GÉOLOGIE

la crÉation

DÉLUGE DE NOÉ

Les Origines du Créationnisme (par un créationniste)

Le créationnisme est une doctrine biblique soutenu par des groupes de chrétiens qui pensent que le monde a été créé par Dieu en l’espace de 6 jours littéraux et que celui-ci a été inondé à l’époque de Noé. Cette interprétation littérale du livre de la Genèse est en continuité avec l’interprétation des exégètes durant l’histoire judéo-chrétienne mais elle est opposée aux tentatives de réinterprétation qui ont émanées au 19ème siècle alors que la géologie vieille-terre et l’évolution prenaient le pas dans les esprits et poussaient les théologiens à revoir leur copie.

L’idée couramment répandue est qu’il s’agirait d’une doctrine « récente » qui trouverait son origine au 19ème siècle. Il est également avancé que la théorie est pseudo scientifique et qu’elle défendrait l’idée du fixisme, que les animaux et les plantes ne changent pas.

Comme un article avait été proposé sur les origines de l’évolution, il m’a paru pertinent de refaire la même chose pour le créationnisme, afin que nous puissions en comprendre ses tenants et sa nature.

Le livre d’Henry M. Moris et de John C. Whitcomb

Le livre déclencheur du courant créationniste tel qu’on le connait aujourd’hui est « The Genesis Flood »1 des deux auteurs cités en sous-titre. Avant cette époque le créationnisme et la géologie étaient davantage rattachés au récit de la création de Genèse 1. Moris et Whitcomb ont intégré le déluge et ses implications, lui donnant un rôle essentiel dans l’explication des caractéristiques géologiques et fossilifères de la planète.

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Ce livre publié en 1961 explique à lui seul la flambée du créationnisme à travers le monde dans les années 60. C’est lui qui inspirera une nouvelle génération de créationnistes formés en géologie, paléontologie, biologie et dans les autres disciplines liés au sujet. Pour comprendre son impact nous devons présenter le contexte historique et en revenir aux origines des idées qui sous-tendent le créationnisme.

Henry M. Moris lors d’une recherche en bibliothèque en 1943 tombe sur le livre d’un autre géologue créationniste du nom de George McCready Price (1870-1963). Ce dernier était un membre de l’église adventiste et il était l’une des voix créationnistes isolée de la première moitié du 20ème siècle. Son livre, the new geology book, a eu un impact énorme sur Moris qui a abandonné les tentatives d’harmoniser la Bible avec l’idée d’une vieille terre. C’est alors qu’il a adopté la création terre-jeune et l’idée du déluge de Noé comme explication de la géologie de la terre.

En 1953 il visite le campus du « grace theological seminary » dans l’Indiana, il s’y rend pour faire une présentation dans le cadre d’une réunion de l’American Scientific Association qui est une organisation pour les chrétiens et les sciences, la thèse qu’il présenta s’intitulait : Preuve biblique pour une création récente et un déluge universel.

A cette présentation il y avait le jeune savant de l’ancien testament, John Whitcomb, il était aussi un maître de conférences à cette époque. Whitcomb a été grandement inspiré par Henry Moris et il consacra ensuite les quatre années suivantes à sa thèse de doctorat sur le déluge de la Genèse, qu’il a achevée en 1957.

Les deux deviennent amis et décident de collaborer pour travailler ensemble, essentiellement pour le livre qui deviendra « The Genesis Flood ». La dissertation de Whitcomb est la base du livre publié en 1961. Ils ont également coopté d’autres académiciens, des savants bibliques et d’autres experts pour relire leur manuscrit. En février 1961 « The Genesis Flood » est publié. Il en aujourd’hui à sa 50ème édition. Il y a des circonstances historiques qui expliquent son succès.

La théorie neo-darwinienne et le protestantisme américain

En Grande-Bretagne, il a fallu une quinzaine d’années pour que tous les scientifiques informées épousent le darwinisme et la sélection naturelle bien qu’ils n’étaient pas totalement d’accord sur les mécanismes. Un historien a appelé cette période l’éclipse de Darwin, elle a duré de 1875 à 1930. A partir de là il y a l’émergence du développement de la théorie néo-darwinienne (la synthèse moderne) qui finit par convaincre les généticiens et les scientifiques des autres domaines de la biologie.

