FIABILITÉ ET PRÉSERVATION DE LA BIBLE

NOUVEAU TESTAMENT

Que penser des apocryphes du Nouveau Testament? Devraient-ils être pris en compte?

Les apocryphes de l’époque néo-testamentaire obtiennent non sans raison un franc succès auprès des sceptiques du christianisme. Ces ouvrages sont souvent brandis pour attaquer l’autorité du Nouveau Testament. Que valent réellement ces apocryphes ? Les chrétiens devraient-ils considérer ces ouvrages apocryphes ? Peuvent-ils nous enseigner quelque chose ?

On peut entendre lors d’une discussion sur Jésus à Noël ou plus tôt dans l’année que la véritable histoire de Jésus a été cachée et qu’il faut lire les apocryphes pour la découvrir. Il n’y aurait eu aucun accord durant les premiers siècles de notre ère quant aux livres canoniques et des milliers d’écrits auraient circulé ensemble jusqu’à l’époque de Constantin où l’église aurait sélectionné les écrits à retenir et ceux à rejeter.

Les gens aiment les histoires secrètes ou cachées ainsi que les théories du complot. Les médias, bien aidés par le fort niveau de sécularisation de la société et des intellectuels, fournissent donc les bonnes histoires pour satisfaire les envies des uns et des autres et donner des arguments contre la chrétienté. Mais il y a une série de faits disponible pour ceux qui s’intéressent à la vérité.

Pourquoi donc y-a-t-il 27 livres dans le Nouveau Testament (NT) et pas plus ou moins? Pourquoi certains livres y sont et d’autres non?

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Les apocryphes ne sont pas au niveau des écrits inspirés du Nouveau Testament, ils pèchent par leurs rédactions tardives, par leurs fausses attributions aux apôtres, leur non-apostolicité, le fait qu’il n’était pas inclus dans les premiers corpus et le fait que leurs enseignements ne portent pas le sceau naturel d’inspiration divine des écrits canoniques.

Les dates de rédaction des écrits du Nouveau Testament

La première raison concerne les dates de rédaction. Si on s’intéresse à ce qu’était le christianisme à ses débuts, il faut aller voir ses écrits les plus anciens. Les 4 évangiles sont tous du premier siècle alors que les apocryphes viennent durant les siècles suivants (2ème, 3ème, 4ème).

Il peut y avoir débat sur la date de rédaction de certains livres du Nouveau Testament (2 Pierre, les épîtres pastorales), mais il est reconnu quasi unanimement que les apocryphes sont très tardifs.

Les écrits du NT ont été réalisés durant la vie des témoins oculaires et ils sont déjà attaqués, que dire alors des apocryphes des 2ème et 3ème siècle, écrits lorsqu’il n’y avait plus de témoins oculaires ou de témoignage de première main ?

Les fausses attributions des apocryphes aux apôtres

De plus on sait que ces apocryphes sont des faux car ils prétendent être écrits par quelqu’un d’autre. Plusieurs apocryphes comportent des embellissements et des éléments légendaires, par exemple l’évangile de Pierre rapporte que Jésus est sorti de la tombe comme un géant dont la tête atteignait le ciel et qu’il a été suivi par sa croix qui parlait. Aussi plusieurs de ces apocryphes sont écrits dans le style gnostique qui n’a commencé a existé qu’au 2ème siècle, ce qui donc ne leur permet pas d’être attribué véritablement aux disciples du premier siècle (exemple avec l’évangile de Philippe).

Il est vrai que certains chrétiens primitifs ont utilisé les apocryphes comme contenant du matériel véridique, mais justement les morceaux de littérature apocryphe corrects ne présentent pas une version différente des évangiles et ils ne sont pas en mesure de surpasser l’autorité des livres canoniques.

Le lien apostolique des livres du Nouveau Testament

Un autre point est que les écrits du Nouveau Testament sont intimement connectés aux apôtres, soit ils sont écrits par eux-mêmes ou par leurs compagnons proches. Jésus les avait envoyés prêcher (Marc 3 : 14-15) et il leur avait précisés que c’était le Père qui parlait à travers eux (Matthieu 10 : 20).

