggérer que les concepts et expressions de Marc 16:9–20 circulaient largement dès 150 ap. J.-C.
Snapp conclut que l’usage de la finale longue de Marc remonte au 2e siècle, avant les plus anciens manuscrits complets. ll fait aussi l’analyse intéressante des manuscrits où la fin de Marc est manquante:
- Vaticanus s’arrête à 16:8 avec une colonne vide inhabituelle (unique dans tout le NT de ce manuscrit), indiquant que le scribe savait qu’un texte existait après 16:8 mais ne l’a pas copié (sans doute sur instruction ou incertitude).
- Sinaiticus montre que les pages contenant Marc 16 ont été réécrites par un autre copiste. Des anomalies typographiques montrent qu’on a artificiellement étiré le texte pour éviter d’avoir à insérer une suite.
Snapp indique que ces deux manuscrits témoignent indirectement de l’existence de la finale longue, même s’ils ne la copient pas. Concernant les objections internes (style, vocabulaire, cohérence), il dit qu’il est vrai que Marc 16:9–20 contient des mots absents du reste de l’évangile mais plusieurs autres blocs de 12 versets dans Marc ont autant ou plus de vocabulaire unique. Les objections basées sur la réintroduction de Marie-Madeleine, l’absence de Galilée, la discontinuité narrative sont réelles et sérieuses, mais elles sont expliquées par la théorie de Snapp.
Sa théorie est que Marc s’est arrêté involontairement à 16:8 (maladie ? persécution ? mort ?). Ses collègues (collaborateurs ou disciples) ont ensuite ajouté 16:9–20, un texte déjà rédigé par Marc dans un autre contexte (ex. : lecture pascale à Rome). C’est cet ensemble (1:1–16:20) qui a circulé dans l’Église comme l’évangile complet. Snapp compare cela à Jean 21 (ajout rédactionnel final mais accepté comme canonique) et Deutéronome 34 (mort de Moïse racontée sans que Moïse l’ait écrite lui-même).
Ainsi, même si Marc n’a pas terminé personnellement l’évangile, 16:9–20 est un ajout apostolique légitime, ancien et canonique.
Le rejet initial est limité à l’Égypte par des scribes rigoureux (qui voulaient suivre fidèlement les « Mémoires de Pierre », c’est-à-dire Marc). Cela explique pourquoi seuls quelques manuscrits égyptiens manquent 16:9–20, et pourquoi ils ont inséré la « finale courte » comme « bouche-trou » liturgique. Snapp indique que “L’erreur de quelques scribes égyptiens ne doit pas l’emporter sur le jugement général de l’Église.” Marc 16:9–20 doit être considéré comme authentique, ancien et canonique.
Réponse de Peter M. Head
Peter M. Head se montre plus sceptique que Snapp sur Justin Martyr car les similitudes verbales avec Marc 16:20 seraient trop faibles pour affirmer qu’il connaissait ce verset. Pour Tatien et le Diatessaron, les preuves viennent de sources du 4e ou 6e siècle (Codex Fuldensis, commentaire d’Éphrem) et ne seraient donc pas assez proches temporellement de Tatien. Quant à l’Épître des Apôtres, elle contient des parallèles, mais pas de citation claire. Pour Head, ces témoins sont incertains ou ambigus, et ne permettent pas de conclure à une inclusion originelle.
Head développe davantage les problèmes stylistiques et structurels entre Marc 16:1-8 et 9-20. Pour lui, cela suggère une synthèse secondaire, influencée par les autres évangiles et non un style typiquement marcien. Il avance aussi qu’Eusebius affirme que les « exemplaires exacts » s’arrêtent à 16:8. Dans sa lettre à Marinus, il donne deux options:
- Certains évangiles se terminent à 16:8.
- Si on inclut 16:9–20, on peut essayer d’harmoniser.
Head dit aussi que Jérôme a traduit essentiellement la position d’Eusèbe. D’autres témoins (Hésychius de Jérusalem, Sévère d’Antioche) confirment cette tradition que Marc se termine à 16:8. Pour Head, Eusebius ne fait pas qu’exposer une opinion, il affirme une réalité textuelle ancienne.
Head revient également sur les plus anciens manuscrits, le Codex Sinaiticus (4ème siècle.) qui s’arrête à 16:8 avec une fin décorée et un titre de fin. Le Codex Vaticanus (4ème siècle) lui s’arrête à 16:8, avec une colonne vide mais avec fin codicologique claire. Il n’y aurait pas assez de place pour insérer la fin de Marc. Toutefois Snapp déclare1:
« Le Codex Vaticanus présente un espace vide distinct après la fin de Marc 16:8 — le seul espace vide de ce type dans toute la section du Nouveau Testament du manuscrit, et (contrairement à ce qu’affirme Wallace) le seul espace vide qui ne s’explique pas comme un effet naturel des facteurs liés à la fabrication du codex. Les versets 9 à 20 tiennent dans cet espace vide avec une réduction minimale de l’espacement des lettres. »
Head ajoute que des versions anciennes dans d’autres langues montrent que la forme primitive de Marc s’arrêtait à 16:8:
- Latin ancien (Codex Bobiensis)
- Syriaque (Sinaitic Syriac)
- Copte sahidique
- Arménien ancien
- Géorgien ancien
- Araméen chrétien palestinien
Toutes ces versions ont d’abord circulé avec Marc se terminant à 16:8, puis ont intégré plus tardivement les autres finales. Snapp, selon Head, invente un scénario spéculatif (scribes égyptiens rigoureux coupant une finale existante), sans preuve directe.
Au final
En résumé, selon Snapp, Marc 16:9–20 est un complément ancien, il a peut-être été ajouté par des collègues de Marc. Il est authentique, digne de foi, et a été accepté par l’Église comme canonique. Selon Head, Marc 16:9–20 est une composition liturgique ou théologique ultérieure, non écrite par Marc. Il ne fait pas partie de l’Écriture inspirée mais peut être respecté comme un témoignage ancien. Comme indiqué plus haut, nous ne dépendons pas de Marc 16:9-20 pour les apparitions de Jésus post-résurrection, ainsi, bien que le débat soit intéressant, il n’est pas décisif. Bien des scénarios pourraient expliquer l’origine de la fin de l’évangile de Marc. En attendant de connaître la vérité, nous devrions rester ouvert et confiant dans la Parole de Dieu.

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