Dans les années 50, les scientifiques ont écarté les débats et les mésententes sur la sélection naturelle et ont convenu que l’évolution s’était faite par les moyens de synthèse neo-darwinienne. Dans le même temps aux Etats-Unis il y avait l’idée politique de séparer l’église et l’état. Il n’y avait donc plus d’église sponsorisée par l’état. Le protestantisme américain tendait à être très populiste. Il y avait plusieurs courants et plusieurs églises qui se créaient avec des personnalités convaincantes et douées à attirer les foules.

Même si le monde académique allait dans le sens de l’évolution (ainsi que des séminaires qui proposaient des théologies chrétiennes évolutionnistes) il y avait quand même cette énorme vague de chrétiens américains protestants qui étaient très sceptiques de l’évolution. Il y avait donc cette étrange dichotomie entre le monde académique, les séminaires libéraux et les chrétiens qui avaient l’état d’esprit de la création terre jeune.

En Europe la résistance était moins grande bien qu’il soit difficile de connaître la position des membres de l’église dans cette première moitié du premier siècle. Ils étaient probablement plus ouverts à l’évolution et aux théologies libérales même s’il y avait des auteurs chrétiens sceptiques du darwinisme.

William Jennings Bryan

William Jennings Bryan (1860-1925) était un politicien et fondamentaliste chrétien, secrétaire d’état et ferme pacifiste. Il voulait empêcher ce qui a ensuite été la première guerre mondiale. Quand les Etats-Unis ont été entraînés dans la première guerre, Bryan était désillusionné et bouleversé. Il fut frappé par la façon dont les allemands de l’époque approchaîent cette idée de « la survie du plus fort » et de « la sélection naturelle ».

Il a commencé à penser que la racine du mal de la guerre en Europe était l’évolution, que cette guerre s’était déclenchée parce que des gens pensaient être meilleurs que d’autres et qu’on pouvait les amener à l’extinction. C’est ce qu’on qualifie aujourd’hui de darwinisme social. Les gens essayaient d’appliquer la survie du plus fort ou la sélection naturelle à des situations sociales. Personne ne pense encore aujourd’hui que cela est une bonne idée mais cela a été un choc pour Bryan. C’est pourquoi il a commencé une sorte de croisade contre l’évolution.

Dans les années 20, il lutta pour que l’éducation des enfants comprenne la création et non l’évolution qui avait mené à une telle guerre. A l’époque l’éducation était largement contrôlée au niveau de la communauté locale, fondée et financée par les local counties. Les états ont commencé à passer des lois pour proscrire l’évolution.

Dans l’état du Tennessee, ils ont passé une loi appelée le Butler Act, qui indiquait qu’il serait illégal dans toutes les écoles parrainées par l’état du Tennessee d’enseigner des théories qui contredisent l’origine des humains comme décrite dans la Bible. Il n’avait rien à faire de l’évolution des animaux ou des plantes, ne se concentrant que sur les humains.

Dès que cette loi fut signée « the american liberties unions » qui était à l’époque une nouvelle organisation, a commencé à faire de la publicité dans les journaux du Tennessee pour trouver un volontaire souhaitant enfreindre la loi pour qu’ils puissent aller au tribunal, annuler la loi et la déclarer inconstitutionnelle en vertu de la liberté des professeurs à enseigner ce qu’ils doivent enseigner. Cela a mené au Scopes Monkey Trial.

William Jennings Bryan est venu en ville pour aider à poursuivre un jeune homme nommé John Scopes qui avait accepté de prendre ce rôle. Il y avait aussi le célèbre avocat Clarence Darrow pour le défendre. Ce fut un sacré procès en 1925.

Scopes a finalement été retenu coupable et il n’a jamais vraiment été clair s’il a vraiment été coupable parce qu’il était seulement un enseignement remplaçant. Mais ce qui a découlé de cette histoire, la campagne contre l’évolution et la fureur autour du procès a mené les éditeurs de livres à faire attention à ce qu’ils publiaient. Il s’agissait de ne pas mécontenter les gens, le but étant de pouvoir vendre leurs livres. Ils ont alors arrêter de parler précisément de l’évolution dans les manuels bien qu’ils en aient gardé le concept. Ils continuaient de parler de variation, d’héritage et de toutes ces choses qui font partie de l’évolution, sans pour autant l’appeler ainsi, laissant la conclusion aux lecteurs. Les 35 années qui ont suivi ont vu l’éducation en biologie des lycées américains être effectuée avec des livres qui ne mentionnaient pas vraiment l’évolution.

