AME, ESPRIT, PARADIS, enfer

Réponse à « Que se passe-t-il entre la mort physique et la résurrection ? » de promesse.org

Dans cet article je me permet de critiquer (constructivement et fraternellement) promesses.org pour son article intitulé « Que se passe-t-il entre la mort physique et la résurrection ? » publié par un confrère chrétien Scott McCarty1. Mon objectif est de nourrir ce débat sain qui est de savoir ce que la Bible enseigne au sujet de la mort. C’est indispensable pour pouvoir enseigner des choses correctes aux chrétiens et aux appelés.

Le sujet étant vaste « bibliquement », je me permettrai par moment de renvoyer vers d’autres liens du site pour éviter que cet article ne soit trop long et répète des choses déjà écrites par ailleurs. C’est, en effet, le 17ème article que j’écris sur le sujet.

La nature de l’être humain

Scott McCarty écrit au début de son article:

Rappelons qu’on peut considérer l’être humain, créé par Dieu, comme composé de trois parties : une matérielle — le corps — et deux immatérielles — l’âme et l’esprit (1 Thes 5.23)

Dans un article sur l’âme je développe en longueur le fait qu’elle n’est pas immortelle2, que la doctrine de l’immortalité de l’âme sous-tend l’idée du paradis céleste à la mort du croyant, l’enfer littéral ou/et des endroits intermédiaires avant le jugement dernier. J’explique que l’être-humain ne vit pas comme « âme dématérialisée » mais uniquement dans son corps.

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L’âme consiste en:

  • Le corps + le souffle de vie (ou esprit) selon la formule de Genèse 2:7.
  • Pas d’autres ingrédients ne sont mentionnés (si on s’en tient au texte, qui à mon avis enseigne la même logique de la Genèse à l’Apocalypse).

Voici deux versets traités par promesses.org dans l’article en question:

1 Thessaloniciens 5 : 23

Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé irrépréhensible, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus Christ!

Hébreux 4 : 12

Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles; elle juge les sentiments et les pensées du cœur.

Ces deux passages démontreraient soit une forme de dualisme3 ou de trichotomie4. Cette dernière vue était soutenue par les pères de l’Église grecque et trouve son origine chez Platon. La vision dualiste est le point de vue de la théologie occidentale de langue latine des premiers siècles de l’Église.

Le mot « psyche » traduit par âme dans nos deux textes pourrait également être traduit par « vie« . C’est comme ça qu’on le trouve dans d’autres passages (Matthieu 6:25 par exemple5). Ainsi « la vie » dans ces deux passages est la même chose que dans Genèse 2:7 quand il était question qu’Adam était devenu un être vivant ou une âme vivante. L’âme c’est la vie et inversement.

La note n°1 laissée par McCarty est à mon sens éclairante sur la confusion qui règne:

Le sujet est complexe, car la Bible emploie parfois les mots « âme » et « esprit » pour désigner l’ensemble de la personne ou l’ensemble de sa partie immatérielle. Seuls quelques textes distinguent clairement l’un de l’autre (ex : Héb 4.12).

Il me semble que la Bible est claire sur le sujet. Certes il faut parfois en revenir à l’hébreu ou au grec pour éliminer certaines confusions des traductions mais il faut surtout avoir une vue cohérente de cet enseignement biblique. En fait dans 1 Thessaloniciens 5:23 et Hébreux 4:12, nous retrouvons les mêmes éléments que dans Genèse 2:7: le corps + l’esprit = une âme vivante.

Il ne faut pas voir plus que nécessaire dans ces passages. Il ne faut pas non plus appliquer maladroitement cette formule de la vie de Genèse 2:7 d’une autre manière dans le NT.

Genèse 2 : 7

L’Eternel Dieu façonna l’homme avec de la poussière du sol (1), il lui insuffla dans les narines le souffle de vie (2), et l’homme devint un être vivant (1 + 2 = 3).

Jean 6 : 63

C’est l’esprit qui vivifie (2); la chair ne sert de rien (1). Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie (3).