Les apôtres avaient l’autorité du Christ. Paul enseigne que l’église était construite sur les fondations des apôtres et des prophètes (Ephésiens 2 : 20).

Il est donc attendu que l’église ait donné aux livres apostoliques une valeur bien plus grande. Les livres considérés apostoliques par l’église étaient ceux qui avaient été lus, copiés et utilisés plus souvent dans l’église chrétienne primitive.

En fait les évangiles portent une marque d’authenticité en le fait que Marc, Matthieu et Luc n’étaient pas des personnages haut en couleur comme Pierre ou Jacques. Les rédacteurs n’ont pas cherché à attribuer des noms autoritaires sur ces évangiles. Par contre on voit avec ces apocryphes une volonté d’utiliser les noms les plus connus des disciples de Jésus afin de leur donner une autorité (Thomas, Pierre, Jean, les douze). En faisant cela les apocryphes démontrent justement l’autorité des apôtres. Cela montre que l’église primitive estimait grandement les apôtres et leurs livres.

Certains académiciens cherchent à débattre de l’écriture apostolique de certains livres, mais l’église primitive était bien mieux placée pour déterminer la paternité et l’origine des livres apostoliques que les académiciens d’aujourd’hui.

Il y avait donc à la base la croyance de l’église primitive dans le fait que les apôtres parlaient de la part du Christ. C’est pourquoi les livres apostoliques ont reçu autant d’attention.

Le corpus précoce du Nouveau Testament

Le corpus de livres du NT n’est pas un développement tardif mais était présent dès les premiers stades du christianisme. On constate cela à l’intérieur du NT même où des auteurs en citent d’autres. On en voit l’exemple dans 2 Pierre 3 : 15-16 où Pierre se réfère aux lettres de Paul comme aux « écritures ». On voit donc que les lettres apostoliques avaient l’autorité des écritures au début du christianisme. Quelques versets plus tôt Pierre avait clairement indiqué que les enseignements des apôtres étaient à égalité avec ceux de l’Ancien Testament lui-même.

En 180 de notre ère Irénée de Lyon atteste de la canonicité des 4 évangiles et indique que seulement ces 4 là étaient reconnus par l’église1.

D’autres contemporains, tels que le fragment de Muratori, Clément d’Alexandrie et Théophile d’Antioche ont affirmé également que les 4 évangiles étaient exclusifs.

On peut aussi noter le Diatessaron de Tatien, une harmonie des 4 évangiles, écrite en 170 de notre ère, qui nous indique que non seulement les 4 évangiles étaient connus et utilisés, mais qu’ils étaient vu comme autoritaire pour être sujet d’une harmonisation.

Justin Martyr en 150 semble également avoir eu en tête les 4 évangiles. Ils se réfèrent aux « évangiles »2 puis laisse entrevoir le nombre d’évangiles quand il décrit les évangiles comme tirés des apôtres et de leurs compagnons (au moins 2 des apôtres et 2 de leurs compagnons).

Cela est confirmé par le fait que Justin cite les trois évangiles synoptiques et semble même citer Jean (Jean 3 :3). Le fait que Justin a été le mentor de Tatien qui a produit l’harmonie des 4 évangiles pourvoit une raison supplémentaire en faveur des 4 évangiles.

Il faut encore parler du fragment de Muratori, qui a été nommé après son découvreur Ludovico Antonio Muratori et qui contient la plus ancienne liste des livres du Nouveau Testament. Alors que le fragment est daté du 7ème ou 8ème siècle il était originellement écrit en grec et date de la fin du 2ème siècle (180 ap.J-C). Certains tentent de la placer au 4ème siècle mais la plupart des chercheurs pensent que les arguments pour cela ne sont pas convaincants et qu’il faut le placer à la fin du 2ème.