Ce créationnisme politique et assumé n’a jamais été retrouvé de la même manière en Europe. C’est un phénomène américain comme l’illustre l’exemple du dessus. Cela donne l’impression que le création est une aberration américaine. C’est ainsi que la plupart des européens considère cette doctrine. Et cela malgré que l’Angleterre possède la plus vieille organisation créationniste (Creation Science Movement, anciennement The Evolution Protest Movement) qui a commencé en 1932 et qui est toujours active aujourd’hui. Ce n’est donc pas nécessairement un phénomène américain mais c’est ainsi que c’est perçu.

Le come back de l’évolution aux Etats-Unis dans les années 50

Les gros efforts pour bannir l’évolution ont ensuite diminué après ce chaud procès de Scopes, celui-ci paraissant comme l’affaire exagérée d’une petite ville. Les éditeurs de manuels ont ainsi durant quelques décennies été réticents à publier des livres parlant trop clairement de l’évolution.

Dans le même temps la synthèse neo-darwinienne avait fait son chemin dans les années 30, 40 et 50. Vers l’année anniversaire de l’origine des espèces de Darwin (1959), un grand groupe de scientifiques a décidé de célébrer l’anniversaire de la publication du livre de Darwin. Ils ont organisé un grand symposium à l’université de Chicago, appelé « The Darwin Centennial ». Dans ce symposium, le consensus général a émergé parmi les participants que cela faisait trop longtemps que l’évolution dans les salles de classe américaines de biologie était absente, cela était absurde, parce que dans le monde académique, la biologie et la paléontologie et autres, quasiment tout le monde était évolutionniste. Il a donc été décidé qu’il fallait développer une nouvelle génération de manuels avec l’évolution comme thème majeur. C’était en 1959. Dans les années 60, les choses se sont produites comme ils le voulaient.

Les créationnistes au pied du mur

A ce moment là une situation cocasse émergea car les gens des années 40 et 50 n’avaient pas beaucoup appris les choses de l’évolution au lycée, ils étaient créationnistes par nature. Dans les années 60 leurs enfants revenaient à la maison et disaient à leurs parents que personne ne croyait en la création, que la biologie n’avait aucun sens sans l’évolution. Cela a été un choc culturel.

Ainsi quand le livre « The Genesis Flood » est apparu sur la scène, ce n’était pas juste un livre aléatoire parmi tant d’autres et à n’importe quel moment de l’histoire, ce livre est arrivé au tout début de cette époque marquée par un bouleversement culturel qui provenait de l’éducation américaine. Ce livre est donc devenu un point de ralliement. Il proposait ce modèle de ce qu’était l’histoire de la terre. Pour tous ces parents, pasteurs et chrétiens qui entendaient toutes ces choses de l’évolution de la part de leurs enfants, le livre de Moris et Whitcomb était le refuge salvateur qui leur permettait de dire non à la théorie darwinienne.

Les chrétiens créationnistes voient sans nul doute la providence divine dans ce livre, puisque la résistance américaine est venue de là et qu’elle s’est ensuite propagée à d’autres pays. Tout ce background historique permet de mieux comprendre l’impact du livre « The Genesis Flood ».

Il y a eu des précurseurs, le livre de Moris et Whitcomb n’est pas sorti de nulle part, il y avait eu d’autres livres enseignant des choses similaires mais c’est « The Genesis Flood » qui a eu de l’impact et a été le catalyseur, en raison du contexte d’après le centenaire de l’origine des espèces. Il a permis la résurrection du créationnisme terre jeune à cette époque.

La lutte politique entre les évolutionnistes et les créationnistes

Après il y eut encore des procès comme Epperson VS Arkansas qui a renversé la loi anti évolution en Arkansas. Au Tennessee la loi a été abrogée.

Au début des années 80 il y avait des gens qui essayaient d’avoir un traitement équitable du créationnisme par rapport à l’évolution dans les salles de classes. Cela était motivé par le livre de Moris et Whitcomb mais ces cas ont été rejetés. Il est ainsi compréhensible que le créationnisme soit une considéré comme une lutte de pouvoir sur ce qui est enseigné dans les salles de classes. En ne recevant pas les arguments créationnistes, les gens deviennent naturellement évolutionnistes.