  1. Le corps est l’assemblage de « poussière »
  2. L’esprit est le souffle de vie qui vivifie le corps formé
  3. Le résultat des deux points précédents est l’âme qui est la vie de l’être humain (ou d’un animal d’ailleurs, ex: Psaumes 74 : 19)

Quand on part avec cette base il n’y a plus aucune ambiguïté tout au long de la Bible.

Le passage d’1 Thessaloniciens 5:23 de l’apôtre Paul est dans la lignée d’un autre enseignement de Jésus:

Matthieu 22:37

….Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.

Il s’agit littéralement d’être « à fond » pour le Seigneur, à 100%, de ne pas être tiède mais chaud, de ne pas servir deux maîtres mais un seul, celui qui est légitime. Le passage de Paul n’amène pas à considérer que l’esprit ou l’âme peuvent fonctionner sans le corps. Ne voit cela que celui qui veut le voir.

L’esprit a pour rôle de « vivifier » le corps, ce n’est pas un composant qui nous appartient ou qui nous représente immatériellement, c’est le souffle de Dieu qui vivifie notre corps (laissant de côté dans cette discussion la nature de Dieu et celle des anges).

La mort physique

McCarty présente 3 points pour étayer « où va l’homme quand il meurt ». De manière intéressante il présente Job 14:10, un passage qui aurait pu/dû démontrer que l’être-humain est conscient après sa mort si c’était le cas. Au contraire quand « l’homme meurt, il reste inanimé », aucune dissociation dualiste ou trichotomiste ici. On est dans la même veine que Genèse 2:7 ou Genèse 3:19 où Dieu disait à Adam qu’il retournerait à la poussière (et nul part ailleurs).

L’argument de la « révélation progressive », qui est utilisé pour indiquer que Genèse, les Psaumes, l’Ecclésiastes, Job voire tout l’ancien testament n’avaient pas encore révélé concrètement ce qu’il se passe après la mort, ne doit pas échapper au fait que Dieu ne va pas contredire dans le présent ou dans le futur une chose qu’il a dite dans le passé. Les choses de Genèse ne peuvent pas tout à coup être différentes ailleurs.

En fait, l’enseignement de ce qu’il se passe après la mort est complet depuis l’enseignement de la Genèse. Ce qui vient après ne fait qu’éclairer les mêmes réalités. Notons que si Adam et Eve n’avaient pas péché ils auraient continuellement vécu dans leur corps sur terre. L’espoir de vivre dans une « dimension dématérialisée » n’est vraiment pas présent dans la Bible. L’espoir chrétien est justement de revenir aux conditions d’éternité qui prévalaient dans le jardin d’Eden, des conditions de vie « physique ».

D’ailleurs l’éternité ne s’obtient pas n’importe comment, elle semble en partie dépendre de l’arbre de vie, présent en Genèse comme dans Apocalypse. Cet arbre de vie est accessible sur la seconde terre selon Apocalypse 22:2.

Quand Dieu dit qu’Adam allait retourner à la poussière, il me parait étrange de comprendre, qu’en fait, seul son corps est allé à la poussière, mais que son âme est allée dans un autre lieu, par exemple au ciel, au paradis, en enfer, au purgatoire, dans le sein d’Abraham ou autre. Cela consiste à rajouter des lignes dans le texte biblique (nous sommes mis en garde de ne pas le faire dans Apocalypse 22:18-19).

Enseigner qu’un texte X ajoute une « révélation progressive », qui indiquerait qu’Adam est parti, par exemple dans le sein d’Abraham, signifierait que le texte X contredit le livre de la Genèse, lequel ne laisse aucune marge de manœuvre sur la destination d’Adam (la poussière).

Les autres versets cités: Job 24:24, Romains 5:12 et 6:23 ne sont pas convaincants pour la vision de l’âme qui se sépare du corps. Là où McCarty parle de mort physique l’apôtre Paul parle tout simplement de mort. Les partisans du dualisme parlent souvent de mort physique ou spirituelle quand le texte ne s’exprime pas de cette manière.