Ce fragment liste 22 des 27 livres du NT, incluant les 4 évangiles, les Actes, les 13 épîtres de Paul, Jude, 1 Jean, 2 Jean (possiblement 3 Jean) et Apocalypse. Le noyau central du NT était donc déjà formé à la fin du 2ème siècle. Le fait qu’il y ait eu quelques désaccords à cette époque sur certains livres périphériques ne doit pas nous surprendre. Il a fallu un certain temps pour régler la question du canon. La plupart des débats ont concerné une poignée de livre (3 Jean, 2 Pierre…) alors que la grande majorité était non contestée. Les quelques livres débattus n’ont aucun impact majeur sur la théologie chrétienne et les évènements de la vie de Jésus s’ils devaient être écartés. Il y avait un accord général sur le noyau depuis le début.

Les chrétiens primitifs n’ont-ils pas lu les apocryphes?

Il est vrai que les chrétiens primitifs ont lu toutes sortes de livres et pas seulement ceux du Nouveau Testament mais ce fait qui est utilisé pour critiquer l’intégrité du NT ne mène pas aux conclusions des critiques. Les chrétiens ont rarement cité les apocryphes comme « écritures« . Ils les ont plutôt utilisés comme des écrits utiles ou édifiants un peu à la manière d’aujourd’hui quand on cite le sermon d’un pasteur.

J.A Brooks observe par exemple que Clément d’Alexandrie a cité 16 fois plus les écrits canoniques que les écrits apocryphes ou patristiques3.

Les chrétiens primitifs ont de manière écrasante cité les livres qui ont fini par entrer dans le canon et l’exemple de l’utilisation de l’évangile de Pierre par l’église de Rhossus à la fin du 2ème siècle n’indique pas qu’il ait été utilisé comme « écritures ». Nous utilisons également aujourd’hui des écrits de chrétiens modernes ou du moyen-âge pour soulever certains points et cela n’en fait pas pour autant des écrits canoniques.

Le mythe du Concile de Nicée et de la détermination du canon

Il y a une mauvaise perception qui circule sur internet concernant le Concile de Nicée qui aurait décidé du canon du NT en 325 de notre ère sous l’influence de Constantin. Mais cela est faux. Le Concile de Nicée n’a rien à voir avec la formation du NT, il a plutôt traité le sujet de la divinité de Jésus. Il n’y a en réalité aucun concile qui ait décidé du canon.

Le Nouveau Testament n’a pas été formé à partir d’un vote ou d’un concile, mais par un consensus répandu et ancien et cela est reconnu par des critiques du NT comme Bart Ehrman :

« Le canon du Nouveau Testament a été ratifié par un large consensus plutôt que par une proclamation officielle4. »

Le contenu de qualité « divine » du Nouveau Testament

La canonicité n’a pas uniquement été déduite de l’apostolicité des livres mais de leur valeurs internes. Ces livres s’auto-authentifient car ils sont la Parole de Dieu dont la nature est de convaincre. Ils ne ressemblent pas à des écrits classiques mais portent le sceau divin.

Origène en plusieurs endroits défend la canonicité des livres du NT en ces termes5. Tatien également6, comme Jérome7 ou Clément d’Alexandrie8.

Clément a dit :

« Personne ne sera aussi impressionné par les exhortations d’aucun des saints, comme il l’est par les paroles du Seigneur lui-même ».

En réalité la preuve de la canonicité des livres du Nouveau Testament se trouve à l’intérieur même de ces livres. Il s’agit d’un point de vue spirituel entre ceux qui grandissent et cherchent le Seigneur et ceux qui ne le considèrent pas ou ne le remarquent pas. Bien sûr ce dernier point de vue ne convaincra pas les sceptiques mais cela nous renvoie au bon vieux débat de l’existence de Dieu ou de l’inspiration divine de la Bible dont la conviction est difficile quand on apprendre les choses de manière purement matérialiste.

Les pères de l’église nous montrent que les livres du Nouveau Testament se sont imposés par eux-mêmes et qu’ils ne sont pas dus à une machination des leaders tardifs de l’église.

  1. Haer. 3.11.8.
  2. 1 Apol. 66.3.
  3. Brooks, “Clement of Alexandria,” 48.
  4. Lost Christianities, 231.
  5. Princ. 4.1.6. Comm. Matt. 10.17.Cels. 3.21.Eusebius, Hist. eccl. 6.25.12.
  6. Address to the Greeks, 29.
  7. Prologue to Comm. Phlm.
  8. Protr. 9.

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