Ainsi « The Genesis Flood » est arrivé au bon moment mais aussi avec les bons arguments et un modèle convaincant.

Les précurseurs du créationnisme

Il y avait eu des précurseurs comme McCready Price et il est intéressant de regarder l’histoire de manière plus générale. Il est souvent affirmé que le créationnisme et la géologie diluvienne soient des innovations du 20ème siècle, comme si tout avait commencé en 1961. Cela est très loin de la réalité. Ce n’étaient pas de nouvelles idées. On en voit les stades embryonnaires dans les écrits des pères de l’église dans les siècles qui ont immédiatement suivi l’essor du christianisme. Des gens comme Tertullien (160-240 ap. J-C) qui parlaient des fossiles dans les montagnes comme preuve que la terre avait été recouverte d’eau. Il n’indique pas clairement qu’il pense au déluge, mais il l’avait probablement à l’esprit.

Il y a eu aussi Procope de Gaza (465-528) qui parlait de coquillages et d’autres fragments trouvés dans les montagnes et il indiquait que cela témoignait du déluge lorsque la terre avait été inondée. Les idées du créationnismes étaient déjà présentes à cette époque bien qu’encore non formulée comme aujourd’hui.

A l’époque de la réforme il devient clair en lisant des personnes comme Calvin et Luther qu’ils prenaient le déluge au sérieux en le considérant comme un événement à échelle mondiale. Luther désignait les fossiles de poissons et d’autres animaux comme preuve des créatures qui étaient mortes durant le déluge. Il se réfère également à la configuration présente des continents, montagnes et des océans comme étant le résultat du déluge. Il percevait clairement le déluge comme un événement transformateur de la terre.

De l’époque de la réforme aux siècles où la science moderne émerge dans le monde chrétien avec des personnalités chrétiennes et sans doute créationnistes de par leur idées, nous avons des naturalistes au 17ème siècle, juste un peu avant l’époque de la science moderne, il y a ces esprits universels qui s’intéressent à toutes sortes de choses en termes d’idées, de philosophie, de biologie, géologie, chimie et autres. Deux noms ressortent en particulier comme Thomas Burnet (1635-1715) et John Woodward (1665 – 1728). Ils écrivent aux alentours du début du 18ème siècle et fin du 17ème siècle. Ils pensent que la terre a été formée par les événements catastrophiques du déluge.

La mise sur le côté progressif de la Bible

John Woodward interprétait les fossiles comme les restes des créatures qui avaient été emportés par les eaux du déluge. Ces idées étaient bien présentes à cette époque des premiers scientifiques modernes. Mais ensuite les années passant, la Bible est de plus en plus mise de côté et des personnes disent qu’on devrait étudier la nature indépendamment, qu’on ne devrait pas l’étudier à travers les lunettes bibliques. Bien que cela n’était la motivation de ces gens à l’origine cela a créé l’ouverture pour les lumières et l’avènement de la science naturaliste.

Cela a commencé avec le protestantisme qui a provoqué des conflits religieux. Il y avait aussi des bouleversements politiques avec les parlementaires et les royalistes en Angleterre. La Royal Society s’est rassemblée pour explorer cette nouvelle idée de la philosophie naturaliste, qu’on peut apprendre des choses sur le monde autour de nous avec des observations. Cela semble bizarre mais c’était en quelque sorte une innovation de réfléchir comme ça.

Avant cela si on voulait apprendre quelque chose en anatomie ou en astronomie par exemple il fallait consulter les anciennes autorités sur le sujet qui avaient appris ce qu’il fallait apprendre. Cette notion qu’on pouvait aller sur le terrain et observer des choses par soi-même était présomptueuse et arrogante.

Le grand débat à propos du cosmos, du géocentrisme et de l’héliocentrisme est devenu un catalyseur qui à amener à changer la façon dont la science devait être pratiquée. Dans ce climat conflictuel la société royale a décidé d’arrêter de parler de religion ou de politique et de favoriser les démonstrations (c-à-d des observations et expériences).