En fait, dans ma compréhension, partagée par quelques églises protestantes et évangéliques, la mort est tout simplement l’état d’inconscience du décédé qui prend fin à la première résurrection pour les rachetés et à la deuxième résurrection pour les non repentis (Ap 20:5).

Ce point de vue n’appartient pas aux adventistes à ou à certaines dénominations protestantes en particulier mais est celui des juifs de l’époque de l’AT et de l’époque de Jésus:

Jean 11 : 23-24

Jésus lui dit: Ton frère ressuscitera. Je sais, lui répondit Marthe, qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.

Notons comment Marthe, comme le voleur sur la croix (Luc 23:42), projette tous ses espoirs au dernier jour, à la seconde venue du Christ. Elle ne semble pas être réconfortée par une situation idyllique que vivrait Lazare dans un « endroit ou état intermédiaire », désespérément absent du récit de Jean 11.

On retrouve cette logique tout au long de l’ancien testament, comme dans un exemple vers la fin de l’AT, quand Dieu dit à Daniel au 6ème siècle avant notre ère:

Daniel 12:13

Et toi, marche vers ta fin; tu te reposeras, et tu seras debout pour ton héritage à la fin des jours.

Selon Dieu, Daniel devait se reposer puis se réveiller à la fin des jours. Pas de « situation intermédiaire » mentionnée, à moins qu’on rajoute ou imposons des préconceptions dans le texte. En restant factuel et pragmatique on comprend que Daniel devait dormir puis se réveiller à la fin des jours. Il est d’ailleurs question dans Daniel 12:2 « de ceux qui dorment dans la poussière de la terre [qui] se réveilleront ».

Concernant Daniel j’ai longuement débattu les premiers versets du chapitre 12 où de nombreux chrétiens voient un enfer réel. En fait il s’agit des deux destins acquis après le jugement dernier. Rien qui puisse étayer un endroit intermédiaire avant la résurrection. Le sujet est détaillé ici.

La mort spirituelle

McCarty propose Genèse 2:17 et Ephésiens 2:1 pour argumenter la mort spirituelle:

Genèse 2 : 17

mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras.

Pourtant quelques versets plus tard on apprend qu’Adam, dans son entièreté, devait retourner à la poussière (genèse 3:196). Le souffle de vie repart à Dieu certes qui l’avait donné, mais le souffle de vie doit vivifier un corps pour qu’une personne soit consciente. La mort en question est totale et pas uniquement spirituelle. Dieu soit loué, le sacrifice expiatoire de Jésus nous permet d’échapper à la condamnation de l’humanité.

Ephésiens 2 : 1

Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés,

Ici le verset parle effectivement de mort spirituelle mais pas dans le sens de la mort réelle de l’âme ou du corps comme Jésus dans Matthieu 10:28 (qui fait allusion à la seconde mort qui est définitive, il est d’ailleurs questions de faire périr entièrement7 corps et âme et non pas de les faire souffrir pour l’éternité).

Notre manière de vivre était mauvaise, nous étions loin de Dieu, condamné à mourir sans espoir de vie éternelle, mais Jésus nous a rendu cet espoir de la vie éternelle, initialement perdu en Eden au commencement.

La seconde mort

Il est ensuite question de « La « seconde mort » [qui] sera la séparation éternelle de l’individu d’avec Dieu ». Là dessus nous sommes d’accord mais tout dépend de quel type de séparation on parle:

  1. Un enfer réel éternel qui brûle des personnes conscientes dans leur corps qui se renouvelle en permanence sous les flammes ?
  2. Ou bien la fin définitive de l’existence, un retour au néant, à la poussière comme Genèse 3:19 ?

On est d’accord que la seconde mort est le destin définitif de ceux qui rejettent Jésus. Celui qui accepte Jésus obtient la vie éternelle (dans son corps, sur la seconde terre que Dieu va créer et où il va planter un nouvel arbre de vie, c’est ce lieu, qui n’existe pas encore et qui est appelé paradis dans Apocalypse 2:78).

L’état intermédiaire

Ici nous attaquons la partie la plus intéressante, la plus sujette à débat car au final entre paradis céleste ou terrestre et enfer réel ou symbolique, il y a deux beaux destins et deux malheureux. En tant que chrétien je suis partant pour n’importe quel paradis proposé par Dieu, céleste ou terrestre et mon conseil à ceux qui n’ont pas accepté Jésus est de le faire immédiatement, pour éviter l’enfer, qu’il soit un lieu réel ou un retour à la poussière définitif.

Maintenant quand on parle d’état intermédiaire ou de purgatoire, cela me pose problème car ces théories sont tirées par les cheveux. McCarty est honnête en reconnaissant que l’expression n’est pas biblique (il semble d’ailleurs rejeter le purgatoire ce qui est intéressant car j’ai débattu d’autres chrétiens qui argumentent ardemment le purgatoire).

Cela n’est pas un problème en soi d’utiliser un terme ou une expression non biblique si elle désigne une réalité biblique. C’est un peu comme quand on parle de Trinité, le terme n’est pas biblique mais semble qualifier la particularité de Dieu (Père, Fils et Saint-Esprit). Le problème survient quand une expression ne correspond pas à un enseignement biblique.

McCarty avance une chose qui est pour moi non biblique. « Les morts en Christ resteraient conscients », à l’inverse de l’image du sommeil de la mort. C’est un peu comme si on disait que Lazare ne dormait pas dans Jean 11.

Attention, les partisans du dualisme ont tendance à dire que l’expression « Lazare dort » est une expression de respect pour ne pas dire crûment qu’il était mort mais cela nécessite de faire l’impasse sur la nature de cette expression dans l’AT9. Voici un exemple:

Jérémie 51 : 39, 57

Quand ils seront échauffés, je les ferai boire, Et je les enivrerai, pour qu’ils se livrent à la gaîté, Puis s’endorment d’un sommeil éternel, et ne se réveillent plus, Dit l’Éternel.

J’enivrerai ses princes et ses sages, Ses gouverneurs, ses chefs et ses guerriers; Ils s’endormiront d’un sommeil éternel, et ne se réveilleront plus, Dit le roi, dont l’Éternel des armées est le nom.

Psaumes 13 : 4

Regarde, réponds-moi, Éternel, mon Dieu! Donne à mes yeux la clarté, Afin que je ne m’endorme pas du sommeil de la mort,

Nous sommes loin ici d’une expression « respectueuse » qui a pour but d’éviter de parler de mort trop directement. Il s’agit d’une comparaison littérale entre la mort et un sommeil profond. Jésus utilise le même langage que dans l’AT, visiblement aucune « révélation progressive » ici.

Si les morts étaient conscients:

  • Pourquoi les écritures parleraient-elles du sommeil de la mort, si en fait les morts sont actifs et conscients ?
  • Pourquoi Paul parlerait de ceux qui dorment dans 1 Thessaloniciens 4:13 si en fait les morts en Christ sont conscients ? Pourquoi Paul n’aurait pas dit quelque chose comme « soyez confiant, nos frères sont heureux au ciel ou dans le sein d’Abraham, ils vivent avec le seigneur, ne soyez pas triste » ? Paul indique que les décédés dorment, sans aucune nuance.
  • Pourquoi Jésus dirait que Lazare dort et qu’il va le réveiller s’il était, en fait, conscient et dans un lieu intermédiaire pendant sa mort ? Comment peut-on dormir du sommeil de la mort et être conscient ?

Dans tous ces passages il n’y a jamais de nuance sur une condition différente de l’esprit ou de l’âme par rapport à celle du corps. Comme le disait le cardinal Ratzinger:

« Vous ne pouvez échapper au fait que la mort est totale : elle vous dévore, ne laissant rien derrière. C’est vrai, le Christ ressuscité nous donne l’espoir que, par la grâce de Dieu, la personne tout entière sera ressuscitée en nouveauté de vie.