D’un côté cela semblait logique pour permettre aux uns et aux autres de s’entendre et d’éviter les conflits. Mais cela a pris le sens qu’il fallait laisser la Bible de côté et ne pas être influencée par elle. Au cours du 17ème cette idée a pris racine que la Bible ne devait pas corriger ce que l’on pensait parce que la science était de l’observation, de la déduction, il s’agit de faits. S’il parait que la Bible soit en désaccord alors c’est la Bible qui parle symboliquement.

Bien évidemment à l’époque, comme encore aujourd’hui d’ailleurs, on ne fait pas encore la distinction entre la science historique et la science d’observation. Le débat sur les origines est davantage un débat historique qu’un débat scientifique car aussi bien la création que l’évolution ne peuvent être testés en laboratoire. La source la plus fiable concernant l’histoire est bien sûr la documentation historique. C’est pourquoi utiliser un document historique est tout à fait pertinent quand on cherche à comprendre le passé, il peut nous donner un contexte à ce que l’on voit et qu’on ne saurait comprendre autrement.

Il y a donc eu Thomas Burnet, Nicolas Steno (1638-1686) et d’autres géologues, qui étaient hautement religieux, ils réfléchissaient à leur discipline avec une vision biblique. Mais alors que le temps passait il y avait de plus en plus de gens qui affirmaient que la Bible ne nous disait rien au niveau scientifique car ce n’est pas un livre de science. Cela a pavé la voie pour ceux qui ont ensuite indiqué que la terre était très vieille, des personnes comme le français Georges Cuvier (1769-1832) qui argumentait qu’il y avait eu d’innombrables catastrophes et pas seulement celui du déluge, qui avaient emporté beaucoup de créatures appartenant à des ères distinctes.

Le début des théologies libérales

Il y avait ces scientifiques qui proposaient des idées bibliques pour lire la Bible d’une autre manière, permettant une vieille terre. C’est ainsi que la théorie du décalage de temps ou la théorie du jour âge ont vu le jour. Cela a donné l’impression que tout le monde était d’accord, la science avait donné la vérité et la Bible avait réussi à s’adapter.

Le point culminant fut l’origine des espèces de Darwin où une histoire des origines complètement différente de la Bible a été proposée, les êtres-humains ne seraient pas spéciaux ou à l’image de Dieu mais seulement un cousin du chimpanzé ou du singe.

La montée de la théologie vieille-terre

En géologie nous avons James Hutton en 1795 avec son livre « la théorie de la terre ». On peut voir son déisme et sa philosophie indiquant que des processus normaux qu’on peut observer aujourd’hui se sont toujours produits de la même manière dans le passé. Il n’y a pas de vestiges du passé ou de perspective de fin. Cette idée de l’uniformitarisme est ensuite récupérée et popularisée par Charles Lyell qui lui-même influencera de manière déterminante Darwin.

Quand on atteint la moitié du 19ème siècle il y a la publication de l’origine des espèces et de manière intéressante il y a à cette époque, une résistance envers ces théories en géologie. Cela a été le fait de ceux qu’on appelle aujourd’hui les géologues scripturaires ou mosaïques. Ils écrivent des livres, des articles, des pamphlets et ils défendent la genèse comme un récit historique fiable. Ils croient que le déluge de Noé a été une catastrophe mondiale, ils défient l’idée des longues périodes géologiques mais ils ne sont pas encore en harmonie sur ce qui s’est vraiment passé à la place des longs âges géologiques. Il y avait beaucoup de diversités entre eux sur les idées, quelles parties du registre géologique a été produit par le déluge, quelles sont celles qui le précèdent ou le succèdent, comment expliquer les particularités du registre fossile. Certains d’entre eux deviendront même des partisans de la théorie du jour âge.

Le créationnisme dans sa période sombre

Il y a beaucoup de choses dans les idées des géologues mosaïques du 19ème siècle qui est en résonnance avec les créationnistes du siècle suivant et d’aujourd’hui. Mais ces personnes n’auront hélas aucun impact, ils sont marginalisés et très mal perçus. Cette situation perdurera jusqu’au début du 20ème siècle, au moment où George McCready Price (1870-1963) arrive sur la scène. Ce dernier fera renaître le créationnisme dans la première moitié du premier siècle.