Mais l’espérance biblique, exprimée en termes de “résurrection”, présuppose le caractère définitif de la mort.

L’immortalité de l’âme doit être rejetée fermement, comme une idée qui va à l’encontre de la pensée biblique.« 

La résurrection est un réveil, or si les morts étaient conscients, ce ne serait plus un réveil mais un transfert d’une dimension céleste à la dimension terrestre. On ne parlerait pas de résurrection mais d’autre chose.

Jésus disait « Lazare, notre ami, dort » (Jean 11:11). Pourquoi, en tant que chrétien, dirait-on ou comprendrait-on quelque chose comme « Le corps de Lazare, notre ami, dort mais son âme est active« ?

Le modèle dualiste, associé à la résurrection, si un tel modèle peut être perçu comme logique, présente la dynamique inverse de l’enseignement qui parle d’un réveil et de se relever, dans un mouvement de bas vers le haut. En effet « l’âme dans l’endroit intermédiaire » devrait flotter et descendre vers le corps dans le sépulcre dans un mouvement de haut en bas.

La parabole du riche et de Lazare

McCarty doit ensuite composer avec la parole du riche et de Lazare de Luc 16 pour étayer un endroit intermédiaire: le sein d’Abraham10. Cela n’est pas chose aisée car il s’agit d’une parabole. Il ne faut pas s’attacher aux détails, aux images et aux symboles d’une parabole mais à sa morale, comme c’est le cas pour les autres paraboles, celle du début de Luc 16 par exemple (la parabole de l’intendant fidèle précède celle du riche et de Lazare). Je renvoie à cet article pour plus de détails sur l’analyse de Luc 16.

Le sein d’Abraham (expression apparaissant dans un seul passage du NT, dans Luc 16:22 et 23) n’est pas un endroit autre que le royaume de Dieu qui s’installe physiquement au retour du Christ11. En fait ce concept apparait pour la première fois dans l’époque intertestamentaire, la période du second temple, dans le quatrième livre des Maccabées:

4 Maccabées 13 : 17

Après que nous aurons ainsi souffert nous serons reçus par Abraham, Isaac, Jacob et tous les pères nous loueront.

On observe dans le NT que cet espoir d’être réuni avec ces 3 patriarches deviendra réalité dans le royaume de Dieu:

Luc 13 : 28-29

C’est là qu’il y aura des pleurs et d’amers regrets, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, tandis que vous-mêmes vous en serez exclus.

Des hommes viendront de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Midi, et prendront place à table dans le royaume de Dieu.

Il est question ici de la résurrection, de la grande réunion des croyants et du royaume de Dieu au retour du Christ et non pas d’un endroit intermédiaire qui interviendrait avant. On se rappelle d’ailleurs de cette parole de Jésus lors de son dernier repas avec les apôtres pour comprendre le timing des événements:

Matthieu 26 : 29

Je vous le déclare : désormais, je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu’au jour où je boirai le vin nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.

Au retour du Christ nous serons réunis avec les saints de l’AT et Jésus, dans le royaume de Dieu, et nous nous mettrons à table. Pas avant. C’est au retour de Jésus, au dernier jour, que ce royaume éternel s’installe (Ap 11:1512).

Le mot grec « bosom » qui est traduit par « sein » signifie juste avoir la place d’honneur. On voit son utilisation dans:

Jean 1 : 18

Personne n’a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître.

Jean 13 : 23

Un des disciples, celui que Jésus aimait, était couché sur le sein de Jésus.

Le sein d’Abraham n’est pas un lieu à part entière, désignant le paradis ou un « lieu intermédiaire », mais une place précise à côté d’Abraham. Il s’agit d’une expression figurative qui semble avoir été tirée d’une croyance populaire selon laquelle les justes devaient se reposer aux côtés d’Abraham dans le monde à venir, une opinion décrite dans la littérature juive à l’époque du Christ. Le mot kolpos (pour sein) fait littéralement référence au côté ou au giron d’une personne13. Voir la photo ci-contre.

Je préciserai également que le voleur n’a pas pu aller au paradis le jour même de la déclaration de Jésus à la croix car le paradis est la seconde terre qui accueille le nouvel arbre de vie et qui n’existe pas encore (cliquer sur le lien de Luc 23 pour les détails).

De plus Jésus indiquait qu’il devait passer 3 jours dans le shéol (Matthieu 12:4014). Il ne prévoyait pas d’aller au paradis le jour de sa mort (au contraire, il devait aller dans le sein de la terre, de plus après sa résurrection, dans Jean 20:17, il a lui-même dit qu’il n’était pas encore monté vers le Père, confirmant ainsi qu’il était dans le « sein de la terre » et pas au paradis15).

La Bible, AT comme NT, est très homogène dans l’enseignement de ce qu’il se passe après la mort.

Jean 5 : 28

Ne vous étonnez pas de cela; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et en sortiront.

Jésus, parlant ici de la résurrection, considère « tous ceux qui sont dans les sépulcres », il ne semble pas suggérer ou laisser entendre qu’une partie de ces gens (leur âme) soit ailleurs. Ils sont dans les sépulcres et ils en sortiront. C’est un mouvement du bas vers le haut et non du haut vers le bas. Cela n’a pas l’air de ressembler au sein d’Abraham. L’enseignement est limpide.

Conclusion

En défendant l’idée que « l’état intermédiaire » (si on peut l’appeler ainsi) est un sommeil qui perdure jusqu’à la résurrection, je pense être fidèle à Daniel 12:13 et à tous ces versets qui parlent en termes concis et simples de la chose.

Cette notion « d’étape intermédiaire », de « lieu d’attente », de « l’humain qui vivrait comme une entité dématérialisée après sa mort » et les choses du genre sont des bricolages maladroits et des tentatives (souvent inconscientes) d’insérer la « pensée grecque » dualiste ou trichotomiste dans le texte biblique. Ainsi il n’ y aurait qu’un pas à dire que le texte biblique inspiré, soit inspiré de textes païens non inspirés.

Ces idées complexes sur l’âme et sa capacité présupposée à se séparer du corps, ont vu le jour, en effet, dans la littérature grecque en premier, les chrétiens qui soutiennent peu ou prou ce modèle ne peuvent pas dire que les prophètes de l’AT en ont parlé avant, au contraire avec ce concept ad hoc exagéré de « révélation progressive » qui sous-entend que les choses n’étaient pas encore claires dans l’AT, ils confirment que les païens ont été les premiers à proposer le dualisme.

Pour ma part, dès le début de Genèse, l’enseignement est clair comme de l’eau de roche. L’être-humain n’est pas une entité divisible. Soit le souffle divin le vivifie soit il est mort. Notre espoir bien sûr, est la résurrection du dernier jour où nous obtiendrons des corps incorruptibles et où la Parole de Dieu sera intégrée en nous, nous prémunissant de pécher à nouveau.

C’est une situation cocasse pour les partisans de « l’âme dématérialisable et immortelle ». En effet, ce serait donc Platon et consort qui aurait compris les premiers ce qu’il se passe après la mort sans même qu’ils n’aient reçu de révélation divine, sur un tel sujet. Mais non, les auteurs du NT n’ont pas emboîté le pas des philosophes grecs mais celui des prophètes de l’AT, qui ne partageaient, ni n’enseignaient le dualisme.

Ainsi, Scott McCarty, en affirmant que dans la mort, le croyant est « totalement conscient de son environnement là-haut », que « Dans cet état intermédiaire, l’absence de corps limite l’activité du croyant » ou que cette doctrine « est dynamique et rafraîchissante », va directement à l’encontre de versets bibliques comme Ecclésiaste 9 : 5, 1016, Psaumes 115 : 1717 ou encore Esaïe 38 : 18-1918 où il n’y a plus de conscience, de louange ou d’activité dans la mort.