Il était un géologue « fauteuil » et non de terrain mais il a ressuscité en quelque sorte cette idée de la géologie du déluge et il a été très prolifique en écrivant beaucoup de livres, devenant le champion créationniste de la première moitié du 20ème siècle. C’est cela que récupère ensuite Henry M. Moris en 1943. Cependant McCready Price n’a pas été le seul. Il avait un élève nommé Harold W Clarke. Ce dernier a également publié plusieurs livres aux alentours de la moitié du 20ème siècle sur la géologie diluvienne.

Lui et McCready se sont finalement confrontés avec des visions différentes. En fait Harold Clarke était davantage un géologue de terrain et il eut notamment un désaccord profond sur la réalité de la colonne géologique et de la séquence des fossiles que McCready Price remettaient en question. Il a écrit le livre « The New Diluvialism » en 1946. Il est en fait à l’origine de l’idée selon laquelle la séquence de fossiles serait expliquée en termes de répartition écologique des organismes dans le monde d’avant le déluge (des biomes ont été emportés en séquence, de la mer vers les terres). L’idée du zonage écologique vient de ce livre de 1946. C’est l’une des clés du puzzle quand on regarde le développement de ces idées dans le créationnisme qui a suivi.

Il y a également un autre géologue appartenant à ce groupe solitaire peu connu de ces années là, Cliffort Burdick (1894, 1992) qui était un géologue consultant. Il était également un champion de la géologie diluvienne. Il a par exemple écrit « Canyon of Canyons » dans les années 70. Il s’agit d’un livre sur le Grand Canyon avec une interprétation créationniste.

Un autre nom plus familier est Byron C. Nelson (1893-1972) qui a écrit « The Deluge Story in Stone ». Le livre a été publié en 1931 par une maison d’édition luthérienne. Il était un luthérien. C’est un des traités précoces sur la géologie diluvienne. En 1951 un autre luthérien, Alfred Rehwinkel, a écrit un livre « The Flood in the light of the Bible , geology and archeology ». En le lisant on peut voir beaucoup d’idées qui par la suite seront rendues populaires par « The Genesis Flood » de Moris et Whitcomb.

Tous ces précurseurs n’ont pas eu d’impact malgré de très bons arguments. C’est le livre de Moris et Whitcomb qui percera et popularisera les idées de la géologie du déluge. Ce dernier est venu dans un timing parfait au début des années 60 pour répondre à l’embrasement de l’évolution dans les écoles américaines. Il sera le catalyseur d’un renouveau mondial du créationnisme terre jeune dans la deuxième moitié du 20ème siècle.

Le Déluge de Noé en argument principal

Le Déluge mondial est le cœur du livre de Moris et Whitcomb. Cet événement est souvent absent dans la littérature de l’évolutionnisme théiste alors qu’il est crucial et est une pièce essentielle du créationnisme terre-jeune.

Ce livre pivot, traduit en plusieurs langues, a généré plusieurs ministères créationnistes comme ICR et Creation Research Society et inspiré une nouvelle génération de personnes formées en biologie, géologie, paléontologie etc… Moris et Duane Gish ont également participé à des centaines de débats dans des universités séculières aux Etats-Unis et à l’étranger.

Ce livre a paru comme la bonne réponse aux challenges présentés par l’évolution. Dans le même temps il a également réduit l’influence des théories relativistes comme la théorie du décalage et d’autres comme l’hypothèse structurelle qui ont pour but de réinterpréter la Genèse de manière plus symbolique.

De quand date le créationnisme au final ?

À titre personnel je considère que croire en le premier verset de la Bible « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. » fait de moi automatiquement un créationniste et je pense qu’il en est logiquement ainsi de toutes les personnes qui croient, d’une manière ou d’une autre, que Dieu a créé le monde. L’origine du créationnisme remonte donc, à mon sens, aussi loin que la rédaction originel du pentateuque mais pour ainsi dire elle remonte au temps du premier croyant en YHWH.

Quid du fixisme ?

Les modèles créationnistes ne défendent pas il me semble de fixisme. Les créatures varient dans une certaine mesure grâce à la richesse de leur code génétique et à leur système épigénétique. Cela correspond au mandat de peuplement ordonné par Dieu au commencement. Investir différentes niches environnementales demandait des capacités d’adaptations. Ces changements ou adaptations ont peu de choses à voir avec la théorie de l’évolution qui part du microbe au microbiologiste. Voici un article à ce sujet:

  1. The Genesis Flood.

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