Enfin, je soutiens que l’argument de la majorité est fragile à utiliser pour les chrétiens, c’est à dire pour tous ceux qui voudraient se ranger derrière le fait, qu’une majorité de chrétien, croit en un paradis immédiat à la mort, en un enfer réel ou encore en l’une des variantes qui propose un endroit intermédiaire. L’idée serait d’indiquer que la majorité doit avoir raison19. Mais il y a une chose qu’on note tout au long de la Bible, c’est que la majorité a bien souvent tort.

De nombreux autres versets sur les sujets de l’âme, du paradis, de l’enfer sont traités dans les articles listés ci-dessous. On y parle de Marc 9, Matthieu 25, de l’expression du « feu éternel » etc…

J’invite à un réexamen radical de la doctrine de l’âme, de l’enfer et du paradis, afin de retrouver une vision hébraïque de la chose, celle qui est retrouvée dans les propos de Jésus et de l’apôtre Paul.


Articles sur le sujet


Notes et références

  1. J’ai également reçu les commentaires audios du pasteur Marc André Caron qui a relayé l’article de McCarty suite à mon article publié intitulé: le Croyant va-t-il au ciel quand il décède?
  2. Le mot immortalité vient d’un mot grec signifiant « qui ne meurt pas ou ne peut pas mourir » et d’un autre mot grec signifiant « incorruptibilité ». La Bible indique que seul Dieu est immortel (1 Tim. 1 : 17 ; 6 : 16), tandis qu’elle décrit les chrétiens comme recherchant cette immortalité (Rom. 2 : 7), ils la recevront lors de sa seconde venue (1 Cor. 15 : 53, 54).
  3. Les êtres humains sont constitués d’un corps et d’une âme/esprit.
  4. Les êtres humains seraient constitués d’un corps, d’une âme et d’un esprit.
  5. C’est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement?(Mt6:25).
  6.  C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière.(Gen 3:19).
  7. Le mot grec utilisé apolesai signifie détruire, détruire entièrement.
  8. Le nouvel arbre de vie jouera à priori un rôle dans notre éternité comme c’était le cas dans le jardin d’Eden, c’est le fait de ne plus pouvoir en manger qui a causé à Adam et Eve de mourir.
  9. Job 7:21, 20:11; 21:26. Gen. 47:30; Dt. 31:16; 2 Sam 7:12; 1 Rois. 2:10. Ps. 13:3; 90:5, 76:5. Jer. 51:39, 57. Dan. 12:2.
  10. Une position intéressante et différente des partisans du purgatoire.
  11. Comme prophétisé dans Daniel 2:44.
  12. Le septième ange sonna de la trompette. Et il y eut dans le ciel de fortes voix qui disaient: Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ; et il régnera aux siècles des siècles(Ap 11:15).
  13. Le giron est la partie du corps humain qui se situe entre le niveau de la ceinture et les genoux, chez une personne assise.
  14. Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.
  15. Le mot paradis, qui à la base n’est autre que « enclos de la genèse », désigne par nature un endroit terrestre.
  16. Les vivants, en effet, savent qu’ils mourront; mais les morts ne savent rien, et il n’y a pour eux plus de salaire, puisque leur mémoire est oubliée. Tout ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le; car il n’y a ni oeuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le séjour des morts, où tu vas.
  17. Ce ne sont pas les morts qui célèbrent l’Éternel, Ce n’est aucun de ceux qui descendent dans le lieu du silence;
  18. Ce n’est pas le séjour des morts qui te loue, Ce n’est pas la mort qui te célèbre; Ceux qui sont descendus dans la fosse n’espèrent plus en ta fidélité. Le vivant, le vivant, c’est celui-là qui te loue, Comme moi aujourd’hui; Le père fait connaître à ses enfants ta fidélité.
  19. Si bien sûr on fusionne toutes les variantes en une seule position générale qui croit en l’immortalité de l’âme.

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